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Haïti: Quand des bandits se réclament d’etre légaux

 martelly-bandit-legal « Mieux vaut se tromper en agissant que de refuser d’agir. La stagnation est pire que la mort , elle est aussi corruption. Â»William Gilmore Simms        

Avec l’équipe Martelly, s’autoproclamant des bandits légaux, Haïti se retrouve dans une situation grave, alarmante et même affolante de mauvaise gouvernance et de corruption qui gangrène les moindres fibres de la société. Au passage, les récents rapports de Transparency International , classant Haïti parmi les états faillis, en disent long et laissent, à chaque fois, perplexe , concerné et préoccupé tout citoyen conscient.

 La corruption, érigée en système en Haïti, et renforcée avec ces escrocs à la tête de l’état, acquiert une dimension particulièrement scabreuse avec la nouvelle de la mort du juge : Jean Joseph Serge : « Directement mis en cause dans cette affaire ayant tourné au drame, le Président Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe ainsi qu’un conseiller présidentiel avaient, selon des informations crédibles, mis en demeure le magistrat d’abandonner sans délai les poursuites judiciaires engagées contre l’épouse et le fils du chef de l’Etat, accusés de se livrer à des détournements de fonds massifs Â» Publié le samedi 13 juillet 2013 par Radio Kiskeya.

Les premiers rapports médicaux font état d’un trépas survenu à la suite d’un accident vasculaire cardiaque (AVC) alors que les rumeurs allaient bon train sur l’imminence de l’assassinat du juge qui avait osé ordonner le 2 Juillet dernier la comparution au correctionnel du premier ministre Laurent Lamothe et d’autres officiels dans le cadre de l’accusation de corruption portée contre l’épouse et le fils du président Michel Martelly . Les bandits au pouvoir ont réglé la question en empruntant la voie la plus facile et celle qui leur est sienne : la violence, la pression et les menaces de mort. Jean Joseph Serge a été tué pratiquement pour avoir choisi de garder la justice de son pays, quoique bancale, indépendante et au service de tous sans distinction aucune.

La jeune démocratie haïtienne se fragilise chaque jour puisque rongée par la corruption des récents et actuels responsables politiques et par la confusion permanente que certains d’entre eux entretiennent entre la fonction publique e les profits privés. On se souvient du récent scandale impliquant le chauffeur du président de la république et un des lieutenants de l’ancien président du compas. Il est temps que la nation demande des comptes à travers la participation active et effective des citoyens dans la nécessaire et pressante lutte pour la bonne gouvernance et contre la corruption car tout pouvoir sérieux se doit de s’assurer de la meilleure utilisation possible des fonds publics au profit du développement.

Le coût de la corruption est élevé et exorbitant car elle accélère l’épuisement des ressources naturelles, pourtant indispensables à toute communauté qui dispose d’un projet large et inclusif. Parlant de corruption en Haïti, je ne peux m’empêcher de saluer Me Newton St Juste et Me André Michel, deux figures emblématiques de la lutte anti corruption qui ne cessent de faire montre de courage, de détermination et de patriotisme. Ils sont rentrés vivants dans l’histoire pour avoir osé demander des comptes à ces bandits puisqu’ils sont les valeureux et inlassables artisans de cette bataille sans précédent et qui ne sera pas vaine.

Transparency International met en évidence le lien profond qui existe entre la corruption et la pauvreté et souligne que la corruption touche tant les institutions publiques que le secteur privé. En effet, depuis la décision Joseph Michel Martelly, même pas encore investi comme président, de prélever $1.50 sur chaque transfert sur Haïti et sur les appels téléphoniques, la corruption, comme une métastase, se répand devant l’impuissance d’un parlement vassalisé et d’un système judiciaire injuste et sujet à la manipulation des puissants intérêts et des élites .Bref, la fripouillerie légale gagne du terrain sous l’œil dégouté et/ou complice d’une société haïtienne en pleine désintégration ,pour comble de malheur, dirigée par des garnements qui ne cessaient de crier à tue-tête sur tous les toits qu’ils n’attendaient que la légalité qu’ils ont acquise à coup de millions pour piller les ressources du pays. De simples visiteurs du palais national témoignent que champagne coule à profusion à la moindre occasion, sans noter les fréquents voyages du chef, bref, des dépenses somptuaires pour le moins mal venues en ces temps de crise ou l’appel à l’austérité se multiplie. C’est dans cet imbroglio qu’est survenue de façon mystérieuse et suspecte la mort d’un juge réputé pour sa rectitude, son honnêteté et son patriotisme.

Récemment, l’ouragan Chantal n’a pas causé assez de dégâts pour faciliter ou occasionner un état d’urgence, source d’enrichissement ; mais le carnaval annoncé pour la fin du mois de Juillet sera l’opportunité pour le peuple de piaffer pendant que la bande à Martelly se remplisse les poches. La lutte contre la corruption, pour que les fonds publics soient gérés avec une honnêteté intransigeante, doit être d’une vigilance sans concession. Il nous faut renouer avec cette tradition d’Haïtiens de probité morale respectant les biens publics recommandant que l’argent du peuple et les taxes des contribuables doivent aller aux travaux de développement et servir la collectivité dans la solution de ses problèmes et la satisfaction de ses besoins.

Que la mort  du juge  Jean Serge Joseph  serve de leitmotiv à ceux-là, engagés dans cette bataille contre la mauvaise gouvernance et la corruption, pour que cet énième scandale n’accouche pas d’une souris comme tous autres.

Jose J. Davilmar, économiste
Prés. De la Perspective Haïtienne

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