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Haiti et ses Classes Moyennes

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Il faut rétablir la complète Fonctionnalité des Classes Moyennes Haïtiennes afin qu’elles puissent accomplir leur fonction qui est de remplir les fonctions supérieures de la Nation. Il faut les réconcilier aux masses de leur pays afin qu’elles puissent établir cette indispensable courroie de transmission entre les désirs et besoins de la bourgeoisie (profits, productivité, labeur, poursuivre le bonheur, mobilité vers les grandes transformations socio-économiques globales), et les besoins des classes laborieuses (salaires équitables, poursuivre le bonheur, mobilité vers les classes moyennes, protection contre les injustices sociales et la prédation locale et internationale).

 Si, et seulement si les classes moyennes Haïtiennes parviennent à accomplir ce fait qu’ils rempliront leurs fonctions propres (gouverner, fiscaliser, construire, servir, administrer, poursuivre le bonheur, les arts, les sciences, les humanités, l’environnement, l’infrastructure, tout ce qui constitue la poursuite du bonheur, mobilité vers la bourgeoisie). Jusqu’ici, les classes moyennes Haïtiennes s’avèrent incapables de remplir leurs fonctions. De ce fait, elles doivent faire un choix non-équivoque, définitif, afin de remplir leurs missions de classes moyennes.

 Thèse de la non-existence des classes moyennes

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La thèse de la non-existence des classes moyennes Haïtiennes au moment où nous parlons devrait être l’un des sujets les plus passionnants dans le contexte actuel de notre société. Car elle est au cœur de cette notion de « Refondation »de l’Etat Haïtien que l’occupant étranger nous présente sous la forme radicale de « Nation Building ». Cependant, nous allons nous concentrer sur la question en main : la question des classes moyennes Haïtiennes.

Voici la première phrase du livre séminal du Dr. Jean-Price Mars, le père de l’indigénisme Haïtien : « L'une des choses qui m'ont le plus vivement impressionné, au retour de ma mission en France, il y a deux ans. C’est le désarroi dans lequel j'ai trouvé l'élite de ce pays depuis l’intervention américaine dans les affaires d’Haïti.» Jean-Price Mars vécut entre 1876 et 1969 et il a publié ce livre en 1919. Price Mars a vécu la défaite d’Anténor Firmin, les purges féodales de Nord Alexis, l’occupation Américaine, la déconstruction de l’état militariste indigène pour le remplacer l’état militariste importé, la déconstruction des classes moyennes Haïtiennes et sa reconstruction par l’occupant à partir des blocs les plus réactionnaires de son segment a peau plus claire, sa déconstruction et sa reconstruction à partir des blocs les plus réactionnaires de son segment noir.

 L’histoire continue ainsi après 1969 : la reconsolidation de ces classes moyennes à partir de ces éléments les plus rétrogrades par Jean-Claude Duvalier et sa déconstruction, une fois de plus, par les effets des politiques néolibérales, et sa reconstruction à partir de ses blocs les plus rétrogrades par l’occupation multinationale sous la houlette de la globalisation.

Ainsi, cette constante démolition et reconstruction nous dit quelque chose : pendant plus d’un siècle, ce qui devrait représenter le tronc de la société Haïtienne est constamment déconstruit pour être reconstruit suivants les lignes d’intérêts qui sont totalement maléfique à

Haïti en tant qu’Etat-Nation. L’état actuel de notre pays et notre société aujourd’hui et une illustration graphique du terme « maléfique ».

 En fait, nous avons débattu de long en large sur ces forums la validité de la thèse que la Société Haïtienne d’Aujourd’hui est une Oligarchie qui ne diffère pas trop de l’Oligarchie Féodale de l’Haïti du 19ieme siècle. Une Oligarchie est une société verticale ou les privilèges et le pouvoir sont concentres au sommet. Une société Oligarchique est celle ou un petit nombre de gens détiennent le contrôle et s’approprient tous les privilèges.

 L’existence des Classes Moyennes est incompatible au fonctionnement d’une Oligarchie

L’existence des Classes Moyennes est incompatible au fonctionnement d’une Oligarchie. Est-ce pourquoi la société oligarchique d’Haïti a

constamment rejeté le gros de ses classes moyennes pour n’en conserver qu’une infime portion, dont les lutteurs invétérés, et les factions la plus rétrogrades afin de maintenir le système oligarchique. Est-ce pourquoi, de temps à autre, on enregistre ces représailles spectaculaires. Les classes moyennes constituent le tronc de l’arbre social. Une société oligarchique est virtuellement un arbre sans tronc, donc une vigne qui ne peut se tenir debout que par des supports externes à l’arbre. Ce support ne peut être qu’une force coercitive, souvent, militaire, indigène ou importée, comme le cas de la Minustah en Haïti, après la FADH. Ce reflexe oligarchique explique la tendance de l'Haïtien à se tourner constamment vers le militarisme afin de gouverner la société Haïtienne. Cette attitude donne précédent à l’état prédateur sur l’état de droit.

 Ce que mêmes certains spécialistes des sciences sociales refusent d'accepter, c’est que le rejet permanent du fonctionnement de la démocratie libérale en Haïti est une conséquence directe du rejet de la participation des classes moyennes Haïtiennes au sens large. Est-ce pourquoi, depuis son avènement, les présidents d’Haïti, d’Aristide Ã  Martelly en passant par Préval II, ont été élus par acclamation, parfois même au mépris du comptage des votes. Il a toujours fallu une foule pour conduire ces présidents au palais. C’est ce qui explique également que les élections mi- termes pour choisir un parlement, les maires, les représentants des Casecs et Asecs font toujours place à des difficultés politiques qui menacent de déstabiliser totalement la société. Par exemple, il a fallu menacer Michel Martelly de guerre totale pour lui forcer à organiser les élections intermédiaires. L’étranger contribue de son mieux à handicaper cette participation en s’appropriant du procès de l’organisation des élections, en s’immisçant dans les affaires électorales qui relèvent de la souveraineté nationale, et par le dernier amendement de la constitution de 1987 éliminant les assemblées communales.

 L’impotence des classes moyennes dans la structure oligarchique de la société Haïtienne chasse ces classes moyennes vers des sociétés plus avancées ou elles peuvent accomplir leurs vocations, dans une certaine mesure. C’est ainsi que dans toutes les villes et pays où il y a une concentration d’Haïtiens, on les retrouve à tous les niveaux dans les affaires de ces milieu, comme, par exemple, en Afrique ou une Haïtien a failli devenir président du Congo, Patrick Gaspard, ancien conseiller du président Obama, Eric Mc Farlane, Commissaire adjoint du Département des Travaux Publiques de la Ville de New York, pour arriver jusqu’à nos internautes de ces forums qui sont des docteurs, de grands fonctionnaires, des administrateurs, des employés de la fonction publique, et qui arrivent à trouver du temps pour mener une vie intellectuelle satisfaisante.

 Nombre de ceux qui ont reçu une éducation au-dessus de la moyenne en Haïti se retrouvent à l’étranger, et de nos jours, ils peuvent compter presque la majorité des gens de leurs promotions en train de militer quelque part à l’étranger. Ceux qui auraient dû constituer nos classes moyennes, sont rejetées par notre société comme un corps rejette un virus. A un certain point, l’anti-intellectualisme, un trait essentiel d

es classes moyennes, est même devenu la mode en Haïti, et cette attitude est promue par un certain secteur des classes moyennes mêmes.

 Pendant ce temps, les ONG et les organisations internationales occupent les fonctions et tracent les politiques que nos classes moyennes à la fonction publique et des organisations privées auraient dû accomplir.

 

Image de l'article: Les Nantis d'Haiti

Pour son temps (1919), Price-Mars avait parlé de l’Elite, et ce mot décrivait principalement les classes moyennes. Au 21ieme siècle, nous parlons des élites dont les classes moyennes font partie afin de différencier entre les différents intérêts, origines, positions sociales. Nous disons aussi, les classes moyennes dans le but aussi de différencier les différents sous-ensembles de ce sous-ensemble de nos élites. Mais si nous voyageons en Haïti en 2013, presque 100 ans après Mars, nous pourrions répéter textuellement l’observation qu’il a mis sur papier en 1919, au cÅ“ur d’une occupation militaire paralysante : « « L'une des choses qui m'ont le plus vivement impressionné, au retour de ma mission en France, il y a deux ans. C’est le désarroi dans lequel j'ai trouvé l'élite de ce pays depuis l’intervention américaine dans les affaires d’Haïti.»

En fonction de ce que nous avons exposé plus haut, nous pouvons affirmer que la configuration actuelle de la société Haïtienne est incompatible avec le développement des classes moyennes dignes de sa mission. Ceci est également vrai pour la force laborieuse d’Haïti qui ne peuvent pas accomplir leur mission de pourvoyeur de labeur, car il leur est impossible de se reproduire en Haïti en tant que telle. Est-ce pourquoi ils sont obligés de s’expatrier pour aller remplir leurs fonctions de forces laborieuses ailleurs.

 La configuration oligarchique de notre société est à la base de cette paralysie économique et sociale et de cette hémorragie de bras et de cerveau qui nous appauvrit davantage jour après jour.

D’après les analyses socio-historiques que nous exposées sur ces forums, nous avons démontré que l’oligarchie Haïtienne du 21ieme siècle est une variante de l’oligarchie agro-industrielle de la période post-1915 du 20ieme siècle, qui, elle-même, fut une variante de l’Oligarchie Terrienne du 19ieme Siècle. L’essence de cette oligarchie est le Féodalisme. Féodalisme Agraire du 19ieme siècle comme identifie par Roger Gaillard ; identifie comme semi-féodal par Montas et Gérard-Pierre Charles au 20ieme siècle de l’agro-industrie, de la période préindustrielle, et le compradore ; identifie par nous comme étant néo-féodal à l’heure de la globalisation, post-industriel, lorsque les compradore deviennent les banquiers, commis des grandes institutions financières internationales.

En conclusion, les Classes Moyennes n’existent virtuellement pas en Haïti, vu qu’elles sont incapables de remplir leurs fonctions organiques dans la société. En Haïti, toutes les fois qu’un secteur des classes moyennes s’avise de remplir sa mission sociale qui est de relayer a la bourgeoisie Haïtienne les intérêts du peuple Haïtien, se secteur est impitoyablement fauche pour ne laisser que la fange impotente et rétrograde de ces classes moyennes. Ainsi, la bourgeoisie fait à la guise de ses intérêts restreints au mépris du reste du pays, et le peuple en subit les retombées. Et de temps à autre, les masses conduisent des revendications et des représailles qui forcent les élites dominantes à les contenir de façon sanglante, ou faire appel aux intérêts étrangers au cas échéant.

L. Sept

11 Dec. 2013
Source: Forum ToutHaiti
https://groups.google.com/forum/?hl=en?hl%3Dfr#!forum/tout-haiti
Photo: Diner en Blanc en Haiti
Photo: Les Nantis

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