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Ranmase:"j'apporte toute ma solidarité a Mario Dupuy avili par Martelly en direct à la Citadelle", Me André Michel

ranmase-8-20-12

Par Jean Monard Metellus --- Jamais dans l'histoire de l'émission, elle n'avait atteint la barre fatidique de 7 heures (et 40 mns) d'horloge. Et bien, c'était fait samedi dernier et personne n'a trouvé à en redire; pas même la programmation, ni même les animateurs des autres programmes qui devaient suivre Ranmase hier samedi sur Caraibes FM.

 Le débat pour ainsi dire était "chaud", "chaud", "chaud" entre le camp du pouvoir représenté, dans un premier temps, par l'ancien sénateur Joseph Lambert, aujourd'hui conseiller spécial du président Martelly et le tout nouveau secrétaire d'Etat à la Communication, Joseph Guyler Cius Delva. Ils ont été rejoints par un autre conseiller du président Martelly, lui aussi ancien sénateur Youri Latortue et par Me Osner Févry (sans titre officiel ni fonction connue dans l'Administration Martelly-Lamothe mais, qui a donné un vrai coup de main au camp et surtout à Josué Pierre-Louis dans son combat pour faire échec    à la thèse selon laquelle il ne peut intégrer le CEP pour n'avoir pas obtenu décharge de sa gestion comme ancien ministre de la justice entre autres.

 L'opposition comptait sur les coups de boutoir d'un Evans Paul, toujours aussi poétique dans ses flèches et qui ne s'est guerre laissé impressionner par les "sautes d'humeur" d'un Lambert qui s'est passé maitre dans l'art de la feinte politique et de la contr'attaque; le jeune mais ô combien fougueux et "taquin" André Michel était aussi là en même temps que le cerveau Jean André Victor, agronome de son état mais politicien par adoption, le professeur aux verbes faciles qu'est Auguste D'Meza, le dirigeant des droits humains Anthonal Mortimé et le professeur Jean Vernet Larose qui a failli rendre fou le sénateur Lambert étaient tous là pour "électriser" cette émission Ranmase décidément historique hier. L'ancien député Frantz Robert Mondé avait voulu jouer aux sages en donnant l'image d'un arbitre mais, il a été rattrapé par sa position dans le gouvernement  et donc, il n'a pu s'empêcher de dégager des affinités très pro-gouvernementales dans l'émission.

Entre un Guy Delva qui a essayé de jouer "au touche à tout" pour défendre du bec et des ongles le pouvoir du président Martelly (ils parlaient très peu de Laurent Lamothe) et un Joseph Lambert, par moment pragmatique et lucide (qui a fait quelques petites concessions à l'opposition sur des failles appelées, dit-il, à corriger), évidemment, Me Michel était à l'aise pour lancer ses attaques (sauf sans doute quand il a été contraint par Lambert de retirer une grave accusation sur ce dernier à propos des élections à venir qui pourraient avoir été déjà volées au profit de celui-ci et de 9 autres sénateurs du pouvoir). Sans pitié pour l'ancien responsable de SOS journaliste, Me Michel et le professeur D'Meza ont déclaré "enfin, Guy a été nommé" et le dernier, enfonçant le clou un peu plus profondément dans la plaie a indiqué qu'il ne croit pas que la nation prendra trop au sérieux un homme qui a fait successivement les trois derniers pouvoirs qui se sont succédés au pays.

Le ministre de la culture qui était intervenu par téléphone, à la rescousse de ses collègues au panel, a été vite cueilli par Me André Michel, encore lui, offrant ironiquement à Mario Dupuy sa solidarité pour "l'humiliation que lui a fait subir" le président Martelly le mois dernier à la citadelle. "J'ai l'honneur de refuser cette solidarité" a dit le ministre Dupuy provoquant un grand rire au panel; Mario Dupuy a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une humiliation et que, au contraire, c'est lui-mêmequi avait invité le chef de l'Etat à venir voir l'état des lieux.( A noter que la scène était retransmise sur les télévisions et elle est encore visible sur le Net et le coup de colère de Martelly semblait effectivement viser le ministre Dupuy).

Derrière le visage angélique de l'intellectuel Jean Vernet Larose se cachait un opposant farouche au pouvoir Martelly qui n'a pas manqué de dénoncer les propagandes infâmes du pouvoir pour la scolarisation universelle  gratuite et s'en est pris à Guyler C. Delva qui fait de l'incommunication et au sénateur Lambert qui ne ressemble pas du tout aux Emile St Lot etc... qu'on a connus au sénat de la République. Les deux visés ont été dans une colère bleue et ont remis en question le titre d'intellectuel dont s'est affublé le professeur Larose. La tension était montée d'un cran et Evans Paul a jeté son grain dans la marre en révélant qu'en réalité le programme n'a envoyé à l'ecole que 140.000 ou 165.000 enfants à l'école. Pressé de fournir des références à l'appui de ces chiffres, KP a surpris tout le monde en lisant sur son ordinateur portatif un discours officiel de l'ancien ministre Réginald Paul à l'UNESCO où celui-ci avait justement avancé ces données. Anthonal Mortimé et Auguste D'Meza ont trouvé insultant que le pouvoir reporte la rentrée des classes pour raisons économiques  difficiles alors que dans le même temps, le pouvoir fait la propagande sur de possibles retombées  financières d'un carnaval des fleurs qui n'avait aucune raison d'être d'autant que, dit Evens Paul, il était entré en concurrence avec les fêtes champêtres qui sont pourtant sacrées pour les paysans.

L'Agronome Jean André Victor croit lui-même que le pouvoir s'est fait piéger en se prêtant au jeu de bilan pour son programme d'éducation gratuite alors que même  en temps normal et même quand le programme aurait été très sérieux, il n'aurait jamais pu donner des résultats dans un temps aussi court. Gentleman et beau joueur, Joseph Lambert n'a pas tempêté; au contraire, il a salué les conseils de l'agronome Victor. Sur la question du CEP (permanent) et du vote au CSPJ, Lambert, Latortue, Delva et aussi (avec des nuances intelligentes) Me Fevry ont défendu le principe arguant que l'exécutif n'avait pas le choix, dénonçant au passage un jeu de coquin auquel s'étaient prêtés les conseillers protestataires au CSPJ pour faire passer leurs candidats mais, le plan a échoué (Latortue et Lambert).

L'opposition a crié au scandale; la société civile (Mortimé) aussi qui s'est dit étonnée du comportement d'un juge (Anel Alexis Joseph) qui aurait du être un modèle pour son age, son expérience et sa compétence. KP, Gougousse et Larose croient que le pays est déjà plongé  dans une vraie crise d'autant que le régime cherche à favoriser un petit groupe (Evens) au mépris de la grande masse (Alleluia pour les riches, atermiyor pour les pauvres); la famine frappe à nos portes alors que Sophia Martelly à la manière de Michele Benette et son fils Olivier ont des trésors de guerre pour se la couler douce alors qu'ils ne sont pas des ordonnateurs de l'Etat (D'Meza). "Le pouvoir nous propose la guerre, nous n'avons pas le choix si nous voulons parvenir à la paix", a conclu Me André Michel.

Jean Monard Metellus
Photo: Saint-Val Wilner
Caraibes FM