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L'exécution des 19 Officiers sous Le régime de Duvalier

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Le plus dramatique est sans doute celui du capitaine Serge Hilaire qui, après avoir tapé la liste des condamnés, commit l'imprudence d'avertir la femme du capitaine Joseph Laroche laquelle se rendit en catastrophe au Palais pour en savoir plus sur la liste secrète. Duvalier la rassura habilement et lui demanda qui l'avait informée de l'existence d'une telle liste. Le capitaine Hilaire, une fois dénoncé par ceux-lui même qu'il voulait protéger, plus rien ni personne ne pouvait le soustraire à la vindicte présidentielle.Duvalier lui fit rajouter lui-même son nom à la fameuse liste, et demeura inflexible malgré l'intervention du père Luc Hilaire, frère du capitaine et aumônier du Palais. Le père Hilaire courut alors se réfugier à l'ambassade du Chili, imitant ainsi le très influent lieutenant-colonel Jean Tassy , lequel avait déjà gagné l'ambassade du Brésil, de même qu'une cinquantaine de politiciens et de personnes proches des inculpés.

Le procès des militaires se déroula aux casernes Dessalines. Accusés de complot contre la sûreté intérieure de l'Etat, de mutinerie et de tentative d'assassinat du président de la République, ils furent tous déchus de leur grade et condamnés à la peine capitale. Pour les transporter aux séances de la Cour martiale, Duvalier les faisait trimbaler en camion à travers Port-au-Prince les menottes aux poignets, les pieds nus et le crâne rasé.

Le 8 juin 1967 , le président convoqua ministres et hauts gradés et, vers 13 heures, se rendit au Fort-Dimanche en leur compagnie. Arrivé à destination, Duvalier, en uniforme de simple soldat, s'installa sur une chaise et disposa en face des officiers qu'il destinait à la fusillade les membres du haut Etat-major de l'armée avec, derrière eux, les soldats de la Garde présidentielle. Ensuite, s'alignaient les miliciens du Palais national et, enfin, pour former la dernière rangée, les miliciens de Fort-Dimanche commandés par la redoutable Madame Max Adolphe.Parmi les civils qui assistaient à l'exécution, on remarquait Fritz Cinéas , Max Adolphe , Webert Guerrier , de même que les secrétaires d'Etat René Charlmers , Edouard Berrouet , Adrien Raymond et les autres. Agissant comme maître de cérémonie, le colonel Gracia Jacques distribua des armes au général Gérard Constant , aux colonels Breton Claude , Claude Raymond , ainsi qu'à tous les autres membres du haut Etat-major qu'il posta chacun vis-à-vis du condamné qu'il devait exécuter. Le colonel Jacques Laroche fut ironiquement placé devant le capitaine Joseph Laroche , le colonel Jean-Baptiste Hilaire devant le capitaine Serge Hilaire , tandis que Max Dominique se retrouva devant son cousin Harry Tassy , à la demande insistante de celui-ci d'ailleurs.

Pendant toute la durée de la macabre opération, Duvalier resta assis, imperturbable. Entouré de ses miliciens. Avant de faire attacher les condamnés au poteau d'exécution, le président les fit défiler devant lui, l'un après l'autre, pour leur adresser ses dernières remontrances. A Donald Manigat , il déclara: "Levez les yeux au ciel, capitaine Manigat! Vous allez regarder pour la dernière fois le soleil d'Haiti..." Quand arriva son tour, Sony Borges écouta distraitement les reproches que lui adressait Duvalier avant de lui répondre: "Président! Vous savez que je ne vous ai pas trahi, je ne fais que payer pour mes fautes passées". Les condamnés une fois garrottés, un grand silence s'établit pendant lequel on attendit que Duvalier donnât l'ordre de tirer. Après qu'il eut commandé au peloton de mettre en joue les condamnés, le dictateur fit semblant de se raviser en lâchant mollement "Autant". Un des condamnés, qui espérait obtenir la grâce présidentielle, s'écria alors: "Vive Duvalier!". "Trop tard!" répondit le président qui, à ce moment précis, ordonna de faire feu..

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LE NOUVELLISTE #36678

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