La position du président Martelly est claire: il promulguera la Constitution révisée au cours du mois de juin 1012, parce qu'il tient à ce qu'Haïti bénéficie des changements opérés dans la loi mère. Une décision qui suscite de grands débats au sein de la population. A cet effet, le sénateur Andris Riché croit que les amendements sont frauduleux et la publication ne ferait que plonger le pays dans une crise. « Le président Martelly ne doit pas se laisser influencer par son entourage, il faut qu'il se ressaisisse, déclare le parlementaire. Par ailleurs, soutient-il, la communauté internationale n'est pas innocente dans cet imbroglio auquel fait face le pays.
Pour le secrétaire général du Parti Fusion des sociaux-démocrates, Rosemond Pradel, plusieurs conditions doivent être réunies bien avant la publication de l'amendement de la Constitution. « Au prime abord, l'amendement se doit d'améliorer la Constitution déjà établie; ensuite, il doit être fait suivant les critères préétablis par la Constitution; en fin de compte, il est indispensable que cela se fasse d'un commun accord avec l'ensemble des composantes de la société haïtienne », soutient-il. En outre, le secrétaire de parti invite le président à se retirer de ce bourbier.
De son côté, l'ancien candidat à la présidentielle de 2010, Jean-Henry Céant, abonde dans le même sens que d'autres responsables de parti. Le leader de « Aimer Haïti » est catégorique. « Il n'y a pas de publication possible », declare-t-il. De plus, Me Céant souligne que l'exécutif actuel n'a rien à voir avec la procédure d'amendement. Selon ce dernier, le processus est caduc en fonction du non respect des procédures légales. Toutefois, il croit qu'il serait mieux que le gouvernement Martelly-Lamothe attende la fin du quinquenat pour solliciter du législatatif un nouvel amendement.
Un changement dans la continuité
Le juge Durin Duret Junior, président de l'Association nationale des magistrats haïtiens (Anamah), croit que le slogan de changement que scande le Premier ministre Lamothe ne fait pas avancer les choses d'un iota. Malgré les explications du gouvernement sur le bon déroulement du processus, il continue de voir dans les retards successifs de l'entrée en fonction du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) un manque de volonté de l'exécutif d'en clencher le processus d'instalation du CSPJ. A en croire le juge Duret, ce n'est qu'un changement dans la continuité.
Par conséquent, le président de l'Anamah insiste sur l'urgence d'installer le CSPJ, soulignant que dans le cas de la promulgation du texte amendé de la Constitution, il serait impossible de mettre en place un Conseil électoral permanent(CEP), puisque dans la Constitution amendée, CSPJ doit désigner 3 des 9 membres de dudit CEP. Le juge Duret a fait savoir qu'une réunion entre l'Anamah, la Fédération des barreaux d'Haïti et la présidence est prévue pour le 13 juin 2012 afin de trouver une solution et débloquer la situation.
Alors que les critiques persistent, selon le porte-parole de la présidence, Lucien Jura, le président a déjà rencontré pas mal de secteurs de la vie nationale, des hommes politiques, des hommes de loi, des juristes sur la question. Aujourd'hui, sa décision est arrêtée, ce mois de juin ne va pas passer sans qu'il ne publie le texte amendé.
Joubert Rochefort Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.