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Autour de la Découverte Récente de L’épave de la Santa Maria

 Santa-Maria christophe colomb 600

Par Alin Louis Hall --- Autant que je me rappelle, Christophe Colomb construisit le fort de la Nativité avec les débris de la Santa Maria. C’est ce qui nous a été religieusement enseigné sur les bancs de l’école. Aussi, ne maitrisant pas parfaitement la dimension des enjeux, je reste sur mes gardes au lieu de me prononcer sur les retombées touristiques potentielles de la découverte récente de la soi-disant épave de la caravelle de Colomb.

Cependant, au nom du principe du respect de l’historicité, je rappellerai le film des évènements du naufrage de la Santa Maria. Le 21 décembre, Colomb et son équipage mouillèrent dans la Baie de l'Acul. Le 22, il rencontrait pour la première fois Guacanagaric, Cacique du Marien. Le 24, il traversa la baie du Cap-Haïtien. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, la Santa Maria fit naufrage entre Cap-Haïtien et la localité de Caracol.[i] La caravelle, qui n'avait pas sombré, fut irrécupérable. Avec l'aide des indiens de Guacanagaric, le 25 décembre 1492, la plus grande partie de la cargaison fut débarquée en toute urgence en ce jour de noël.[ii] D’où le nom de la Nativité qu’il donna au petit fortin édifié avec le bois récupéré du navire échoué.[iii] Le jeudi 27 décembre 1492, Colomb dut se résoudre à laisser trente-neuf hommes sur place. Le 4 janvier 1493, Colomb et ses hommes rassemblés sur « La Niña Â»[iv] prirent la mer pour rentrer au plus vite en Espagne.

A la vérité, la Santa Maria n’a jamais coulé. Autrement dit, ce n’est pas du tout évident que son épave soit à 20 pieds de profondeur sur la cote septentrionale d’Haïti. La nation doit être édifiée après tout ce tapage médiatique intégré aux réseaux sociaux. Elle attend des clarifications surtout après les récentes révélations de l’historien américain d’origine portugaise Manuel Rosa. « La découverte de la cloche de la Santa Maria au large des côtes du Portugal en 1994 prouve que le navire n'avait pas coulé au large d'Haïti. La cloche a été transportée sur la terre ferme, pour être ensuite expédiée au Portugal en 1555 dans un navire qui coula au large de la côte portugaise. Â» Tels sont ses propos rapportés par Harriet Alexander dans le journal en ligne The Telegraph[v].

«  Avec les débris de la Santa Maria, Colomb construisit le fort de La Nativit酠»Tout Haïtien ayant étudié l’histoire d’Haïti doit bien reconnaitre ce passage. A moins d’avoir fréquenté les écoles où l’histoire d’Haïti n’est pas enseignée. En réalité, la facilité, avec laquelle on a tenté de nous faire avaler cette pilule non-enrobée ne m’étonne pas. A croire qu’on pense que nous sommes tous devenus des zombies. Alors, comment interpréter ce nouveau signe des temps ? C’est l’un des tous premiers défis que la modernité pose à notre société , impuissante, face à la disparition des matières de mémoire comme l’histoire, l’art, la philosophie et la culture générale au profit de l’indigence intellectuelle dont nous avons fait une véritable vocation. Un sacerdoce même.

Par Alin Louis Hall


[i] MORISON, Samuel Eliot. Christophe Colomb, Amiral de la Mer océane, Saint-Clair, Neuilly-sur-Sein, 1974, p. 173-176.

[ii] Ibid.

[iii] HEERS, Jacques. Christophe Colomb, Hachette, 1981, p. 239-240.

[iv] Vicente Yáñez Pinzón et Martín Alonso Pinzón étaient les propriétaires de La Pinta et de La Nina. Martin, qui commandait La Pinta, avait suggéré à Colomb le changement de cap des le 7 octobre 1492. Ce qui amena l'expédition, cinq jours plus tard, sur l'île de San Salvador (Bahamas). Le 21 novembre, Martin Alonso Pinzón se sépara du reste de la flotte à Cuba dans l'intention de faire ses propres découvertes. Le 6 janvier 1493, il rejoignit Colomb pendant que ce dernier rentrait en Espagne.

[v]www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/spain/10883372/Historian-casts-doubt-on-Christopher-Columbus-account-of-Santa-Maria-shipwreck.html

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