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La route de carrefour ou comment appliquer avec succès la théorie du sous-développement

blocus-traffic-jam-carrefourx600Gaby Antonelli Gilles -- Ce mercredi 18 juillet j’écoutais sur Radio Magic FM les commentaires des journalistes sur les difficultés et frustrations que causaient la route de Carrefour aux utilisateurs et coïncidence un ami représentant des produits d’une grosse boite avec qui j’avais rendez-vous m’appelait de cette route pour me dire qu’il était coincé et que de son point de vue il y serait pour 4 heures de temps.  Les « agents-économiques-conducteurs » sur cette route de Carrefour ont un comportement typique (qui a tendance à s’étendre à tout le pays).

Ils déposent le passager à même la route pour bloquer le passage à d’éventuels concurrents qui pourraient leur choper le client potentiel qui se trouverait sur leur trajet. Le temps de cette transaction la route est bloquée et le chauffeur précédent est en accord avec le premier, puisqu’il va faire de même d’ici quelques mètres. Ce contretemps compilé donne une journée. De même, vous l’avez observé comme moi que l’on se trouve souvent dans un carrefour de la route ou tout le monde veut passer en même temps ce qui resserre et ferme le cercle. Personne ne veut céder le passage, et tout le monde attend le plus lâche qui va céder à la pression des puissants. S’il n’y a aucun policier dans le coin, c’est un homme considéré « tèt pa dwat » qui sauve les « tèt dwat ». Enfin !  

Quelles sont les conséquences de ces éternels blocus ?

1-      On peut souligner en tête de liste : la perte de temps. Qui parle de perte de temps parle de perte d’opportunité, donc d’argent et d’avancement économique pour la famille de la victime (oui victime). Combien de client a-t-il du délaisser à cause de ce blocus.
2-      Perte d’argent : il s’est appauvrit de 250.00 gourdes de diesel (Dieu merci) pour se remettre à niveau  et un pneu de 5,000.00 complètement déchiré a du être remplacé
3-      Frustration : il était tellement fatigué et frustré que ce trajet a drainé toute son énergie au point qu’il n’a pas pu, en fin de journée, faire d’autre activité sinon assister passivement à une rencontre qu’on avait qu’il ponctuait de coups de tête.

Quelles est cette théorie ?

Les grands employeurs, comme l’Etat Haïtien, les grands commerçants, les propriétaires de loisirs, restaurant, Plages-hôtels, voire certaines agences et ONG, pensent qu’ils économisent en payant à la limite de la survie leurs employés haïtiens tout en espérant que le pays va générer suffisamment d’activité pour progresser vers la création de richesse, faire fonctionner le business, donc produire le développement économique. Ils négligent l’essentiel du maillon : l’agent économique.

Vous gardez un employé bloqué toute une journée pour un salaire de misère et vous espérer des rendements en fin de période. A la fin du mois et l’entreprise et l’employé sont frustrés parce que leurs gains ne leur permettent pas de bâtir l’avenir qu’ils avaient espéré. Etant donné que ce sont les situations micros qui définissent les tableaux macros, et tes dépenses sont mes revenus et vice-versa, l’ensemble du pays est frustré de son avenir glorieux par ses propres joueurs.
 
Simplifions l’exemple. Disons que ce grand commerçant possède aussi une plage-hôtel et compte sur des clients pour la faire marcher.  Mais cet employé gagne 25,000.00 Gourdes et dépense pour les besoins minima de nourriture 70% de son salaire, en logement 30%, et pour le transport il hypothèque 25% sur le budget prochain, sans parler de l’école des enfants et autres services de santé…  il finit par dépenser  35,000.00 gourdes en se rongeant les ongles. Donc il roule sur un déficit cumulatif de 10,000.00. Quand est-ce qu’il aura le temps de s’offrir un loisir et faire marcher ainsi la plage-hôtel de son patron indirectement? Ah ! Dieu merci il y a les Onusiens et consorts… Peut-on bâtir une économie sur ce petit groupe d’Onusien et consorts, quand on délaisse la masse des consommateurs que nous envient toutes les Antilles ?

Donc, pour que cet ami, agent économique aille à la plage ou au restaurant tous les trois mois, il doit se faire une dette additionnelle ou négliger de payer une ancienne, soit  l’EDH ou autres services publiques, ou un parent ou ami et renvoyer à plus tard le plan de faire l’acquisition de biens ou services nécessaires aujourd’hui  pour sa famille que les grands commerçants offrent.  S’il se trouve qu’il ait été à deux ou trois reprises sur la route de Carrefour, il ne pourra ni payer ses dettes ni s’offrir un petit restaurant tous les trois mois. Pour répéter encore une fois Paul Krugman, puisque tes dépenses sont mes revenus et vice-versa : le cercle se referme.  Conséquences, les ventes baissent, donc la production aussi si elle n’avait pas déjà disparue, l’importation décline, l’exportation s’évapore et un pays se trouve dans un espace de plus en plus restreint et s’oblige à faire appel à l’aide extérieure qui encourage le « mauvais management ».

 Plusieurs économistes telle que, Keynes, après la récession économique des années 1930 et Paul Krugman durant celle de 2007 à nos jours qui frappent les grandes puissances et qui pour Haïti est un mode de vie, défendent la théorie de l’augmentation des dépenses de l’Etat pour la stimulation de l’économie.  Mais pour notre cas, il s’agit de mettre de l’argent dans les mains de l’agent économique et de l’encourager à reprendre les bonnes habitudes de pré-1986, i.e consommer les biens et services de qualité.

Ce qui nous amène à dire, puisque l’Etat et les grandes compagnies à cause de leur désir de contrôler et de limiter le progrès dans la vie des autres, de faire de l’économie, et à causse aussi honnêtement des autres frais liés aux sources alternatives d’énergie et de sécurité, sont réticent ou refusent de faciliter le bien-être des salariés et de leur famille en les traitant mieux, ces derniers se voient contraints au fil du temps de s’adapter en s’offrant des substitues de vie de mauvaise qualité. Une chambre ou deux dans un bidonville ou les ingénieurs ou firmes de constructions sont absents ; une nourriture pauvre du genre « chen-janbe » sans  valeur nutritive réelle en excluant les produits de qualité, des habits semi-pèpè trouvés dans la rue ou au marché(malgré tout la tendance de la vie moderne va vers le prêt-à-porter, pas de temps pour un couturier) en évitant les magasins, il résulte que l’ouvrier ou le travailleur a des capacités de production moindres, que les compagnies engagent moins de personnes et la qualité des services et produits décline donc moins de satisfaction et le peu de consommateur ayant la capacité financière se tourne vers les services et produits étrangers pour satisfaire ses besoins .

Conclusion le pays se meurt.

La route de Carrefour, comme partout dans le pays consume et gaspille l’énergie qui aurait pu être investie dans le développement du pays et dans le bonheur de sa population. En mettant cinq minutes pour traverser Carrefour sur une Autoroute construite en hauteur pour contourner les mauvaises habitudes acquises par les riverains, le pays de gagnerait (sur la base des dépenses de l’exemple plus haut, en comptant seulement le carburant et considérant qu’un policier de la circulation compte que 65 véhicules passent toutes le 5 minutes, au coût le plus bas de 250.00 gourdes de déficit pour une  durée de 16 heures (entre 5 heures et 21 heures), plus de 1.138 milliard de Gourdes par an pour la seule route de Carrefour. Si on le multiplie par Varreux – La Plaine – Croix-des-Bouquets – Sarthe- Delmas 33 etc… sans parler des autres coins du pays, ce gain dépasse de loin la coopération Internationale annuelle Post-tremblement de Terre.

Si la tendance n’est pas d’appliquer la Théorie du Sous-développement de la Route de Carrefour, les leaders économiques produiraient des plans de réduction de la pression sur le citoyen, de facilitation de sa vie économique, de la circulation des véhicules, de mise en place pour la diminution de ses dépenses inutiles et  agiraient en ayant pour objectif son droit inaliénable au bonheur et le paiement des taxes augmenterait ipso facto. Et cela devrait transpirer depuis la tracée standard des routes pour la réduction de ses dépenses de carburant et de leur maintenance, de la protection des habitants vivant proche des voies, des animaux, et aussi dans la fourniture d’électricité en quantité, de l’eau potable en quantité et en qualité, par  l’éducation de tous ses citoyens. J’entends par-là que les haïtiens qui ont le pouvoir de décision prennent un médicament contre l’amnésie, qu’ils soient dans le privé ou le public, pour appliquer les plans de sauvetage qu’ils  défendaient préalablement dans les salons, au profit de la population haïtienne. Ceci même au dépend de leur poste.

Pour briser le cercle du sous-développement de la route de Carrefour, l’honnêteté doit se trouver dès le design des projets. La générosité, l’avenir, le futur rêvé pour les haïtiens, tous ces paramètres devraient être pris en compte en dehors de la qualité.
 
Gaby Antonelli Gilles
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