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Haïti- Politique : Des arrêtés de Martelly menaceraient le patrimoine culturel national

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Le président Joseph Michel Martelly a opté pour des décisions qui menacent le patrimoine culturel haïtien, indique l’ancien ministre de la culture et de la communication, Olsen Jean Julien, dans un document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Par une série d’arrêtés présidentiels, en date du 1er juin 2012, la présidence haïtienne a déclaré le périmètre du Champ-de-Mars patrimoine national au titre de jardin historique, redéfini l’espace du centre ancien de la ville dont une partie devient d’utilité publique.

Ce qui, en même temps, rejette la décision du gouvernement [René Garcia] Préval / [Joseph Jean Max] Bellerive, de déclarer d’utilité publique tout le centre ville de Port-au-Prince.

Par ces arrêtés, le littoral de la capitale haïtienne devient également zone réservée.

Ces arrêtés sont une « façon erronée » de corriger des dispositions du gouvernement antérieur, en rapport à la capitale haïtienne, estime l’ancien ministre de la culture, dans une lettre ouverte datée du 30 août et adressée à Martelly.

Il voit dans la capitale un « élément clé de notre identité collective, un témoin privilégié de notre parcours historique », dans le cadre du processus de reconstruction, après le passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Et les problèmes, que posent ces décrets présidentiels, sont d’intérêt général, avance Olsen Jean Julien.

En déclarant d’utilité publique le centre-ville de Port-au-Prince, le gouvernement de Préval/ Bellerive avait interdit les propriétaires des magasins et d’autres édifices de les démolir et de les reconstruire à leur guise.

Aussi, les nouvelles dispositions de l’administration Martelly/ [Laurent Salvador] Lamothe risquent de contribuer à une disparition accélérée des valeurs multiples, associées à cette partie de la capitale, d’après les propos de Jean Julien.

Cette disposition administrative, qui ne parait pas tenir compte des principes en matière de protection de biens culturels, est considérée comme une violation de la charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques et de la Constitution haïtienne de 1987.

Toute modification de ces patrimoines bâtis ou des villes historiques doit suivre une politique cohérente de développement économique et social, ce sans atteindre l’originalité (physique) de la ville et avec les habitantes et habitants, précise la charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques. l

La protection de ces patrimoines est placée sous le contrôle de l’État, et c’est la loi qui détermine les conditions de protection selon le domaine, indique la Constitution haïtienne, notamment dans ses articles 215 et 216.

Quant à la décision relative à la grande place publique du Champ-de-Mars, elle semble ignorer d’autres facettes de cette place publique, telles les bâtiments, les portées socioéconomiques et politico-religieuses de cet espace, dénonce la lettre de Jean Julien.

Autre préoccupation de Jean Julien, l’utilisation de la firme Haïtian relief organization (Hro/jp) de la star américaine Sean Penn, dans la démolition des ruines du palais présidentiel.

Jean Julien déplore le fait qu’on n’ait pas fait appel à des organismes haïtiens.

La soumission d’un projet de loi au parlement, en vue de la conservation et du développement du centre-ville historique de Port-au-Prince - en tant que capitale nationale intégrant le quartier du Champ-de-Mars et le bicentenaire - la création - dans le cadre de ce projet de loi - d’une commission de sauvegarde du centre historique de Port-au-Prince intégrant l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), sont les principales recommandations faites par Jean Julien pour remédier à la situation.

La commission devra mettre à sa disposition l’expertise nationale et internationale, souhaite l’ancien fonctionnaire d’État.