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Tout n’est pas rose, Mr. Le directeur

Petro-caribeEn guise de réponse rapide au directeur du Bureau de Monétisation par Ella Perrard

Par Ella Perrard --- Dans sa livraison du jeudi 19 juillet 2012, Radio Métropole Haïti a publié l’intéressant article suivant  : “Petrocaribe dispose de 400 millions de dollars pour la réalisation d’autres projets”. À la vérité, nous ne savons s’il s’agit d’un article de la station ou d’une note de presse de Petocaribe S.A puisqu’a cote de l’article figure le logo servant à identifier ledit organisme ou du Bureau de Monétisation. Ne pouvant pas déterminer exactement qui est le véritable auteur de l’article, nous ne tiendrons compte que des déclarations du directeur du Bureau de Monétisation à qui nous adresserons cette note.


Selon les propres dires du directeur du Bureau de Monétisation : «  Le Bureau ne gère pas directement les “projets » mais transfère les fonds au gouvernement sur requête du ministère des Finances.
Mais plus loin, il est dit  dans la même note que : “Le directeur du Bureau de Monétisation donne l’assurance de la gestion transparente des fonds.”
Le Bureau ne gère pas directement…mais le Bureau peut donner l’assurance de la gestion transparente des fonds. Cela ne fait pas sérieux et prête à équivoque. De plus, les mots ne suffisent pas en pareille situation. Il nous faut des preuves, un rapport détaillé  d’utilisation de ces fonds.


Ces fonds, une fois transférés au gouvernement sur requête du ministère des Finances,  il revient au gouvernement , par le biais du ministère des Finances, de gérer ces fonds et d’éclairer la lanterne des citoyens sur la gestion de cesdits décaissements. Est-ce pourquoi, nous avions dit que ces 44 millions de dollars avaient disparu dans la comptabilité du ministère de l’Économie et des Finances. En l’occurrence, 22 millions de dollars (USD) sur 135 309 218, 65 dollars américains destinés au projet de reconstruction du quartier de Bowenfield et décaissés … $22 autres millions de dollars sur 178 951 296,90 dollars destinés au projet de reconstruction du quartier de Fort national et décaissés également, décaissements pour lesquels, selon le ministère des Finances, LE TAUX D’EXÉCUTION est de 100%, alors qu’il n’existe que des traces D’INEXÉCUTION des ouvrages pour lesquels ces fonds ont été décaissés. Tel est le problème. Une fois qu’on aurait fait la lumière sur ces zones d’ombre spécifiques, la prise en compte des manipulations que le ministère des Finances aurait fait subir aux chiffres plongerait la comptabilité dans une ombre encore beaucoup plus épaisse. Car il y a un problème beaucoup plus grave. C’est que, les chiffres fournis par le ministère des Finances ne correspondent absolument en rien à ceux présentés dans le rapport d’audit commandité par l’ex-premier ministre Conille.

Tout effectivement n’est pas si rose comme voudrait le faire croire le directeur de la monétisation. Bien sûr il y a aujourd’hui des gens qui voient tout en rose en Haïti : la vie, les cartes, et tout le reste. Mais ils ne sont pas nombreux. Car à la vérité, tout n’est pas rose en Haïti. Même quand la grande majorité des Haïtiens s’armerait de la meilleure volonté du monde, il lui serait très difficile de voir la vie de la même couleur que certains. Pour elle, la vie n’est pas rose et ne l’a jamais été. Assurément, il y a certaines restrictions: sauf pour ceux-là qui sont frappés de cécité grave ou qui sont d’un certain niveau de conscience, pour ne pas dire d’inconscience, ou encore qui sont de mauvaise foi ou finalement parce qu’ils ont un quelconque intérêt.
Finalement, de graves interrogations subsistent. Car, après qu’on nous aurait montré le chemin qu’auraient pris ces 44 millions, il faudra qu’on nous explique le différentiel qui existe entre les chiffres du rapport d’audit de Conille et ceux fournis par le ministère des Finances ( encore de ces millions volatilisés).
Et voilà qu’on ose nous parler de transparence ? Vous parlez plutôt d’un scandale ? Où sont donc passés ces fonds ? On n’a pas fini d’entendre.
Enfin, ce n’est pas du tout un hasard si Transparency International, dans son rapport 2011, classe Haïti comme étant le pays le plus corrompu du continent américain. Et que le Département d’État ait vigoureusement relancé le dossier de la corruption en Haïti dans son Rapport 2011 sur les Droits Humains en affirmant ce que tout le monde, à la vérité, savait déjà, à savoir : que la corruption se situe à tous les paliers de l’administration publique en Haïti, qu’elle est gravissime et très préoccupante. Et que cela ne pourra pas être bénéfique pour le pays.
Aussi, ne gérant pas directement les “projets”, le directeur de la Monétisation ne devrait pas tenter de se substituer subtilement au ministère de l’Économie et des Finances, lequel en dernier ressort est comptable de la “gestion transparente” des fonds, en lui laissant le soin de répondre de l’utilisation qui a été faite de ces 44 millions de dollars décaissés pour la réalisation des “projets” de reconstruction du quartier de Bowenfield et de Fort National dont on ne  voit aucune trace d’exécution, alors que selon l’état des décaissements le ministère affiche sur son site un taux d’exécution de 100% .
Des explications s’imposent.


 Ella Perrard