Economie
Lamothe pourra-t-il faire face aux ONG ?
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L’aide internationale doit finalement passer par l’État haïtien au lieu par les Organisations non-gouvernementales. Un véritable credo de l’Etat haïtien depuis l’ère de Jean-Bertrand Aristide. Avec le séisme du 12 janvier 2010, la présence des ONG est devenue on ne peut plus remarquable et ceci dans toutes les sphères. Qui les contrôle ? Quelle est leur véritable mission en Haïti ?
Le Premier ministre Laurent Lamothe, invité à répondre à nos questions sur de telles préoccupations n’était jusqu’à la rédaction de cet article disponible pour la rédaction du Matin. En dépit de sa position sur le rôle des organisations non-gouvernementales et l’aide internationale, cette interview s’avèrerait importante pour Le journal sur cette question brûlante de l’actualité.
Laurent Lamothe est clair dans ses propos. L’aide internationale devrait être acheminée à l’État haïtien sans passer par des tiers. Lorsque l'aide internationale est canalisée en majeure partie à travers les ONG au détriment de l'État auquel on ne fait pas confiance, le résultat n'est autre que l’affaiblissement de la capacité du gouvernement à faire face à ses responsabilités, a soutenu le chef de la primature.
Laurent Lamothe reconnaît que les organisations non-gouvernementales ont aidé à pallier des problèmes pendant un temps bien déterminé. Le choléra, l'exclusion sociale, la pauvreté extrême sont entre autres maux combattus par ces organismes. Le hic pour M. Lamothe est que les activités des ONG ne sont soumises à aucun contrôle de l'État haïtien et, que ces activités ne sont pas exécutées en tenant compte du plan d'action gouvernemental et des priorités de l'État. Mais, on peut toujours se demander si les gouvernements qui se sont succédé ont eu un plan d’action pour les ONG.
Le chef de la primature a fait comprendre que sans la rédaction d’un plan commun, les divers efforts consentis seront tout simplement vains. En ce sens, l’ex-numéro 1 de la compagnie de téléphonie mobile, Global Voice, pense que l'apport des ONG peut être néfaste et même contre-productif. Un constat ou une simple projection ? M. Lamothe semble s’exprimer avec des réserves considérables sans évaluer leurs résultats sur le terrain depuis leur fonctionnement.
Canaliser l'aide directement vers le gouvernement, c'est aider plus rapidement à la construction d'école, d'hôpitaux, de routes et à la mise en place de programmes de protection sociale et autres..., voilà entre autres points importants sur lesquels le gouvernement du néophyte Lamothe compte travailler rapidement.
Laurent Lamothe traite les pratiques de la Communauté internationale d’inefficaces et d’injustes sans revenir sur les raisons pour lesquelles l’Etat s’est décrédibilisé au fil des ans. Les défaillances, la mauvaise gestion et la mauvaise gouvernance n’ont pas été révélées dans son intervention parmi les principales raisons qui justifient le choix de la communauté internationale de passer son aide par les ONG.
Sur la question des ONG qui fonctionnent de manière illégale dans le pays, Laurent Lamothe annonce un inventaire sur cette question dans un délai pas trop lointain. La dernière étude de l’Observatoire citoyen de l’action des pouvoirs publics et para publics (Ocaph) a révélé que plus de 10 000 organisations non-gouvernementales fonctionnent dans le pays alors que le ministère de la Coopération externe en reconnaît moins de 500.
De l’avis du Premier ministre, cet inventaire permettra d’évaluer la performance et le champ d'activité respectif de ces organismes. À terme, ces ONG devront s’astreindre à l'exercice d'orienter leurs actions et ressources, vers des secteurs jugés prioritaires par le gouvernement haïtien, soutient M. Lamothe. Ce dernier annonce également pour très bientôt la réforme sur le fonctionnement des ONG et demande que ces dernières fassent preuve de grande transparence, considérée comme clé du développement en Haïti.
Source: Le Matin
22 Juin 2012
Joseph Chanoine Charles
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