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Haïti: la colère gronde dans les bidonvilles menacés par les bulldozers

manifestation-contre-martellySur les collines qui surplombent Pétion-Ville, quartier cossu à l'est de Port-au-Prince habité autrefois par les riches haïtiens, les constructions anarchiques occupent de plus en plus de terrain.

Les éboulements meurtriers qui ont frappé les quartiers surpeuplés et le risque d'hécatombe lors de catastrophes naturelles poussent les autorités à envisager le déplacement des résidents de bidonvilles. Mais elles risquent, ce faisant, de se heurter à la colère de la population délogée.

Récemment, à l'annonce de mesures d'éviction, des habitants en colère sont sortis des cabanes exposées aux intempéries et descendus dans les rues de la capitale pour affronter la police.

"Ils doivent nous passer sur le corps pour nous déloger. C'est ça la récompense du président à notre vote?", lance Sylvestre Véus, la trentaine, les yeux rouges de colère, parmi les manifestants. Selon lui, "il n'y a pas de danger" dans son quartier, appelé Jalousie.

Jalousie est un de ces bidonvilles qui entourent la capitale d'Haïti. Planté au flanc de la colline en face de Pétion-Ville, les masures y sont collées les unes aux autres, comme tout au long du massif montagneux qui borde la capitale.

"Ce quartier existe depuis plus de 60 ans, je suis né ici", dit William Jean, 62 ans, assis sur une banquette en face de l'unique porte de sa petite demeure. "Au début, il n'y avait que quelques rares maisons", se souvient-t-il.

Aujourd'hui, 21% de la population de la commune de Pétion-Ville vit dans ce faubourg, où les maisons montent en escalier les unes après les autres, jusqu'au sommet de la colline complètement déboisée.

Après le séisme de 2010, qui a fait plus de 200.000 morts et d'un million de sinistrés, de nombreux sans-abri sont allés s'établir dans ces bidonvilles qui ont pour noms Jalousie, Tchétchénie, Désermithe ou Canapé Vert. Ils s'étirent sur un massif montagneux de 4.000 hectares jonché de tentes et d'abris provisoires à perte de vue.

Au total, plus de 250.000 personnes vivent dans 50.000 maisons dans ces quartiers.

Les électeurs oubliées

"Chaque crise sociopolitique a poussé son lot de personnes à venir s'établir ici comme dans les autres ghettos de Port-au-Prince", explique Sylvestre Telfort, responsable d'une organisation de défense des intérêts des résidents de Jalousie.

Celui-ci encourage cependant les gens vivant dans les ravines à se déplacer comme demandé et préconise le dialogue entre les autorités et les personnes concernées.

"C'est dans les bidonvilles qu'on vient chercher les électeurs, après on les oublie!", tempête Jocelyn Louis, assis sur son vélo. "Je dis non! Personne ne peut nous arracher à cette terre".

Jocelyn s'en prend à "l'Etat en retard" qui n'intervient "jamais à temps" et "ne respecte pas la Constitution qui garantit un logement à chaque fils de ce pays". Les voisins opinent, accusant pêle-mêle les gouvernements successifs et les élus locaux qui "ne font rien pour le peuple et donnent tous les avantages aux riches".

Pour Deracin Joseph, un notable de Jalousie, les autorités seraient même complices de la concession d'espace à des propriétaires de luxueuses villas.

Une passante enceinte soupire en désignant les grandes résidences cachées derrière de hauts murs surmontés de barbelés: "Ils veulent nous déloger, mais les propriétaires des maisons à deux et trois étages continueront à jouir de leur position".

"C'est un dossier délicat. Il y a une gestion politique, une gestion sociale et une gestion technique à faire", reconnaît le ministre de l'Environnement, Jean Ronald St-Cyr. "Il faut faire quelque chose", répète-t-il.

En attendant, il envisage la destruction d'environ 2.000 maisonnettes érigées à proximité des ravines et propose une indemnité, de six mois à un an, pour les habitants concernés ainsi que l'interdiction de toute nouvelle construction.

Source: Libération

Sur les collines qui surplombent Pétion-Ville, quartier cossu à l'est de Port-au-Prince habité autrefois par les riches haïtiens, les constructions anarchiques occupent de plus en plus de terrain.

Les éboulements meurtriers qui ont frappé les quartiers surpeuplés et le risque d'hécatombe lors de catastrophes naturelles poussent les autorités à envisager le déplacement des résidents de bidonvilles. Mais elles risquent, ce faisant, de se heurter à la colère de la population délogée.

Récemment, à l'annonce de mesures d'éviction, des habitants en colère sont sortis des cabanes exposées aux intempéries et descendus dans les rues de la capitale pour affronter la police.

"Ils doivent nous passer sur le corps pour nous déloger. C'est ça la récompense du président à notre vote?", lance Sylvestre Véus, la trentaine, les yeux rouges de colère, parmi les manifestants. Selon lui, "il n'y a pas de danger" dans son quartier, appelé Jalousie.

Jalousie est un de ces bidonvilles qui entourent la capitale d'Haïti. Planté au flanc de la colline en face de Pétion-Ville, les masures y sont collées les unes aux autres, comme tout au long du massif montagneux qui borde la capitale.

"Ce quartier existe depuis plus de 60 ans, je suis né ici", dit William Jean, 62 ans, assis sur une banquette en face de l'unique porte de sa petite demeure. "Au début, il n'y avait que quelques rares maisons", se souvient-t-il.

Aujourd'hui, 21% de la population de la commune de Pétion-Ville vit dans ce faubourg, où les maisons montent en escalier les unes après les autres, jusqu'au sommet de la colline complètement déboisée.

Après le séisme de 2010, qui a fait plus de 200.000 morts et d'un million de sinistrés, de nombreux sans-abri sont allés s'établir dans ces bidonvilles qui ont pour noms Jalousie, Tchétchénie, Désermithe ou Canapé Vert. Ils s'étirent sur un massif montagneux de 4.000 hectares jonché de tentes et d'abris provisoires à perte de vue.

Au total, plus de 250.000 personnes vivent dans 50.000 maisons dans ces quartiers.

Les électeurs oubliés

"Chaque crise sociopolitique a poussé son lot de personnes à venir s'établir ici comme dans les autres ghettos de Port-au-Prince", explique Sylvestre Telfort, responsable d'une organisation de défense des intérêts des résidents de Jalousie.

Celui-ci encourage cependant les gens vivant dans les ravines à se déplacer comme demandé et préconise le dialogue entre les autorités et les personnes concernées.

"C'est dans les bidonvilles qu'on vient chercher les électeurs, après on les oublie!", tempête Jocelyn Louis, assis sur son vélo. "Je dis non! Personne ne peut nous arracher à cette terre".

Jocelyn s'en prend à "l'Etat en retard" qui n'intervient "jamais à temps" et "ne respecte pas la Constitution qui garantit un logement à chaque fils de ce pays". Les voisins opinent, accusant pêle-mêle les gouvernements successifs et les élus locaux qui "ne font rien pour le peuple et donnent tous les avantages aux riches".

Pour Deracin Joseph, un notable de Jalousie, les autorités seraient même complices de la concession d'espace à des propriétaires de luxueuses villas.

Une passante enceinte soupire en désignant les grandes résidences cachées derrière de hauts murs surmontés de barbelés: "Ils veulent nous déloger, mais les propriétaires des maisons à deux et trois étages continueront à jouir de leur position".

"C'est un dossier délicat. Il y a une gestion politique, une gestion sociale et une gestion technique à faire", reconnaît le ministre de l'Environnement, Jean Ronald St-Cyr. "Il faut faire quelque chose", répète-t-il.

En attendant, il envisage la destruction d'environ 2.000 maisonnettes érigées à proximité des ravines et propose une indemnité, de six mois à un an, pour les habitants concernés ainsi que l'interdiction de toute nouvelle construction.

Source: Le Nouvel Observateur