Culture & Société
Marc Exavier, un poète farouchement autonome
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- Catégorie : culture & societe
- Publié le mercredi 11 juillet 2012 19:45
Marc Exavier vit loin des effervescences, il n’aime pas se montrer ni être montré. C’est un marcheur. Il arpente à pied ou en transport public les rues de Port-au-Prince et de sa périphérie. Il aime partir en province aussi, particulièrement pour Verrettes, toujours pour des raisons ayant rapport avec la lecture. Marc Exavier est un militant du livre et de la lecture. Il dirige même une association qui s’appelle APOLECT qui fait la promotion de la lecture.
Marc Exavier a publié son premier livre en 1983, Les sept couleurs du sang. Son dernier en 2005 aux Editions des Presses Nationales d’Haiti, « Chansons pour amadouer la mort », suivi de « Le cœur inachevé ». Il ne publie pas beaucoup et pense même qu’un poète ne doit pas beaucoup publier. Il est incontournable dans le corpus poétique haïtien. Qui, s’intéressant réellement à la poésie haïtienne écrite ces dernières années, n’a pas entendu ou lu ce vers magnifique d’Exavier dans Soleil Caillou blessé paru en 1991 aux Editions Mémoire à Port-au-Prince: « Il y a tant de fous et si peu de folie dans le désert du jour »
On se rappelle aussi Numéro effacé paru en 2001 aux Editions Mémoire. Rarement auteur haïtien a été si loin dans l’érotisme et la provocation. L’auteur, dans ce livre, écorche un peu le mythe qui entoure Jacmel en nous apprenant que c’est une ville qui n’a pas de bordel. Une ville sans bordel est peut-être une ville sans âme ou sans intérêt. En tout cas oui, aux yeux de Marc Exavier.
Marc Exavier est professeur à l’Université d’Etat Haïti. Il est chroniqueur culturel à la radio et poète comme on savait l’être autrefois et qu’on devrait l’être aujourd’hui : farouchement autonome, jaloux de sa solitude et totalement visionnaire.
Emmelie Prophète
La patience d’une femme aimée
Est une pluie de rêves
Sur un vent de blessures
Aux échos des ailleurs
S’ouvre l’immensité de l’aube
Des ailes pour oublier
La poussière des deuils
Je sais fragile toute rose
Et toute aurore évanescente
L’amour s’écaille au bout de la semaine
Je m’accroche à l’émoi des mots
Pour ne pas sombrer dans mes songes
Toute flamme est immense
Quand le regard s’éprend
De la courbe du soir
Marc Exavier
Extrait de Chansons pour amadouer la mort
Source: Le Nouvelliste