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Culture & Société

RAM dissipe « les confusions entretenues »

L'attente de RAM, dans le hall de l'hôtel Oloffson, est tout, sauf ennuyeuse. Les yeux vagabondent. Un numéro de Ticket magazine avec à la une l'étincelant sourire de Lunise Morse, « Reine du carnaval »,accroche. L'interprète de « Fèy », femme aux galbes généreuses, aux déhanchements époustouflants, mériterait bien d'une « Aubelinade ».Un clin d'oeil à quelques coupures de journaux jaunis attachées sur la cloison, et on tombe sur le maître.En photo, Aubelin Jolicoeur, regard tendre et inquisiteur, est là, presque à l'opposée de Lunise, sur les épaules de Patricia, la très courtoise assistante des Morse.

Dans cet hôtel mythique, feu Aubelin Jolicoeur, l'un des journalistes mondains les plus célèbres qu'ait connus Haïti, y avait établi ses quartiers, rencontré des sommités, dont Graham Green, auteur du roman « Les comédiens ». Sans être sur les planches mais comme un personnage de Woody Allen, RAM, scotché à son portable, parle. En pantoufles, jeans et chemise, l'artiste fait le va- et-vient dans une salle à l'arrière dont le mur du fond est une fresque. Tout est art ici ? Forcément.

L'aiguille de la montre y va un peu fort, entre-temps. RAM, de la main, fait signe d'attendre. Il se libère. Debout, il parle. C'est faux, RAM, le groupe, n'a pas « désisté ». On a entendu cela dans les médias tout comme l'annonce que Lunise Morse fait partie du comité du carnaval sans avoir reçu de lettre de nomination, sans avoir participé à une seule réunion, explique Richard Auguste Morse (RAM). Un musicien gagne sa vie dans des représentations. En jouant au carnaval..., indique le chanteur de la meringue 2013 « Men Bwa w ». Avec Patricia, des contacts étaient établis avec les organisateurs. « Nous ne pouvons pas vous donner votre premier versement parce que le ministre n'est pas là, avait dit l'interlocuteur de Patricia », souligne RAM, qui dissipe cette confusion entretenue dans la presse. Il s'en tient à ça. Pas d'interprétations de la part du cousin du président, qui a annoncé ses distances avec le pouvoir Tèt kale par un Tweet en décembre 2012.

« Je ne veux pas politiser la situation, voilà pourquoi je ne réponds pas à toutes les questions », se justifie l'artiste. Il calme le jeu. Les polémiques et les « zen » sont comme un incendie dans un champ de canne à sucre. Cela se répand facilement et fait des dégâts importants. Ces temps-ci, insiste RAM, on a besoin de nous unir, de nous serrer les coudes pour Haïti. L'artiste connu pour ses engagements politiques pro-démocratiques, du haut de ses 22 ans de carrière avec le groupe

RAM, ne dramatise pas. Fondé le 31 décembre 1990, RAM a raté plusieurs défilés carnavalesques. « J'ai l'habitude », indique-t-il, avec un pincement pour les jeunes musiciens du groupe voulant faire leurs premières armes et un peu d'argent. RAM, comme Boukman Eksperyans, deux mapous de la tendance racine, sera, sauf surprise, absent pendant le carnaval 2013 au Cap-Haïtien, la plus grande manifestation populaire de l'année. Mais leurs meringues inondent la bande F.M. et la censure présumée gonfle le mythe de ces sambas libres de leurs pensées et paroles.

Roberson Alphonse