Economie
Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien (3 de 3)
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Par Leslie Péan, 18 juin 2015 --- Le président Martelly refuse de se faire une raison. Laissant son pays en plein dans une crise multidimensionnelle due essentiellement à son gaspillage des deniers publics, il part en voyage pour la Belgique avec une forte délégation de trente membres[i] composée de ministres, ambassadeurs et conseillers. Violant l’invitation qui spécifiait que les délégations devaient être composées de neuf (9) membres au plus, le président Martelly a été rappelé à l’ordre dès son arrivée à Bruxelles. Aussi a-t-il fait le rondonmon (regimbé) en refusant d’assister à certaines rencontres. Par exemple, il n’a envoyé aucun représentant à la séance de travail planifiée pour attirer des investisseurs européens dans l’île tandis que la délégation en provenance de la République Dominicaine était complète.
Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien (2 de 3)
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Par Leslie Péan, 15 juin 2015 --- Le pillage systématique des deniers publics a également touché le secteur de l’éducation avec le détournement des fonds estimés à 100 millions de dollars l’an, collectés à partir d’une taxe de 5 centimes ($0.05) sur chaque appel téléphonique entrant et 1.50 $US sur chaque transfert monétaire. Dès la première année, 766 fausses écoles[i] ont été créées et financées dans le cadre du prétendu Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire (PSUGO). Ce programme a été totalement improvisé et il n’est pas muni des garde-fous nécessaires. Le Ministère de l’Éducation nationale est souvent dans le rouge et n’arrive pas à payer les écoles participant au PSUGO. En 2015, pour justifier les retards enregistrés au niveau des paiements des écoles participant au PSUGO[ii], le gouvernement pleurniche en prétendant qu’il n’a reçu que 44 millions de dollars des 100 millions qui avaient été prévus. Aucun audit indépendant n’est venu prouver cette assertion.
Après le milliard et plus dilapidé par Lamothe, le de facto K-plim en route pour « debafre » 340 millions de plus du Petro Caribe
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Le fait qu’une bonne partie de la société toute branche confondue refuse de l’appeler par son vrai titre de premier ministre de facto, Evens Paul K-plim se sentant tellement à l’aise se lance lui aussi dans la dilapidation des fonds du Petro Caribe selon ce qu’ a dénoncé le sénateur devenu candidat à la résidence de la république Steven Benoit. Avec une résolution publiée dans le moniteur le premier ministre de facto en complicité avec Michel Martelly qui est à quelque mois de la fin de son mandat vient de débloquer un pactole de 254 millions de dollars sans contrôle du parlement et tout bonnement sans contrôle aucun.
Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien (1 de 3)
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Par Leslie Péan, 12 juin 2015 ---- L'épidémie de choléra qui a éclaté en octobre 2010 en Haïti, l’année du tremblement de terre du 12 janvier, a déjà fait plus de 8 500 morts en quatre ans. Des images montrant le déversement d’eaux usées provenant d’une base de militaires soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) dans une rivière dont l’eau est consommée par la population ont permis de déterminer l’origine de l’épidémie qui a infecté plus de 700 000 personnes. Selon un groupe d'experts de l'ONU, « la source la plus probable d'introduction du choléra en Haïti était une personne infectée par la souche de choléra liée au Népal, qui se trouvait dans un campement de l’ONU à Mirebalais[i] ».
1 333 503 670 Us dollars: La dilapidation des fonds PetroCaribe par le gouvernement Martelly (5 de 5)
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Par Leslie Péan, 15 mars 2015 --- Un parfum de manipulation traverse tout le rapport intitulé « La transformation d’Haïti à travers les grands travaux de reconstruction avec les fonds PetroCaribe ». Un vrai album de photos pour reprendre cette expression du sénateur de l’Ouest Steven Y. Benoit qui, déjà en 2013, dénonçait de graves anomalies dans l’utilisation des fonds du programme PetroCaribe. Le sénateur de l’Ouest avait alors défrayé la chronique par sa critique des manipulations des fonds PetroCaribe. Dans son entendement, « L'objectif de l'équipe Tèt Kale est de gaspiller plus 430 millions de dollars prélevés des fonds de PetroCaribe pour octroyer des contrats de gré à gré. Dans beaucoup de cas, des montants importants sont alloués à des projets qui n'ont aucun rapport avec l'état d'urgence comme les 5 millions de dollars pour la rénovation urbaine de Hinche ou les 12 millions pour le dragage des exutoires de la baie de Port-au-Prince[i]. » En d’autres termes, la gestion des fonds PetroCaribe dissimule une démarche à caractère mafieux.
Depuis 2012, le déficit fiscal annuel dû aux dépenses extravagantes et improductives du gouvernement (voyages incessants à l’étranger, carnavals, célébration d’anniversaire de prise du pouvoir, personnel pléthorique dans les ministères et ambassades) est financé par les fonds PetroCaribe. Il n’y a pas de répartition et d’allocation efficace de ces ressources financières rares. Les priorités sont rarement établies et, quand elles le sont, elles ne sont pas respectées, car la gouvernance ne respecte pas la loi de finances. Au fait, il s’agit d’un projet de loi car le budget n’est pas voté par le parlement. L’État de droit est remplacé par l’État sauvage avec la neutralisation des effets bénéfiques que les fonds PetroCaribe auraient pu avoir sur l’économie.
À ce propos, les deux leviers de commande sont les divertissements et la corruption dans les dépenses publiques. Des fêtes sont organisées à tout bout de champ au cours desquelles le gouvernement puise dans la caisse publique pour payer tous les frais (nourriture, boisson, musique, transport, cadeaux, etc.). « Le cap est mis sur la fête, remarque le journaliste Roberson Alphonse. L’état d’urgence qu’a souhaité décréter Wilson Laleau à cause, entre autres, de la raréfaction des fonds PetroCaribe et d’autres ressources, est tranquillement éjecté de l’actualité même si, dans la réalité, des ressources manquent au Trésor public[ii]. » L’adage chinois veut que « le poisson pourrit par la tête ». L’effet Bautista s’est révélé contagieux avec « en trois ans: six carnavals pompeux pour donner du plaisir au peuple, mais également pour satisfaire les caprices du prince...

Des dépenses somptueuses pour l'anniversaire du chef de l'état. Des investissements publics improductifs, un programme social, sans doute nécessaire, mais très couteux... Il fallait s'y attendre[iii]. »
Les fonds PetroCaribe sont utilisés comme une vraie caisse noire en attente des situations d’exception pour violer la Constitution, pour passer outre le Parlement qui seul peut déclarer l’état d’urgence, et pour distribuer des enveloppes garnies sous forme de contrat de gré à gré ! Il n’y a aucun calcul économique dans les données présentées par le gouvernement. Aucune information ne transpire sur la production des valeurs en dollars qui résulterait éventuellement de l’augmentation de la production générée par les investissements financés avec les fonds PetroCaribe. Or justement il faudrait avoir les résultats détaillés de ces calculs pour démontrer la performance du projet et la bonne utilisation de ces fonds. Autrement, la présentation est nulle et inadmissible.
On s’explique que les musiques carnavalesques les plus populaires regorgent d’anecdotes sur les déboires et infractions qui s’accumulent dans la gestion des fonds PetroCaribe ainsi que les tribulations d’Haïti sous le joug des bandi légal déguisés en hommes d’État. Ces roitelets ont confisqué tous les pouvoirs afin de se faire de l’argent et vice versa. Ils ne mettront pas longtemps pour se rendre compte qu’ils se sont grandement trompés. En effet, ils vont bientôt savoir « Ce que l’argent ne saurait acheter »[iv], comme le démontre avec brio Michael J. Sandel, ce philosophe américain de l’université Harvard.
Les bailleurs de fonds avaient exprimé leur réserve sur l’utilisation cavalière des fonds PetroCaribe et avaient déclaré : « Pour ce qui est des fonds PetroCaribe, du fait qu’ils sont sous le contrôle du pouvoir central et que toutes les transactions sont inscrites dans les comptes budgétaires, les projets PetroCaribe ne sont pas systématiquement intégrés dans le Plan d’investissements publics du gouvernement, et leur comptabilité n’est pas totalement transparente, d’autant que leur répartition en dépenses courantes et dépenses d’investissement est confuse. En outre, le système actuel omet une part importante des flux financiers affectés aux fonctions traditionnelles de l’État qui sont directement financées par des bailleurs de fonds. Cette absence de système fiable de suivi et de reddition de comptes empêche de suivre les résultats globaux des investissements, d’améliorer les taux d’exécution budgétaire et la programmation des investissements futurs[v]. »
Une gigantesque mystification
Le tableau 2 indique le gaspillage de plus d’un milliard de dollars par le gouvernement Martelly dans son utilisation scandaleuse des fonds PetroCaribe. Pour être précis, il s’agit d’un gaspillage de 1 333 503 670 dollars. Ce montant est même supérieur au 1 205 962 328 correspondant aux sept résolutions finançant les 234 projets présentés dans le rapport. La raison de cette différence de 128 millions de dollars vient du fait que le Trésor public et la banque centrale ont aussi participé au financement de la bamboche des pillards. Sous des apparences de rigueur, le rapport du gouvernement Martelly fait des simplifications irréalistes et fallacieuses et constitue une gigantesque mystification.
Les fonds PetroCaribe destinés à des projets d’investissement pour augmenter la croissance et le développement sont déviés vers des projets sociaux sans aucune rentabilité ou encore vers la subvention des pertes de la compagnie EDH[vi] à hauteur de 200 millions de dollars par an. 550 millions de dollars provenant des fonds PetroCaribe ont été ainsi gaspillés pendant trois ans. Il y a souvent double emploi. Par exemple, comment expliquer que la mise en place de la plateforme du logiciel pour le programme PSUGO soit financé à partir des fonds PetroCaribe alors que le financement pour le PSUGO est assuré par les fonds collectés à travers les appels téléphoniques provenant de l’étranger et la taxation des transferts ? Des pratiques abusives qui ont produit plus de mal que de bien. C’est le carnaval de la corruption rose des fonds PetroCaribe. Haïti est couverte de dettes. Le pays est plumé et vidé.
Stop et retour en arrière. Le cas des projets de logements sociaux est aussi déconcertant. Dans le cas du projet au Morne-à -Cabris, « plusieurs centaines de déplacés occupant encore les espaces publics et privés ne souhaitent pas habiter cette zone malgré leurs conditions de vie difficiles[vii]. » Les logements construits sont considérés comme « de petites cages ou des tombes »[viii]. Les résultats escomptés sont contraires au but convoité qui était d’aider les victimes du tremblement de terre et de donner une bonne impression. La mauvaise gestion a fait qu’en janvier 2015, « les maisons neuves sont à l’abandon »[ix]. Pathétique ! Aussi troublant est le constat à la page 167 dudit rapport que le bureau d’études qui a réalisé ce document ainsi que les autorités concernées n’ont pas réalisé que l’écriture de la ville de « Verrettes» n’était pas exacte. Ça ne fait pas très sérieux d’écrire « Verret » ! Pas question de se cacher derrière le créole qui, de toute façon, écrit « Vèrèt ». C’est le moindre service qu’on puisse rendre aux habitants de l’Artibonite que d’écrire le nom de leur ville correctement.
Il est aussi navrant de constater l’esprit de servilité et l’ignorance des individus qui n’ont pas manqué de saluer positivement ledit rapport. On peut comprendre les consciences qui ne peuvent résister à l’emprise des miettes qui leur sont tombés dans la bouche. Ou encore la crainte d’autres qui craignent pour leur vie avec une bande d’assassins qui sèment la terreur pour caporaliser et lumpeniser tout le monde. Toutefois, ce mélange de cynisme et de veulerie n’augure rien de bon pour la société haïtienne. À côté des individualités aux capacités personnelles déficientes, il y a une approche concertée de malveillance. Ce ne sont pas de simples abus solitaires mais des maux structurels. Nous avons fourni des preuves évidentes de la dilapidation des fonds PetroCaribe. Tout en sachant que la possession de l’information ne change pas nécessairement les attitudes et comportements, nous estimons que le reste est de la responsabilité du peuple haïtien.
Depuis sa prise du pouvoir, Martelly a démontré qu’il est lui-même un agent de la subversion contre son gouvernement. Pourtant, il été plusieurs fois averti, notamment par son propre cousin Richard Morse qui s’est démarqué de son pouvoir corrompu. Heureusement que ce dernier n’a pas eu le sort du mulâtre Delpêche, aide-de-camp de l’Empereur. Annonçant à Dessalines le 16 octobre le soulèvement contre lui démarré par le Noir Messerou, juge à Port-Salut, Delpêche fut qualifié de traître par l’Empereur et assassiné le même jour à Saint-Marc[x].
Aujourd’hui, Martelly veut organiser des élections tèt chat afin de s’assurer de la victoire d’un candidat qui garantit son impunité. Le CEP qu’il a mis en place a déjà montré la couleur en déclarant que les résultats des élections présidentielles ne seront proclamés que huit jours après la clôture du scrutin au premier tour et dix jours après pour le deuxième tour. Un délai de dix jours est aussi imposé pour la proclamation des résultats des législatives et sénatoriales. Le temps de faire toute les magouilles nécessaires pour garder intacte la machine qui produit les bandi legal. Il s’agira de déclarer vainqueurs un candidat à la présidence et des parlementaires capables de brouiller les pistes pour empêcher de comprendre les combines réalisées avec les fonds PetroCaribe. Mais personne n’est dupe. Tous les citoyens qui refusent d’accepter de vivre dans un sous-monde et de baigner dans la fange ont un haut-le-coeur devant ce calendrier électoral. La subtilité de la mise en scène des cyniques aventuriers du gouvernement Martelly qui ont orchestré le gaspillage des fonds PetroCaribe ne saurait séduire quiconque. Le peuple haïtien ne restera pas éternellement à genoux et saura se relever un jour.
Leslie Pean
Economiste - Historien
[i] Radio Télévision Caraïbes, Urgences juteuses sans contrôle parlementaire, 30 avril 2013.
[ii] Roberson Alphonse, « La cigale Martelly », Le Nouvelliste, 27 février 2015.
[iii] Haïti Press Network (HPN), « L’État n’a plus un sou en caisse », 12 avril 2014.
[iv] Michael J. Sandel, Ce que l'argent ne saurait acheter - Les limites morales du marché, Paris, Seuil, 2014,
[v] Don à l’appui de la politique de développement en faveur de la reconstruction et de la croissance économique, Banque mondiale, 26 juin 2013, p. 22.
[vi] Inter-American Development Bank, HAITI, Institutional Transformation and Modernization Program of the Energy Sector – II (HA-L1073), june 6, 2012, p. 6; Lire aussi Haiti Public Expenditure Management and Financial Accountability Review, World Bank, 2008, p. 10. Lire enfin Léontes Dorzilmé, Electricity of Haiti: The Case of a Failed Finance and Budgeting Management, Walden University, August 2014; Leslie Péan, « L’État contre le citoyen dans le domaine énergétique en Haïti (1 de 3) », AlterPresse, 5 février 2015
[vii] H.M., « Les constructions au Morne-à -Cabris : des logements pu des abris ? », Le Nouvelliste, 9 janvier 2013
[viii] « Haïti-Séisme-3 ans : Les camps restent encore les plus effroyables témoins du drame », AlterPresse, 11 janvier 2013
[ix] Emmanuelle Latraverse, « Reconstruction en Haïti: des maisons toutes neuves à l’abandon », Radio Canada, 9 janvier 2015, http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2015/01/galerie_zoranje/index.html, 2015.
[x] Thomas Madiou, Histoire d’Haïti, Tome 3, imprimerie Deschamps, Port-au-Prince, 1989, p. 401-402. Lire aussi Beaubrun Ardouin, Études sur l’histoire d’Haïti, Tome sixième, Paris, 1956, p. 72.
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Vérités très bonnes à rappeler sur la dette de l’indépendance
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Par Leslie Péan, 5 juin 2015 --- Depuis la récente visite de mai 2015 du président français François Hollande en Haïti et sa surprenante déclaration concernant la dette de l’indépendance, devenue par la suite une « dette morale », ce sujet fait de fortes vagues. La dette originale, devenue la double dette à cause de l’emprunt contracté par le gouvernement haïtien pour payer la première échéance, a causé d’immenses torts à la société haïtienne. Elle a contribué à façonner la politique économique haïtienne et à semer les graines d’une gigantesque mystification qui produisent encore des fruits amers. Par souci de vérité, j’ai tenu à mettre un léger bémol dans le débat pour affirmer sur la toile, le 30 mai 2015 que c’est bien le président Alexandre Pétion qui, dès 1814, avait offert d’indemniser les anciens colons.
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Par Leslie Péan, 15 mars 2015 --- Le cas de l’Ile-à -Vache est justement ce qu’il ne faut pas faire si on veut réaliser un vrai développement en milieu rural. Sans la participation de la population à la base, les sommes d’investissement quelles qu’elles soient dans des programmes conçus au sommet n’ont pas de chances d’aboutir. Le développement est essentiellement une question de pouvoir et d’épanouissement des personnes concernées. Dans ce cadre, le capital le plus important est le capital social, c’est-à -dire la confiance entre les gouvernants et les gouvernés et, encore plus important, la confiance dans les gouvernés.
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