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Petrocaribe: opacité et gaspillage, selon Privert

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A Caracas, la succession de Hugo Chavez se dessine. Et à Port-au-Prince, certains sucent la pointe de leurs crayons, sortent les loupes. C'est le temps de faire les comptes et les décomptes de la coopération haitiano-vénézuélienne, de l'accord PetroCaribe. « Il y a une certaine opacité quant à la gestion de PetroCaribe », a assené sans détour le très influent sénateur Joclerme Privert, président de la commission Économie et Finance du Grand corps.

Sur Magik 9, lundi matin, il a poussé dans les cordes le gouvernement. Les résolutions prises en conseil des ministres les 28 février 2012 et 28 juillet 2012 autorisant respectivement le décaissement de 234 millions de dollars et de 130 millions de dollars pour exécuter des projets ne sont toujours pas publiées dans le journal officiel Le Moniteur, a indiqué Jocelerme Privert. Ceci n'est pas conforme à la loi créant le Bureau de monétisation des Programmes d'Aide au développement (BMPAD), a insisté le sénateur, révélant au passage que des projets financés par le PetroCaribe ne sont même pas passés devant le Parlement. « Là, je dis que c'est un problème sérieux qu'il faut résoudre », a fulminé le sénateur Privert.

L'élu des Nippes, le débit tranquille la seconde d'après, a révélé que des fonds du programme PetroCaribe ont été utilisés par le gouvernement pour effectuer des « dépenses de consommation », quand ils ne sont pas investis dans des projets dont la rentabilité n'est pas perceptible comme celui de la construction de deux aéroports aux Cayes et à Ile-à-Vache à quelques kilomètres l'un de l'autre, a soutenu Privert. Le BMPAD, gestionnaire des fonds de PetroCaribe, et FAES en prennent pour leur grade. La gestion de ces deux organismes est hors norme. « Il y a une gestion hors norme des organismes sous la tutelle du MEF », a souligné Privert. « Il y a une nécessité de revenir sur la voie de la légalité. Le gouvernement devra se conformer aux exigences de l'article 141 de la Constitution et nommer des conseils d'administration qui seront ratifiés par le Parlement à la tête de ces institutions », a exigé Joclerme Privert, président ce la commission Économie et Finance du Sénat de la République. Au 28 février 2013, il y avait 309 millions de dollars sur le compte PetroCaribe. Est-ce que ces 309 millions sont disponibles ? Est-ce qu'il n'y a pas de projets déjà identifiés auxquels ils ont été affectés ?, s'est interrogé le sénateur qui souhaite que l'argent de ce prêt soit affecté à des projets rentables.

PetroCaribe, a rappelé le sénateur, c'est une dette sur vingt cinq ans avec deux ans de grâce et un pourcent d'intérêt que les générations futures devront rembourser. Actuellement, cette dette, selon Privert, est de 968 millions de dollars. « PetroCaribe, ce n'est pas un cadeau, c'est une dette que nos enfants devront payer », a martelé Privert, particulièrement « soucieux » d'un usage efficient des moindres sous dans un contexte très difficile pour les finances publiques. « Les finances publiques vont mal », a révélé le sénateur. Sur les prévisions de recettes internes de 52 milliards de gourdes, on atteindra fort probablement 43 milliards de gourdes, a-t-il expliqué, soulignant que « l'économie haïtienne s'est détériorée ». « Je pense que le système fiscal a atteint son point de saturation. Le gouvernement doit penser la réforme fiscale », a proposé le sénateur Privert. Ex-directeur de la DGI, ministre de l'Intérieur et auteur d'ouvrages de référence sur les collectivités territoriales et la fiscalité.

Est-ce que le gouvernement marche sur des oeufs quant à sa gestion de PetroCaribe ? Peut-être, peut-être pas. Cependant, le Premier ministre Laurent Lamothe avait promis de faire les comptes et les décomptes. C'était moins de vingt quatre après la mort de Hugo Chavez. Le temps des comptes suivra-t-il le temps du deuil « san tonbe nan kont» ? Il n'est que d'attendre.

Roberson Alphonse
Source: Le Nouvelliste

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