« Lettre à mon frère »
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- Catégorie : Poesie
- Publié le mercredi 29 août 2012 02:52
« Lettre à mon frère »
Te voila bien chanceux mon frère
Tu te retrouves en terre étrangère
A l’abri de toute cette laideur
Qui nous fait tellement horreur
II
Nos ruines et nos misères
Te sont peu familières
Ce que tu vois à la télévision
N’en est qu’une faible portion
III
Vivre dans l’insécurité
L’inquiétude et l’anxiété
Au milieu de gens de bien
Hélas toi tu n’en sais rien
IV
Nous avons nos belles plages
Mais la soif et la faim font rage
Le choléra continue ses ravages
Nous aiguisons notre patience
Et faisons dans la résilience
Au lieu de péter les plombs
Et nous débarrasser de ces cons
V
Nous avons perdu notre souveraineté
Mais intacte est demeurée notre fierté
Tout est à refaire dans ce pays détruit
Par suite d’accidents fortuits
Qui sont sans doute la caution
A payer pour notre rédemption
VI
Nos anciens maîtres les vampires
Nous avaient infligé bien pire
Maintenant nous pouvons en rire
Car nous avons appris la leçon
De cultiver toujours la division
VII
Je t’ennuie avec mes jérémiades
Le cœur n’est pas à la charade
Abandonnés comme des épaves
Nous essayons d’être très braves
VIII
Le triste écho de tes prières
A travers toutes nos rivières
Nous parviennent chaque jour
Et régulièrement à notre tour
Nous implorons nos loas
Pour que tu ne reviennes pas
Dans cette vallée de douleurs.
Il y en a de toutes les couleurs
IX
Que nos dieux t’en préservent
En santé qu’ils te conservent
Pendant des années à venir
Et que tu puisses nous revenir
Afin de nous aider à rebâtir.
X
Le goudou-goudou est passé
Il nous a vachement terrassés
Mais nous nous sommes relevés
Aguerris déterminés et plus forts
Survivre est notre dernier ressort
XI
Nous ne baisserons jamais les bras
Quitte à passer de vie à trépas
Nous sommes les heureux rescapés
Et pour ceux-là qui sont décédés
Nous avons l’impérieuse obligation
Quelles que soient les options
De refonder cette fière nation
Afin qu’elle redevienne forte
Ouvrant bien grandes ses portes
Et alors quelle que soit l’heure
Exhibant toute sa splendeur
Serge H. Moïse av.