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COMBIEN GAGNENT LES CHEFS D’ETAT AFRICAINS?

dollors-billsLa publication de leur salaire, gage de transparence, reste l’exception plutôt que la règle.Jacob Zuma, le chef de l’Etat sud-africain, a bénéficié en septembre d'une augmentation de 5%, comme en 2010. Son salaire mensuel est ainsi passé à 18.900 euros net.Presque autant que Nicolas Sarkozy, le président français (19.500 euros) et mieux que David Cameron, le Premier ministre britannique (13.850 euros) ou encore la chancelière allemande, Angela Merkel (15.830 euros). Mais beaucoup moins que le président des Etats-Unis, Barack Obama (23.000 euros).



A l’échelle sud-africaine, le salaire de Jacob Zuma s’avère 14 fois plus élevé que les 1.280 euros de revenus mensuels moyens des foyers citadins en Afrique du Sud, où les inégalités restent béantes. Les émoluments du chef de l’Etat sont aussi 175 fois plus importants que les revenus mensuels moyens d’un homme noir –lesquels plafonnent à 108 euros, à cause du chômage et du manque persistant de qualifications, contre 620 euros en moyenne pour un homme blanc, selon les chiffres 2010 de l’Institut sud-africain des relations inter-raciales (SAIRR).

Le bulletin de salaire de Jacob Zuma a la bougeotte

En Afrique du Sud, la hausse présidentielle n’est pas pour autant contestée. Comme à Paris ou à Londres, on compare volontiers, à Johannesburg, le salaire du président à celui des PDG des grandes entreprises du pays. Le plus souvent, pour trouver l’un dérisoire par rapport à ce que touchent les autres. La hausse de Jacob Zuma s’inscrit par ailleurs dans un contexte d’augmentation de 7,5% des salaires des fonctionnaires en 2010, pour une inflation de 3,7% la même année.

Le plus frappant, sans doute, tient à la différence entre le salaire actuel de Zuma et les 8.885 euros mensuels (primes comprises) dont se contentait son prédécesseur. Un salaire que Thabo Mbeki touche encore et qu’il percevra à vie en tant qu’ancien président. Une commission avait préconisé dès 2007 d’augmenter de 57% ce salaire présidentiel. Il n’a été revalorisé qu’en 2009, au moment du passage à la présidence par intérim de Kgalema Mothlante (septembre 2008 - mai 2009), qui a préparé le terrain pour Jacob Zuma. Kgalema Mothlante, l’actuel vice-président de la République, ne reçoit pas de salaire pour ces fonctions, puisque lui aussi a droit à des émoluments présidentiels à vie…

Fausses publications ou réelle opacité?

En soi, la publication du salaire présidentiel représente un bon signe pour la démocratie sud-africaine. Il en va de même au Kenya, où Mwai Kibaki gagne 2,5 millions de shillings (19.650 euros) ou encore à l’île Maurice, où Anerood Jugnauth touche plus modestement 2.970 euros, ou encore au Liberia, où Ellen Johnson-Sirleaf touche 5.550 euros. Non sans faire preuve d’un certain sens politique, un an avant la présidentielle de 2007, le président kényan Mwai Kibaki avait refusé l’augmentation de 186% que les députés lui avaient octroyée, pour faire de lui le fonctionnaire le mieux payé du Kenya.

Au classement mondial des hommes politiques par salaire, publié en 2010 par The Economist, le Kenya et l’Afrique du Sud se distinguent pour leur salaires présidentiels élevés, par rapport au Produit national brut (PNB) moyen par habitant. Il ne faut voir là que pure distorsion des statistiques: si ces salaires se remarquent tant, c’est d’abord et avant tout parce qu’ils sont publiés. Le problème, c’est qu’on ne sait rien des émoluments de Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC) ou d’Idriss Déby au Tchad, ni de leur écart, sans doute non moins faramineux, par rapport au revenu par tête des Congolais et des Tchadiens.

Revenus officiels... et officieux

En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo gagnait 14.640 euros lors de ses dernières années à la présidence. A peine 300 euros de moins que feu Omar Bongo, le président du Gabon, un pays qui brasse les pétrodollars. Les salaires de leurs successeurs respectifs, Alassane Ouattara et Ali Bongo Ondima, ne sont pas connus. L’opacité la plus totale reste la règle, à travers le continent.

Quand les salaires officiels sont publiés, comme au Burkina Faso (2.545 euros pour Blaise Compaoré) ou au Zimbabwe (1.100 euros pour Robert Mugabe), beaucoup se demandent quels sont les revenus «réels» du chef de l’Etat. Au Sénégal, Abdoulaye Wade gagne officiellement 568.000 francs CFA (soit 866 euros)… Problème: d’autres fonds sont alloués budgétairement à la présidence, dont les montants restent secrets.

Dans une enquête sur les caisses noires des présidents africains, le magazine Managers évoqué en juin dernier une réserve colossale de 60 milliards de francs CFA (91 millions d’euros) à la présidence sénégalaise. Cet argent, qui servirait selon les mauvaises langues à arroser une large clientèle, ne sera pas utilisé pour payer les nouveaux salaires des chefs de village. C’est sur le budget de l’Etat que sont désormais payés quelque 108 euros par mois tous ces notables. Une mesure prise par décret fin septembre, à cinq mois d’une élection présidentielle qui devrait voir Abdoulaye Wade briguer un troisième mandat.

sources:Camer.be