Culture & Société
D’une fille complexée peut naître une femme complexe !
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- Catégorie : culture & societe
- Publié le samedi 8 août 2015 14:28
Il n y a de pire prison que la peur…
J’étais jadis prisonnière. Oui, prisonnière ! Non pas dans une prison ordinaire, mais entre les murs de mon complexe d’infériorité. Et la peur s’en est suivie. Cloîtrée entre les barreaux de mes complexes d’une part, et ceux de ma peur de l’autre, mon sentiment de mal-être allait croissant.
A l’école, encore toute petite, on m’appelait « Frize ». De la 1ere jusqu'à la 6eme année fondamentale, tous mes instits m’avaient en aversion. Chose bizarre ! Je n’étais pourtant pas une inepte, ni je n’étais guère plus laide que la moyenne, même si c’est maintenant que je m’en rends compte. A la maison, les sobriquets qu’on m’attribuait pleuvaient à tout va : « Janm de bwa, Kann chèch, Palmis ». Plus je grandissais, autant grandissait en moi le sentiment que j’étais la plus laide de mes paires, du moins, c’est ce qu’on m’a fait croire. J’ai passé toute mon enfance et mon adolescence à chercher la formule qui me permettrait de nouer une relation sereine et pacifiée avec mon corps, ce corps chétif, objet de mes railleries. Hélas ! Je n’y suis pas parvenue.
Ma belle-mère, qui m’a élevée, ne ratait jamais une occasion pour se projeter sur moi en me disant que je ne valais rien, que j’étais trop maigre et mes jambes trop longues. Au final, j’avais toujours cru que, devenue grande, je remporterais un Record Guinness de la personne la plus haute au monde. Mais, il n’en était rien.
Vous savez ? Qui n’a pas été élevé par une vraie maman aura toujours ce vide affectivo-émotionnel que seul l’amour maternel, aussi naïf soit-il, peut combler. Une maman qui te dit le matin au réveil : « tu es mon plus beau cadeau, ma plus grande fierté, la raison pour laquelle je vis et souris ». Une maman qui te couvre de baisers et te dit combien tu es jolie ! Ah, combien cela m’a manqué.
Pour revenir à ma galère ! Croyez-moi, c’est d’autant plus dur quand tes amis, faisant abstraction des paramètres biologiques et génétiques qui te caractérisent, n’ont de cesse de te rappeler que tu dois grossir un peu, que tes cheveux sont trop courts et tes orteils trop écartés. Oh ! Que du courage il m’en a fallu pour supporter ces animosités pendant 15 put… d’années. Et je vous jure que ces animosités sont plus déchirantes quand elles nous viennent de nos proches, lesquels devraient nous rassurer, nous épauler, quelles que soient nos conditions physiques. A Dieu ne plaise qu’aucun de vous n’ait vécu de telles atrocités.
Vous aurez tort de penser que mon cauchemar s’arrêtait là . Oh Non ! Pour comble de misère, on m’appelait aussi « VONVON », à cause de ma voix nasillarde. J’avais toujours peur de prendre la parole, jusqu'à ce qu’un jour, j’ai compris que cela pouvait être un atout. Et Bingo ! Ça l’était vraiment. J’en ai vite pris conscience, et de suite, j’ai commencé à identifier mes singularités, une à une, comme si quelque chose me boostait à le faire. Paulo Coelho appelle ça, dans son livre « L’alchimiste », « la chance du débutant ». Mes singularités, aussitôt identifiées, phase 2 : leur mise en valeur. Ma surprise a été de constater comment quelques mois de mise en valeur de mon potentiel humain pouvaient juguler une éternité cauchemardesque de mal-être. Et aujourd’hui, me voici, sans présomption, ni prétention, devenue ce que je suis : une femme sûre d’elle-même, confiante en l’avenir et convaincue de son grand potentiel. Je ne peux qu’en être fière. Autant dire que du gouffre des complexes et du regard mal avisé et mal intentionné des autres, une merveille peut naître.
C’est à raison qu’Eleanor Roosevelt eût à dire : « Personne ne peut vous donner un sentiment d’infériorité sans votre permission », je l’ai compris peut-être trop tard, mais assez tôt pour comprendre que mes complexes n’étaient pas de véritables handicaps. Cela m’a façonné et m’a fait évoluer. Mon enfance combien difficile ne m’a nullement empêché de voir la vie comme un cadeau. En elle j’ai puisé ma motivation et ma détermination.
Aujourd’hui je me rends à l’évidence que tout ce qui nous caractérise en tant que personne peut servir à quelque chose, indépendamment du regard des autres. Des jambes trop longues par exemple, peuvent donner de la grâce à la démarche. Peu importe la longueur de vos jambes, ce qui importe vraiment c’est de savoir s’y tenir. En ce qui me concerne, je garde la conviction que mes longues jambes me conduiront vers le succès, tout au moins.
Dans la foulée, il convient de retenir que nous souffrons tous, plus ou moins, de complexes, les uns plus handicapants que les autres. La personne à laquelle tu désires ressembler par exemple, désire elle aussi ressembler à quelqu’un d’autre qui n’est pas toi, malheureusement.
Voilà pourquoi, il vaut mieux relativiser nos complexes en ayant une idée juste de nous mêmes et de nos capacités. Nous avons tous des dons et des qualités à mettre en valeur. Nos imperfections et nos complexes peuvent être transformés en défis et stimulants susceptibles de nous projeter vers des sommets insoupçonnés. C’est ce que les psychologues modernes appellent : l’expérience optimale.
Alexandra Sophie NORMIL
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