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Les îles des Caraïbes culturellement et linguistiquement fragmentées

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Les îles des Caraïbes, par définition, espace très prisé des voyageurs en quête de soleil et de plages de sables fins ont longtemps été considérées comme une région politiquement, culturellement et linguistiquement fragmentée , ayant un fond unique mais varié. En raison de la longue colonisation des nations des Caraïbes, il y a un débat permanent sur les pays dont elles sont issues. Certains intellectuels insulaires plaident pour l'intégration des pays latino-américains à ceux des Caraïbes compte tenu de leurs affinités culturelles. Sont les piliers de la culture littéraire des Caraïbes : Haïti (Jacques Stéphen Alexis, Jacques Roumain, Jean Price Mars, René Depestre, Dany Laférrière), Cuba (Nicolas Guillén), Porto-Rico (Luis Matos Paléso), Guyane française (Léon Gontrand Damas), Martinique (Aimé Césaire, Édouard Glissant), Jamaïque (Louise Bennett), Trinité (CLR James), Sainte-Lucie (Derek Walcott ), Guyane (Wilson Harris) etc.

Colonisés par l'Espagne, l'Angleterre, la France et la Hollande dans les XVe et XVIe siècles, les pays des Caraïbes accusent les séquelles de leur colonisation dans les domaines : culturel, même après leur indépendance. L’on peut comprendre alors que dans la plupart de ces pays, la littérature est engagée, profondément préoccupée par les questions d’identité culturelle et ethnique de politique et même de construction ou de reconstruction des nations. La nécessité de former une identité culturelle, régionale, distincte de leurs ancêtres colonisés a conduit de nombreux intellectuels antillais à développer l'idée des Nations Unies des Caraïbes. Bien que cette notion ne soit pas encore devenue une réalité politique, mais, les pays des Caraïbes sont fondamentalement liés par certains facteurs : géographique climatique, ethnique, économique etc. L’affinité culturelle commence à se manifester dans les plantations esclavagistes où une culture commune de création et d'expression se faisait sentir, culture qui tend à se perpétuer. Les expressions créatives des immigrants africains ont survécu à l'esclavage. jusqu'au XXe siècle on les a retrouvées dans certaines œuvres d'écrivains tels : Jean Price Mars, Jacques Roumain, Edward Kamau Brathwaite et Lamming George.

En plus des personnes d'ascendance africaine, les îles des Caraïbes sont également une maison aux auteurs espagnols et néerlandais dont les nombreux écrits reflètent largement leur préoccupation relative à l'identité régionale et culturelle notamment dans la prose et la poésie. Les auteurs de langue espagnole des Caraïbes, utilisent le plus souvent des stéréotypes coloniaux dans leurs écrits pour mettre en évidence toute prise de position. L'agitation politique et les conflits qui continuent d'affliger de nombreuses îles des Caraïbes ont également forcé un grand nombre de ces auteurs à quitter leur pays natal pour les États-Unis, le Canada, l’Europe et d'autres parties du monde.

Au début la littérature des Caraïbes expatriée était clairement une littérature de l'exil, puisque la plupart des auteurs qui écrivent à ce moment-là avaient fui leur pays d'origine pour échapper à des sténoses politiques qui leur sont imposées par leurs pays citons : Émile Ollivier, René Depestre, Reinaldo Arenas, Dany Laferriere, Carlos Guillermo Wilson, Gérard Étienne, Alejo Carpentier, Gérard Bloncourt, et tant d'autres. Bien qu'ils aient continué à écrire sur leur pays d'origine, ils ont également intégré leur vie dans leur pays d'adoption par le biais de leurs oeuvres. Bien que modernes ,les écrits expatriés en provenance des Caraïbes continuent d'être une préoccupation pour les dirigeants de leurs pays d’origine.

littérature contemporaine des Caraïbes n'a pas une tradition indigène.La précolombienne (Indiens d'Amérique) a laissé peu de gravures rupestres ou des inscriptions (pétroglyphes), et leurs traditions orales n'ont pas survécu à la colonisation du 16ème siècle espagnol. On retrouve aussi une carence de tradition écrite chez les Africains de l'Ouest qui les ont remplacés. La littérature des Caraibes depuis plusieurs siècles furent une émanation et l'imitation des modèles des puissances coloniales : Espagne, France, Grande-Bretagne, et les Pays-Bas. Donc, les écrivains des Caraïbes, n'étaient pas conscients de leur propre environnement, jusqu'à ce que dans les années 1920 ils finissent par avoir une originalité. Puis, dans le cadre de modernisme hispano-américain, espagnole et française les écrivains des Caraïbes ont commencé à rompre avec des idéaux européens et de s'identifier à leur réalité. Les dirigeants de ce mouvement, principalement des poètes, étaient : Luis Matos Palés (Porto Rico), Jacques Roumain (Haïti), Nicolás Guillén (Cuba), Léon Damas (Guyane française), et Aimé Césaire (Martinique). Jean Price-Mars, un ethnologue haïtien (Ainsi parlait l'oncle, 1928), a déclaré que son but était la réalisation, restituer à son peuple sa dignité , sa folklore dans un discours finement exprimé. Aimé Césaire dans Cahier d'un retour au pays natal, (1939), construit dans des formes poétiques des éléments rythmiques de l'Archipel des Caraibes, les rituels et les formes linguistiques, en utilisant les techniques surréalistes et symbolistes.

Dans les îles britanniques, le développement de la littérature nationale après 1945, a apporté une contribution propre dans le roman dialectique et populaire : Vic Reid, ''New Day'' (1949), Samuel Selvon, ''A brighter Sun'' (Un soleil plus brillant) (1952) et ''The Lonely Londoners'' (Les Londoniens solitaires) (1956), George Lamming ''In the Castle of My Skin'' (Dans le château de ma peau) (1953), et de VS Naipaul ''The Mystic Masseur'' (1957) et ''A House for Mr. Biswas'' (Une maison pour Monsieur Biswas) (1961), entre autres, et dans la poésie de Louise Bennett ''Labrish'', (1966).

Paradoxalement, le développement de la Caraïbe anglophone a été officiellement conservatrice, mais en un travail plutôt "ouvert" que d'une expression autochtone, ou indigènes, dans le travail de CLR James (Trinité) et la poésie de Derek Walcott (Sainte-Lucie). Dans les romans de Wilson Harris (Guyana), le symboliste et les techniques surréalistes du moderniste réapparaissent. La poésie d'Edward Brathwaite ''Rights of passage'' (Droits de passage) (1967), ''Masks'' (Masques) (1968), ''Islands'' (Les îles) (1969) tente de réaffirmer la place de l'Afrique dans les Caraïbes.

Quelques grandes voix de la littérature caraibéenne : Earl Lovelace, George Lamming, Aimé Césaire, Malcolm de Chazal, Léon-Gontran Damas, René Despestre, Édouard Glissant, Jacques Stéphen Alexis, Gilbert Gratiant, Marie Vieux Chauvet, Édouard Maunick, Dany Laférierre, VS Naipaul, Anthony Phelps, Daniel Maximin, Jacques Roumain, Maryse Condé, Mervyn Eustace Morris, Colville Norbert Young, Émile Ollivier, René Vázquez Díaz, Frantz Omar Fanon, Frankétienne, Severo Sarduy, Raphaël Confiant, Saint-John Perse, Lyonel Trouillot, Virgilio Piñera Llera, Jean Price Mars, Louis-Philippe Dalembert, Joseph Zobel, Guy Tirolien, Gaspar Octavio Hernández, Patrick Chamoiseau, Berthène Juminer, Rodney Saint Éloi, Gisèle Pineau, André Schwartz-Bar, Simone Schwartz-Bart, Edris Saint-Amand, Luis Rafael Sánchez, Derek Alton Walcott, Vic Reid et cætera.

Thélyson Orélien
Source: Le Matin