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Face à la rue, Martelly nuance

mornelhopital« Une fois que la décision est bonne, on ne peut pas reculer. Nous avons un ministre de l'Environnement qui a pris une décision, peut-être que je n'étais pas au courant. Peut-être que je n'aurais pas utilisé la technique employée. Nous sommes un gouvernement qui est là plus pour construire des maisons pour les gens », a déclaré le président de la République, jeudi, sur les ondes de Radio Scoop FM concernant la décision de démolir environ 450 maisons à morne L'Hôpital.

« L'idée n'était pas d'aller marquer les maisons qui seront démolies. Je pense qu'on devrait d'abord interdire les constructions anarchiques. Une décision d'Etat. Une fois ces constructions interdites, il faudrait mettre sur pied une équipe qui supervise qu'il n'y a aucune maison en construction dans la zone. Après quoi, on pourrait se réunir avec les propriétaires des 100 maisons concernées (on m'a parlé de 100 maisons) pour leur dire, premièrement, on va vous donner une autre maison. Deuxièmement, on vous donnera un emploi. Si le mari travaille déjà, on le donnera à son épouse, parce qu'il y aura un parc industriel à l'endroit où il va être relogé. Troisièmement, des accompagnements pour les enfants. Terrain de jeux, écoles gratuites... », a avancé le chef de l'Etat en guise de proposition au ministre Ronald Toussaint.

Selon M. Martelly, ce n'est qu'au Brésil, lors du Sommet de Rio+20 la semaine écoulée, que le ministre de l'Environnment lui a annoncé la nouvelle de manifestations de rue et de maisons marquées à démolir. « Je lui avais dit de revoir l'approche. Cependant, il faut travailler sur le morne. S'il le faut, j'entrerai dans le dynamisme de parler avec les gens pour les conscientiser et les rassurer. Un gouvernement qui est venu construire ne pourrait pas démolir les maisons. L'approche a été peut-être mauvaise », a-t-il expliqué.

«On ne peut pas démolir les maisons et mettre les gens à la rue. Il n'y aura jamais cela, Le président Martelly pourrait leur parler (les habitants de morne L'Hôpital) et cela se passerait d'une autre façon », a-t-il avancé comme palliatif.

En revanche, le président a reconnu que le morne L'Hôpital ne représente pas un danger pour ses occupants. Il arrive qu'aujourd'hui, à la suite des constructions anarchiques sur le morne, cela fait des victimes à Cité-Soleil, à Juvenat ou dans tout autre endroit qu'emprunte l'eau, a-t-il dit.
Le chef de l'Etat se dit conscient qu'à chaque goutte de pluies, il faut des interventions pour nettoyer. Selon lui, le gouvernement doit alors trouver des fonds pour ce nettoyage. « On est au pouvoir pour faire mieux, contrairement à la façon dont cela se faisait. Mais il faut sauver des vies et éviter des catastrophes. Il est impératif de se pencher sur ce qui se fait et apporter des solutions », a-t-il dit.

Comme le secrétaire d'Etat à l'Environnement, Pierre André Gédéon, Michel Martelly croit que les manifestations contre la démolition des maisons au morne L'Hôpital étaient politisées. « Je suis au pouvoir, c'est ma responsabilité de minimiser les dégâts et de diminuer les risques », a-t-il martelé à qui veut l'entendre.  

Le président ne cèdera pas aux pressions

Aucune maison ne doit être démolie au morne L'Hôpital pas avant les dédommagements et un dialogue avec la population, telle est la volonté du président de la République, selon  ce qu'a confié au Nouvelliste un sénateur très proche de Michel Martelly. S'il est vrai que Michel Martelly reçoit beaucoup de pressions, il n'en demeure pas moins vrai qu'il est déterminé à aller jusqu'au bout, a-t-il dit.

Le président de la République ne veut pas la démolition d'une seule maison sans que les dédommagements ne soient pas effectifs ni sans communiquer avec les personnes concernées, a ajouté le parlementaire joint au téléphone. Il a reconnu que le chef de l'Etat « reçoit beaucoup de pressions. Mais il compte aller jusqu'au bout dans ce dossier. »
Très remonté contre l'idée que le président Martelly ait renoncé à son projet au morne L'Hôpital sous les pressions des manifestants, un autre proche conseiller du chef de l'Etat a indiqué au Nouvelliste que « parce que le pays fonctionne très bien, les mauvaises langues cherchent des choses négatives à dire sur le président. Laissez-les parler. »

Si au départ les habitants du morne L'Hôpital concernés par les mesures de démolition avaient 15 jours pour vider les lieux, le secrétaire d'Etat à l'Environnement, Pierre André Gédéon, n'écarte pas maintenant la possibilité d'une rallonge. «Deux espaces ont été identifiés par les autorités en vue de faciliter le relogement des déplacés du morne L'Hôpital», a fait savoir André Pierre Gédéon, citant Bercy et Gressier. Il a souligné que toutes les dispositions seront prises en vue d'aménager ces espaces, les doter des infrastructures de base telles que l'eau et l'électricité, centre de santé, entre autres.

« Dans un premier temps, chaque famille qui sera contrainte d'abandonner sa maison recevra 25 000 gourdes pour des arrangements liés à leur déplacement. Ensuite, une autre tranche de 100 000 gourdes leur sera accordée pour la construction du nouveau logement», a expliqué le secrétaire d'Etat. Seuls les propriétaires auront droit aux 100 000 gourdes. La même somme quelle que soit la taille de la maison à démolir. Les locataires, eux-mêmes, pourront bénéficier des 25 000 gourdes.

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste
28 Juin 2012