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L’exercice 2014-2015 aura un relent d’inflation

kesner PharelPour gonfler l'enveloppe du budget de l'exercice 2014-2015 et compenser la part des dons qui diminue graduellement, le gouvernement recourt à l'augmentation des prix de produits pétroliers. Une telle hausse aura des répercussions sur toute l'économie. Le projet de loi de finances déposé (122, 64 milliards de gourdes) à la Chambre des députés, le 30 juin 2014, prévoit 4,6% de croissance du PIB et l'inflation grimpera jusqu'à 7,5%. Et ce ne sont que des prévisions...

L'équipe au pouvoir compte désormais sur ces quatre milliards de gourdes qu'il doit collecter de plus par rapport à l'exercice qui s'achève le 30 septembre 2014. Ce montant est exactement le surplus du budget comparé à celui de l'année dernière. L'impact positif d'augmenter les prix des produits pétroliers n'est autre que l'augmentation aussi des recettes de l'Etat. Mais la population doit se mettre prêt à croquer l'inflation à pleine dent.

Les prix des produits pétroliers n'ont pas connu de hausse depuis plus de trois ans. De 3,3 milliards de gourdes pour l'année fiscale en cours, l'Etat veut faire passer les recettes pétrolières autour de 8 milliards durant le prochain exercice. « L'Etat pourrait décider d'avoir des manques à gagner en acceptant de ne pas augmenter les prix. A ce moment, il va prêter à la Banque centrale pour financer son déficit budgétaire. La masse monétaire connaitra une hausse », a amplement expliqué l'économiste Kesner Pharel, P.D.G du Group Croissance qui dirige l'Observatoire du système financier haïtien.
Selon Kesner Pharel, comme il n'y a aura pas de croissance pour faire face à la grande quantité de gourdes en circulation, on enregistrera des pressions au sein de l'économie. « L'exportation d'Haïti n'est pas extraordinaire, on attire peu d'investissements directs étrangers, la dépréciation de la gourde par rapport au dollar s'ensuit logiquement », a ajouté le P.D.G du Group Croissance. Les chiffres sont là, dit-il, Haïti exporte pour moins d'un milliard de dollars et importe pour plus de trois milliards. Les produits alimentaires et les produits pétroliers sont les plus grands postes dans l'importation du pays.

Toute dépréciation de la monnaie nationale sera forcément accompagnée de l'inflation. « Comment allons-nous aborder l'inflation ? Allons-nous y faire face maintenant ou plus tard, en laissant la charge auxprochaines générations », s'est interrogé Kesner Pharel qui reconnaît pourtant que ce choix est assez difficile et nécessite une communication spéciale pour bien le faire comprendre à la nation.

Les grands bénéficiaires du budget du prochain exercice fiscal demeure le ministère des Travaux publics, Transports et Communications avec 25,45 milliards de gourdes, soit 20,8% de l'enveloppe totale, le ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle suit avec 20,37 milliards de gourdes (16,6%), le ministère de l'Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural va bénéficier d'une augmentation de 570 millions de gourdes, son enveloppe sera de 7,49 milliards de gourdes soit 6,1% du total.

A la question de savoir comment les régions, les départements et les communes vont-ils se développer avec la conception puis l'exécution d'une telle loi de finances, Kesner Pharel a affirmé qu'avec le présent projet de budget, il est difficile de savoir combien sera dépensé au sein des communes et des départements. Ce travail, a-t-il souligné, est du ressort des députés et des sénateurs. Selon lui, les parlementaires doivent passer du Plan stratégique de développement d'Haïti (PSDH), aux programmes, puis aux projets, afin de savoir quelles communes, quelles sections communales n'ont pas été marginalisées.

Après les discussions sur les fonds communaux, un débat est engagé au Parlement sur les fonds en faveur des sections communales. Actuellement, chaque section demande un million de gourdes des 10 millions de gourdes accordées aux communes dans le cadre des fonds communaux, avons appris auprès du l'Observatoire du système financier haïtien. Ce dernier souhaite qu'il ait des plans en faveur des sections, des communes, afin de poser les problèmes à la base, les amener vers le sommet, regarder le pays en face et apporter des solutions efficaces.

L'Observatoire du système financier haïtien n'y est pas allé par quatre chemins pour faire remarquer qu'un changement structurel est, en train de se produire dans la conception du budget. Les recettes totales seront chiffrées à 60,1 milliards de gourdes et les dons vont totaliser 30,5 milliards de gourdes soit 25% du budget total. L'Observatoire retient qu'Haïti a moins de trois milliards de dollars dans le prochain budget, la République dominicaine a dépensé quatre milliards de dollars soit 36% de son budget global en cinq mois.

Dieudonné Joachim
Source: Le Nouvelliste