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Le choléra ou le génocide de la paysannerie haïtienn

Pour comprendre l'origine et la raison d'être de cette épidémie de choléra en Haïti, il faut reconstituer certains événements de l'année 2010.

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Le 12 janvier 2010 Haïti, a connu un terrible tremblement de terre de magnitude 7,1 sur l’échelle de Richter, ce qui a donné l’opportunité à des organisations d’implanter une forme de colonisation humanitaire en Haïti et à des pays étrangers de partager la douleur de cette haute terre montagneuse.

En d’autres termes, il y a eu des bienfaiteurs et des malfaiteurs partant d’un même discours. Et parmi les zones qui ont été les plus touchées par ce cataclysme, nous pouvons citer le département de l’Ouest qui n’est plus vraiment un endroit agricole, depuis un bon nombre d’années, à cause de la surpopulation, de la centralisation et de la concentration. Tandis que quatre mois plus tard, soit en mai 2010, nous étions déjà à ce fameux cadeau mortel de la multinationale étatsunienne Monsanto (il s’agit de 475 tonnes de semences, de céréales et légumes, dont 60 sont déjà livrées génétiquement modifiées (OGM), en plus des engrais et pesticides qui les accompagnent) aux agriculteurs haïtiens. Le but était de distribuer gratuitement ce produit aux paysans dès la première année de son apparition, et après qu'il aurait envahi tout le territoire national, les paysans seraient dans l’obligation de les racheter à chaque fois qu’ils auraient à envisager de nouvelles semailles. Voilà donc comment l’affairiste américain a voulu apporter son aide en réduisant cette catégorie sociale à sa plus simple expression et en la dépossédant de son autonomie agricole.

Neuf mois plus tard, soit en octobre 2010, est venue l’occasion pour la mission onusienne de se montrer solidaire aussi avec la cause haïtienne en laissant ses traces, grâce à cette épidémie de choléra s'attaquant au reste des ressources haïtiennes qui n’avaient pas été détruites par la magnitude du séisme. Cette infection bactérienne hautement contagieuse est venue à un moment où l’on pouvait croire qu’il s’agissait d'une conséquence du séisme. Heureusement qu’il y a eu les brillantes recherches de l’épidémiologiste français Renaud Piarroux, qui, après une mission en Haïti, affirme que : « Cela a commencé dans le centre du pays. Pas au bord de la mer, ni dans les camps de sinistrés. L'épidémie ne peut donc pas être d'origine locale. C'est-à-dire que c'est importé. ». C’est clair et précis : le choléra en Haïti provient d’une souche étrangère, et on n’a pas besoin de passer par quatre chemins pour pointer du doigt les Népalais faisant partie de la mission onusienne. En ce sens, c’est à l’ONU de réparer sa faute auprès des familles victimes, parce que c’est totalement un crime contre le peuple haïtien.

Argument portant sur l’insalubrité

Il y a eu des arguments portant sur l’insalubrité afin de justifier la présence de cette maladie. En ce sens, il faut préciser que cet état de fait remonte à plus de vingt-cinq ans et n’a jusqu'à présent produit aucune bactérie mortelle. Je ne fais pas une plaidoirie pour encourager l’insalubrité, mais j’essaie tout simplement de comprendre comment Croix-des-Bossales, avec ses horribles boues, n’avait jamais jusque-là déclenché une diarrhée qui soit aussi mortelle : le choléra y a déjà  fait des victimes considérables. Le pire, après la mort, la victime  du choléra devient de plus en plus dangereuse, parce qu’elle continue à déverser des sécrétions contagieuses. Ainsi, l’insalubrité peut permettre à cette maladie de subsister de façon endémique pour une durée indéterminée.

La campagne de vaccination

Vouloir vacciner pour prévenir est une bonne action, mais quelle stratégie allons-nous mettre en place pour freiner ce fléau ? Parce qu’il semblerait que ce choléra aura atteint d'ici cinq ans un pic tel que les cas de décès dépasseront ceux du séisme (en intégrant peut-être les maladies courantes des Haïtiens). À ce stade, toutes les actions de prévention nécessaires pour contrecarrer d’éventuelles ondes tropicales demanderont aussi que des fonds soient disponibles pour une campagne de sensibilisation. Ceci dit, la lutte contre cette maladie sera nécessairement intégrée dans presque tous les projets concernant cette période.

Des axes pour comprendre le choléra

En effet, les stratégies pour freiner le choléra sont aussi les stratégies pour le faire  perdurer. Regardons l’exemple de la vaccination. Avant que l'on ait pu vacciner tous les citoyens haïtiens contre l’épidémie, le nombre de ses victimes aura quadruplé, et le nombre de gens à risque aussi. D’où une interminable campagne sinusoïdale. Autre paramètre qu’il faut considérer,:on ne peut parler de reconstruction sans penser à une réforme sanitaire dans le pays ; or le choléra à lui seul peut dépenser la moitié du fonds disponible pour démarrer le projet de réhabilitation du système sanitaire haïtien. Enfin, ce sera aussi une opportunité saine pour des pays qui ont fait des promesses à Haïti, et qui n’allaient rien délivrer, afin de montrer leur générosité dans la lutte contre le choléra dans ce pays. Autrement, les paysans qui n’ont pas de centre hospitalier et de CTC dans leurs localités mourront massivement, faute de connaissances et de moyens pour réduire la distance qui les sépare d'un centre de soins. Et tous leurs savoirs partiront dans la fosse commune par manque de sérieux et de patriotisme. En tenant compte du respect des vies humaines, et du principe que l’être humain ne doit être en aucun cas le cobaye d’une manipulation scientifique, nous demandons à l’Organisation des Nations unies d’arrêter ce prétendu choléra en Haïti.

Anderson Dovilas
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Juillet 2012
Photo: news.nationalpost