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Dominicanie: Du ciment comme des oeufs

cimentL'économiste et vulgarisateur d'informations économiques, Kesner Pharel, a dévoilé ce mardi un pan méconu de la domination des produits dominicains sur le marché haïtien. En quelques chiffres, il a campé la suprématie du ciment dominicain sur l'île.

La capacité installée des usines produisant le ciment en République dominicaine est phénoménale, selon l'analyste. Plus de deux millions de tonnes de ciment ne trouvent pas preneur au pays de Danilo Medina et la compagnie Estrella va doubler sa capacité de production dans les mois qui viennent. Haïti et les pays avoisinants sont la cible des cimentiers dominicains.

Sur la frontière et dans les rues d'Haïti, il est aisé de remarquer les longs convois de camions remorques qui transbordent à longueur d'heure les sacs empilés sur les palettes destinées aux dépôts de matériaux de construction de nos villes les plus reculées, là où des productions venues d'ailleurs ne satisfont pas la demande.

On savait déjà le marché de la construction outrageusement dominé par nos voisins qui alignent des compagnies -il ne faut pas se le cacher- capables de déployer des capacités que nos entreprises n'ont pas, un savoir-faire que nous ne maîtrisons pas pour les ouvrages importants, un soin du fini que nos ingénieurs se refusent à mettre en pratique et un sens de la séduction du maître d'ouvrage inégalé, voilà que pour le ciment aussi nous sommes de bons clients...

Les investisseurs haïtiens, depuis la fermeture du Ciment d'Haïti et l'avènement de l'ensachage comme industrie, ne suivent pas la demande. Le tremblement de terre et ses destructions massives ont multiplié la demande par un facteur dont nous n'évaluons pas encore l'importance. Les Dominicains ont méthodiquement apprécié nos déficits et affûté leur offre.

Il y a beaucoup à construire en Haïti et comme pour satisfaire notre appétit pour les oeufs, les abattis de poulet et tout ce qui ressemble à de la viande, les Dominicains se sont positionnés pour capter le marché et nos milliards.

Si le secrétaire d'État à la Production animale, Michel Chancy, a poussé un cri du coeur lundi et espère une nouvelle politique pour sauver ce qui peut encore l'être dans le secteur agricole, on se demande qui dira un mot pour les autres aspects du commerce transfrontalier dominés par nos voisins qui investissent systématiquement chaque champ laissé en jachère par nos entrepreneurs et la désinvolture de nos politiques.

Kesner Pharel, encore lui, a fait tout un exposé ce mardi sur les arcanes d'une possible politique économique, il explique bien que les mots et les mesures partielles ne suffiront pas à changer la donne, il faut un engagement profond des autorités, du secteur privé et le dialogue avec nos partenaires et voisins. Pour les oeufs, pour le ciment et le reste, l'île est un seul marché, l'investissement doit se disséminer partout. L'intelligence aussi...

Source: Le Nouvelliste
Frantz Duval

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