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Diplomatie: Privert, comme Martelly, ignore les besoins de la diaspora

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Ambassadeurs, ambassadeurs itinérants, chargés d'affaires, représentants permanents, consuls généraux, consuls, consuls honoraires, ambassadeurs de bonne volonté, le gouvernement haïtien dispose d'une panoplie d'émissaires éparpillés à travers le monde qui sont payés pour le représenter et défendre ses intérêts. Les intérêts d'Haïti et ceux des Haïtiens aussi.

Tout au moins, c'est ce qui est dit dans les manuels. Quand l'instabilité préside à la destinée d'une nation, les diplomates naviguent souvent à vue. Un ou deux postes sont de toute importance, les autres conduisent la routine.

Cette semaine, alors que s'est tenue la 3e Conférence des chefs de mission diplomatique d'Haïti sur le thème « Une diplomatie au service du développement du pays », on a eu du mal à comprendre les grandes lignes de la diplomatie haïtienne.
Ce n'est pas la première fois.

Pour bien comprendre comment la diplomatie haïtienne ne s'occupe pas des Haïtiens ou de la réputation d'Haïti, il n'a pas été donné à entendre cette semaine ce que le gouvernement demande à ses représentants de faire pour traiter le problème de nos compatriotes qui sont en butte à des difficultés dans toute l'Amérique latine.

C'est une dépêche de l'AFP qui a transmis l'information qu'« au cours des deux derniers mois, l'agence gouvernementale colombienne en charge de l'immigration a expulsé plus de 5 800 migrants illégaux entrés dans ce pays sans se soumettre à l'obligation légale de s'enregistrer et que la majorité des expulsés sont haïtiens, cubains et de " nationalités extra-continentales". Il y a donc des Haïtiens en situation illégale en Colombie.

En Haïti, si les autorités feignent ignorer le problème, c'est depuis le séisme du 12 janvier 2010 que les Haïtiens ont découvert les opportunités de l'immigration au Brésil en particulier et dans les pays limitrophes en général. Six ans plus tard, le périmètre a été élargi. II y a des Haïtiens dans toute l'Amérique latine. Des milliers d'entre eux cherchent à rejoindre les États-Unis. Cela provoque des crises sans que nous nous en inquiétions.

Pour rester sur notre continent, nos compatriotes sont répartis un peu partout : aux États-Unis et au Canada où ils sont intégrés et facilement assimilés, en République dominicaine où on pourchasse et repousse même ceux qui se croyaient oubliés, acceptés, incorporés, dans les îles de l'arc caraïbe où ils pratiquent le va-et-vient entre leur ville d'origine et leur pays d'accueil.

Tous ces compatriotes constituent notre fameuse diaspora.

Ceux d'Amérique latine, nouveaux venus dans notre carte migratoire, se cherchent une place. La diplomatie haïtienne va-t-elle se mettre à leur service ? Les encourager à partir sous les cieux les plus cléments ? Les défendre quand ils se retrouvent à l'intérieur de mauvaises frontières ? Les guider dans le labyrinthe des relations internationales dont ils sont des sujets ?

Les Haïtiens qui partent d'Haïti, cela existe depuis plus d'un siècle. Les plus pauvres, les plus hardis, les mieux formés d'entre nous sont à l'étranger. Georges Anglade, grand théoricien de ce phénomène, disait que notre classe moyenne vit hors de nos frontières. Les économistes évaluent à 25% de notre produit intérieur brut la part des transferts sans contrepartie de cette masse de femmes et d'hommes qui suent sang et eau pour prendre soin de ceux restés au pays dans la misère.

Nos plénipotentiaires et stratèges de la diplomatie ont-ils abordé cet aspect cette semaine lors de leurs assises ?

Comment peut-on traiter d'« une diplomatie au service du développement du pays » si on ne dit pas comment on va aider la première force économique du pays, notre diaspora, à s'enrichir de nouvelles têtes et à passer les entraves de la migration internationale sans encombre ?

En fait, de Duvalier à Martelly et jusqu'à Privert, tous les gouvernements haïtiens ne pensent à la diaspora que comme solution de leur problème, rarement ils font des plans pour la renforcer. La crise migratoire latino-américaine de ces dernières années n'est qu'un simple exemple de notre indifférence jusqu'à ce que le premier transfert ou le dernier arrive.

Frantz Duval
Source: LeNouvelliste