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Un carnaval des fleurs sans arôme…

Les fleurs n’ont pas plu au Champs de mars. La première journée du carnaval des fleurs a été plus un podium pour vendre les slogans et autres activités du gouvernement qu’une fête culturelle devant rehausser l’image d’Haïti. Le vent de renouveau que cette fête populaire devait insuffler à la nation, est loin, très loin de se matérialiser dans les faits.

Pratiquement, tous les ministères sont représentés par des stands à leurs noms sur le parcours du carnaval. Les programmes du gouvernement bénéficient donc d’une grande visibilité. Pourtant, les médias, sauf pour ceux qui sont réputés proches du président, sont absents. Ils ont été conviés pour certains à placer une caméra, un photographe…sur le stand du ministère de la Culture.

Des efforts ont été produits afin de placer la nature au centre de cette activité. Toutefois, ils s’avèrent insuffisants. Les œuvres artistiques qui symbolisent l’idée premières des organisateurs ne furent pas présents en quantité suffisante. Ils ont été noyés dans la foule. Les fleurs ont aussi terriblement manqué à ce premier défilé.

Les « stands » ont aussi déçu. De la rue Oswald Durand jusqu’à la rue Capois (près du super marché Roi des rois), ils sont tous regroupés dans ce périmètre. L’uniformité dans leur construction aura, peut-être, permis de gagner en termes d’espace et de sécurité, cependant, les pertes en créativité et en esthétique sont énormes et privent nos architectes et artistes d’une importante tribune. Une attraction en moins.

Malgré les débours énormes consentis par le gouvernement, lors du carnaval national des Cayes, pour la construction des chars musicaux, ils ne comblent toujours pas, non plus, les attentes en matière de couleur et de créativité. En effet, c’est la plus grande critique faite à cette manifestation culturelle. Ces monstres de ferrailles sont tapissés d’affiches publicitaires et montés par des carnavaliers arborant des T-shirt aux logos et couleurs des grandes entreprises de la place. Il va donc falloir attendre avant de pouvoir renouer avec les pratiques d’antan.

Au cours de cette journée, un constat s’est imposé : les valeurs culturelles d’Haïti et l’inventivité créatrice de nos artisans n’ont pas été à la fête. Ce fut le même décor que pour le carnaval traditionnel. Sauf pour certaines dispositions, qui répondent à des priorités d’ordre économique ou esthétique, comme les reines et les rois qui montèrent à bord de voitures décapotables. D’aucuns y voient une manœuvre pour pallier l’absence et les énormes coûts des chars allégoriques.

« Ce fut la même ambiance que pour le carnaval de février, a expliqué une des reines qui avait participé aux défilés du carnaval traditionnel. « Rien n’a vraiment changé ». Toutefois, a-t-elle estimé, la volonté des responsables de faire de cette activité une réussite est plus marquante.

Ce fut le premier acte de cette trilogie qui se poursuit. La volonté festive des carnavaliers a permis de rehausser l’éclat de cette grande fête qui, du point de vu de l’affluence, est déjà une réussite.

Lionel Edouard
Source: Le Matin