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Haïti-Bilan 2013 : Gestion peu rassurante de l’économie

touthaiti-250Le bilan du gouvernement se veut rassurant. Les faits le sont moins. 2013 n'a pas été une année facile, la santé économique du pays continue d'inquiéter.

« Haïti va terminer l'année 2013 avec une baisse considérable de l'inflation à 4.5 % et un niveau de stabilité macro-économique acceptable », selon le ministre de l'économie et des Finances, Wilson Laleau.

Les exportations du pays ont augmenté de près de 20% en 2013 et le déficit budgétaire est sous contrôle, a tenu à préciser le ministre, tout en invitant toutes les entités de l'État à s'améliorer au cours de l'année 2014.

Le Gouvernement projette de doubler le revenu per capita en vue de sortir la population de la misère. Aussi, veut-il atteindre un taux de croissance à 2 chiffres, poursuit Laleau.

Pour sa part, Charles Castel, gouverneur de la Banque Centrale, a annoncé la mise sur le marché de 47 millions de billets, en petite coupure de 20 gourdes, pour la fin de l'année 2013, dans la perspective de pallier les problèmes de monnaie, auxquels sont confrontés les commerçantes et commerçants.

L'inquiétude PétroCaribe

Dans le cadre de sa participation au 7e Sommet de PétroCaribe à Caracas (Venezuela), le président Michel Martelly a rappelé que le fonds « PétroCaribe représente plus de 90 % du budget d'investissement en Haïti et permet de maintenir et de poursuivre [nos] plans de développement ».

« 189 projets sont en cours de développement en Haïti », indique-t-il, évoquant entre autres le pavage de plus de 735 kilomètres de routes pour relier les différentes régions, la construction de quatre aéroports, de cinq hôpitaux, d'une école, d'un marché public, d'une clinique, la construction de plus de 3,000 logements sociaux et la livraison de 1,500 logements supplémentaires.

Deux chantiers d'une valeur de 6.5 millions de dollars sont en cours. Il s'agit de la construction de la Villa d'Accueil et des locaux de la nouvelle base devant loger le Corps d'Intervention et de Maintien d'Ordre (Cimo). Ces travaux sont financés par le fonds PétroCaribe.

Le patron de PétroCaribe en visite en Haïti

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro a rendu visite à son homologue haïtien, Michel Martelly, le 25 juin 2013. Maduro avait reconnu une dette historique de son pays envers Haïti, une dette qui ne pourra être payé que par « amour ».

Plusieurs secteurs de la vie nationale continuent de douter d'une gestion transparente en faveur des couches appauvries de ces fonds.

Surtout à cause des divers programmes sociaux jugés peu efficaces, dont « Ede Pep, Kore etidyan, Ti manman cheri, kore andikape, etc » financés à partir des fonds de PétroCaribe.

La Banque Mondiale partage ces critiques et provoque, vers la fin de l'année, l'irritation du gouvernement.

Déficit budgétaire

En mai 2013, le président de la commission économie et finances du sénat, Jocelerme Privert, tire la sonnette d'alarme sur la tendance des recettes fiscales, qui auraient pu acheminer le pays vers un déficit budgétaire de 9 milliards de gourdes à la fin de l'exercice 2012-2013 soit le 30 septembre 2013.

Une situation catastrophique loin de la réalité, selon le gouverneur de la Banque Centrale, Charles Castel, qui souligne qu'Haïti a un déficit public de 2,7 milliards de gourdes.

Le gouvernement dépense de façon frénétique plus qu'il rentre d'argent, critiquent plusieurs sénateurs. Le 14 mai 2013, lors de l'anniversaire des deux ans de l'administration de Michel Martelly, près de 40 millions de gourdes sont dépensées.

Une somme que l'actuel argentier de la République, Wilson Laleau ne peut justifier devant la commission de l'économie et finances du sénat.

Son prédécesseur, Marie Carmelle Jean Marie, a d'ailleurs claqué la porte de l'administration Martelly et du gouvernement Lamothe, en raison des dépenses extra-budgétaires, qui ne respectaient pas la loi

Budget national

Le gouvernement a déposé son projet loi de finances 2013-2014 à la chambre des députés le 27 juin 2013. Cette loi de finances a été ratifiée, dès la première lecture, le 7 juin 2013.

Mais ce document a été qualifié de « maladroit », « budget criminel », « truffé d'anomalies », « budget antinational » par plusieurs secteurs.

Convoqué, le 20 août 2013, le ministre Laleau n'a pu justifier les motifs d'un tel budget.

Le mardi 24 septembre 2013, le budget 2013-2014, soumis par l'exécutif, a été rejeté par le sénat. Et le pouvoir exécutif s'est permis de reconduire l'ancien budget pour éviter de sombrer dans le chaos.

Gaspillages des fonds de l'Etat

Le ministre des affaires étrangères Pierre Richard Casimir, dans le cadre d'une séance d'interpellation, a avoué qu'il avait détourné de façon « illégale » une aide de 3.4 millions de dollars américains de l'Uruguay.

Le ministre a insinué qu'il avait transféré 1.8 million dollars américains à la primature pour le projet de Jalousie.

Le premier ministre, Laurent Lamothe, a affirmé au préalable que les fonds ayant servi à peindre les maisons du quartier de Jalousie provenaient de PétroCaribe.

Les perspectives pour 2014

Haïti parait encore loin de devenir une économie émergente à partir de 2030. Les perspectives de croissance de 6.5% fixée par les autorités haïtiennes pour l'année 2013 sont revues nettement à la baisse.

Elles planchent autour d'un taux de croissance de 4.5% en guise de prévisions économiques pour 2014, suivi d'un taux d'inflation qui devrait rester dans les 6.5%, d'un déficit budgétaire représentant 4% du Produit intérieur brut (Pib).

Des recettes fiscales de l'ordre de 53 milliards de gourdes et un taux de pression fiscale qui doit passer de 12% durant l'exercice en cours à 13 % pour le prochain exercice, sont aussi espérés.

Source: Alterpresse