Culture & Société
Jackito fait le point
- Détails
- Catégorie : culture & societe
- Publié le dimanche 25 novembre 2012 16:38
Jacques Sauveur Jean a posté le jeudi 11 octobre 2012 sur sa page Facebook: « Je suis très content aujourd'hui, je viens d'être décoré par la Digicel comme Entrepreneur de l'année 2012 pour le Grand Nord, ça me donne beaucoup de courage pour continuer. » L'artiste est plus que fier de sa récompense dans le domaine de l'agriculture, catégorie Émergent, de ce concours organisé par la compagnie rouge et blanc.
Faisant partie d'une délégation de 21 entrepreneurs qui devaient se rendre aux Etats-Unis afin de participer à un séminaire sur l'entreprenariat, Jackito, le jeudi 8 novembre 2012, s'est vu refuser un visa pour n'avoir pas pu se souvenir de la date de son premier voyage chez l'Oncle Sam. Dans une interview exclusive qu'il nous a accordée, le président de OPAN (Organisation des Paysans du Nord-Ouest) a fait le point sur ce dossier en précisant qu'il n'a jamais été déporté, contrairement à ce que véhiculent les rumeurs.
L'artiste en a profité pour aborder plusieurs autres sujets, notamment l'annonce d'un nouveau disque après cinq ans de pause. Il a aussi dévoilé que les dix dernières années de sa carrière seront consacrées à la musique.
Comment ça va pour l'artiste Jacques Sauveur Jean ?
Tout va bien, comme toujours. Je travaille sérieusement. Malgré tout, ma carrière est toujours restée à la une pour moi. Je m'occupe souvent de mon studio d'enregistrement ; j'ai des albums à produire, même après cinq ans sans disque. Mon dernier opus a été « Mon général », mais j'ai plusieurs autres musiques qui sont prêtes, près d'une cinquantaine ! Elles ne sont pas encore sorties pour une raison stratégique.
Tu as été récompensé récemment par la Digicel, parle-nous-en.
Oui. Je viens de décrocher une prime de Digicel « Entrepreneur de l'année 2012 » dans le domaine de l'agriculture, catégorie Émergent. Je me suis aussi rendu compte qu'il y a beaucoup d'efforts à faire, car la Digicel étant l'une des compagnies les plus crédibles de la Caraïbe et dans le monde, lorsqu'elle fait état d'une situation, cela ne pas doit être sous-estimé. Donc, ce sont mes nombreux efforts dans le domaine qui m'ont permis de remporter ce prix, auquel je ne m'attendais même pas.
Comment te sens-tu avec ce prix ?
Je suis rentré en Haïti pour faire de mon mieux dans le développement du pays, parce que je suis fatigué de voir que presque tout ce qu'on consomme nous vient de la République Dominicaine. Nous achetons du riz de Miami alors que nous avons de terres comme eux et nous sommes dans un pays essentiellement agricole. Alors, ça m'avait vraiment chatouillé lorsque Digicel, en tant qu'une grande institution, a découvert en Jacques Sauveur Jean quelqu'un qui fait des efforts dans le domaine, catégorie Émergent, dans le domaine de l'agriculture.
Ces derniers jours des informations font croire que le consulat américain à Port-au-Prince a refusé de t'octroyer un visa. Que peux-tu nous dire là -dessus ?
Du fait que j'ai remporté cette prime, il était aussi question que j'effectue un voyage aux Etats-Unis. Nous étions au moins 21 entrepreneurs qui devaient voyager pour suivre un séminaire dans une université à Miami aux frais de la Digicel. Mais, malheureusement, quand je suis allé récupérer mon visa de voyage, on me l'a refusé. Je ne sais ni pourquoi, ni la cause réelle.
Mais, ça fait quelque temps depuis que des rumeurs font croire que tu as été déporté par les autorités américaines...
C'est faux. Il ne faut surtout pas prendre ces rumeurs au sérieux, parce qu'on ne déporte pas quelqu'un en cachette, à qui mieux mieux. Quand on y arrive, il y a toute une procédure à suivre. On ne déporte pas quelqu'un sans qu'il ne soit en contravention avec l'Etat du pays hôte. Je ne suis pas un déporté. Et c'est dommage que certaines gens prennent plaisir dans le malheur des autres et exagèrent de simples situations. Cela fait environ dix ans qu'on parle de ma déportation, mais pff...
Donc, jusqu'à présent, tu ne sais pas pour quelles raisons on t'a refusé le visa américain ?
Je ne sais pas vraiment. Quand le consul m'a demandé la date de mon premier voyage aux Etats-Unis, je lui ai dit que je ne m'en rappelais pas. J'ai 45 ans et je voyage depuis à l'âge de 16 ou 17 ans, il est normal que je ne m'en souvienne pas. Il m'a fait comprendre que je dois lui donner la date exacte coûte que coûte. J'ai insisté pour lui dire que je n'ai pas une mémoire qui me permette de me souvenir de la date de la première fois que je me suis rendu aux Etats-Unis. Finalement, le consul m'a informé que si c'était le cas, il était bien obligé de me donner un refus.
C'est confirmé,Jacques Sauveur Jean participera aux prochaines élections comme sénateur ?
Oui. Je suis très intéressé à intégrer au Sénat de la République parce que cette instance a un rôle à jouer dans l'accompagnement de la paysannerie et dans l'agriculture. Je représenterai le Nord'Est (Fort-Liberté/Ouanaminthe). Comme je suis aussi musicien, je défendrai le monde musical et les artistes en général, car il n'y a pas vraiment de respect des droits d'auteur en Haïti.
Après cinq ans sans offrir de nouvelle production, à quand le nouvel album de Jackito ?
Les dix dernières années de ma carrière, je vais les aborder en musique. Je vais faire revivre aux fans ma grande période de succès ; c'est une promesse que je leur fait. Beaucoup d'entre eux me reprochaient de trop me verser dans le compas.
Ces fans-là ne vous pardonneront jamais d'avoir fait ce choix ?
Je pense que oui. Parce que, si je n'avais pas fait le choix de jouer le compas, je serais actuellement dans une gêne pécuniaire. Car, il n'y a pas de vraies salles de spectacles dans le pays où je pourrais performer comme chansonnier.
Sans salles de spectacles et avec une population qui sort seulement pour danser, je ne saurais astreindre mon talent à celui d'un chansonnier, un artiste que l'on «écoute» chanter. Et si j'ai une certaine stabilité dans ma vie, c'est grâce au compas, parce que ce genre musical m'a beaucoup rapporté. Donc, je ne peux faire quelque chose qui ne me permettra pas de vivre convenablement.
Est-il vrai que tu as chanté une musique love en duo avec le président Martelly ?
Oui. J'avais interprété en duo avec Michel Martelly une belle chanson qui s'appelle « La rivière de notre enfance ». Elle sera bientôt vidéoclippée. Ce morceau figurera dans mon prochain CD.
Gilles Freslet
(
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
)