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47 gourdes pour 1 dollar - Les haïtiens deviennent beaucoup plus pauvres sous le régime des bandits légaux Martelly et Lamothe

17 oct 2014 manifestation anti martelly haiti open for corruption touthaiti

Le duo Martelly Lamothe a tout fait pour mettre le pays à genou sur le plan institutionnel en choisissant de ne pas organiser des élections, corrompre le parlement et détruire ce qui restait de la justice. En plus de tout ceci, ils (Martelly et Lamothe ) ont choisi de faire ce qu'il ne fallait pas faire en matière économique et financière (voir La corruption rose et les fonds PetroCaribe (2 de 5)) a un point tel qu'aujourd'hui il faut 47 gourdes pour acheter 1 dollar américain. En bon Kreyol les haïtiens deviennent beaucoup plus pauvres sous le régime des bandits légaux Martelly et Lamothe

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47 gourdes pour un dollar

A partir de 501 dollars, les clients des principales banques de la place achètent la devise américaine à 47 gourdes pour un dollar depuis jeudi. C'est un nouveau palier.

« Cela m'étonne que le dollar soit encore à 47 gourdes ». La phrase est lâchée calmement par un banquier, grand observateur du terrain économique et financier haïtien depuis plusieurs décennies. Pour lui, toutes les conditions sont remplies pour que le taux de change s'envole dans les prochaines semaines. Sauf si le gouvernement décide de puiser dans ses réserves pour freiner l'hémorragie.

Le remède risque de coûter cher cependant. Pour le moment, l'Etat alimente la spirale de la décote de notre piastre. Les réserves qui lui permettraient d'intervenir sont au chaud. Attendant le moment propice, l'Etat aligne des politiques et des mesures qui alimentent l'appréciation du dollar sur le marché local des changes.

Depuis trois jours, la gourde plonge. Ce qui se passe n'est pas une attaque de spéculateurs contre la devise nationale ni les suites d'une crise brusque et violente. La gourde s'enfonce à cause d'une série de décisions prises depuis plus d'un an, selon cet analyste avisé.
Nous dépensons. Nous mis pour l'Etat haïtien. Nous ne participons pas assez à la dépense. Nous mis pour les contribuables. Les déficits budgétaires s'en suivent, naturellement.

Nous investissons. Nous encore mis pour l'Etat haïtien. Nous n'en payons pas le prix. Nous, mis pour les contribuables. Les déficits budgétaires s'en suivent, naturellement.

Les dépenses engagées ne sont pas productives. On construit des logements sociaux que l'on ne peut pas louer. On bâtit des théâtres, des aéroports, des routes secondaires et moult infrastructures aux retombées lointaines ou incertaines. Les politiques sont heureux, l'économie donne la facture.

Pour ne rien nous épargner, les déficits se suivent. En cette période d'élections à venir, d'incertitudes politiques croissantes, de multiples grands chantiers et de mille petits projets sociaux, l'Etat dépense et va continuer à dépenser. Dans le même temps, la contrebande, la baisse des recettes fiscales, les subventions diverses, la fin des ONG, le tarissement de l'aide internationale et les anticipations des agents économiques se greffent sur la situation.

L'ambassade américaine, ces derniers six mois, a annoncé deux appréciations du taux de change pour facturer les services qu'elle propose. Elle avait vu juste. La monnaie haïtienne perd de sa valeur très vite. Et cela n'abasourdit pas les analystes.

« La décote de la gourde a des causes objectives et naturelles », avance un économiste. « L'Etat peut intervenir. Il lui faudra réagir en sachant quel résultat il veut obtenir », préconise-t-il.

Ces derniers mois, on a essayé, tour à tour, tout et son contraire. Selon les objectifs, on a freiné les grands travaux, puis payé des arriérés astronomiques. On a laissé filer des milliards avec la subvention des produits pétroliers, puis essayé de rattraper le temps perdu. La facture énergétique (pétrole et électricité) est même devenue le symbole de la gestion chaotique de nos rares ressources.

Si certains secteurs se réjouissent de la dépréciation de la gourde ( sous-traitance, tourisme, ceux qui vivent des transferts de la diaspora, tous ceux qui ont des revenus en dollars, mais dépensent en gourdes).

D'autres, la grande majorité, assistent, impuissants, à la perte de leur pouvoir d'achat. Les augmentations de salaire ne pourront pas suivre l'envolée des prix provoquée par le taux de change.

Si la tendance se maintient, la perspective du katchouboumbe du 12 janvier 2015 risque d'être sociale, économique et politique tout à la fois.

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste