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Les arguments qui accablent le nouveau pape

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Le spécialiste de l'Eglise, Christian Terras, se dit consterné: «l'Eglise n'est pas fichue de choisir quelqu'un d'irréprochable!». Il pointe la complicité du nouveau pape avec la junte militaire argentine (1976-1983)

Rédacteur en chef de la revue catholique critique Golias, qui avait, il y a quelques des années déjà, publié un dossier sur « L'honneur perdu de l'Eglise argentine », Christian Terras présente des arguments accablants sur la personnalité du nouveau pape.

Les informations sur l'attitude controversée de Jorge Mario Bergoglio pendant la dictature militaire en Argentine reposent-elles sur des faits précis et fondés ?

Les informations sont précises et entièrement confirmées : lorsqu'il a été provincial des jésuites, Jorge Bergoglio n'a pas protégé des jeunes prêtres jésuites qui étaient engagés en faveur de la théologie de la libération, et opposés à la dictature du général Videla. Non seulement il ne les a pas protégés : il les a carrément fléchés auprès des militaires comme des éléments dangereux et subversifs, et auprès des autres évêques argentins afin qu'ils ne les accueillent pas dans leurs diocèses. Deux prêtres jésuites ont été kidnappés et détenus dans des conditions inhumaines. Le problème n'est pas que Bergoglio aurait manqué de héroïsme face à la dictature, ce qu'on pourrait encore comprendre : le problème est qu'il n'a pas adopté une attitude minimale de protection à l'égard de ses prêtres. Ces prêtres ont été arrêtés puis libérés, l'un d'eux s'est ensuite rendu à Rome où un responsable jésuite lui a confirmé que Bergoglio était directement intervenu auprès des autorités de la dictature. Il est allé loin dans le signalement des prêtres « subversifs ». Plus tard, lorsque l'un de ces prêtres, Francisco Jalics, qui avait émigré aux Etats-Unis, a voulu revenir en Argentine, Bergoglio s'y est opposé et est intervenu afin qu'on ne lui rende pas son passeport argentin.

Cette attitude de Bergoglio est-elle ponctuelle, ou reflète-t-elle quelque chose de plus large ?

Non seulement il n'a pas protégé ses frères jésuites, mais plus fondamentalement, il a été en opposition au général des jésuites de l'époque, le père Pedro Arrupe, qui considérait que les jésuites devaient être opposés à la dictature. En Argentine, la conférence des évêques s'est rangée aux côtés de la dictature : sur 89 évêques argentins, seuls cinq ont ouvert la bouche contre la dictature ! Il y a de nombreux documents qui prouvent la proximité des autorités de l'Eglise argentine avec les autorités militaires de l'époque...Par ailleurs, lors de son voyage en Argentine en 1982, le pape Jean-Paul II a refusé de recevoir les organisations de droits de l'homme, et la connivence de l'épiscopat argentin et du nonce apostolique à Buenos Aires (l'ambassadeur du Vatican) avec la dictature dans l'organisation de ce voyage était patente.

Jorge Mario Bergoglio s'est-il expliqué de son attitude ?

Après la dictature, les gouvernements civils ont mis en œuvre un travail de mémoire. Bergoglio a totalement bloqué la participation de l'Eglise à ce processus , il n'en a aucunement profité pour faire acte de repentance. Au contraire : quand des prêtres ont été condamnés pour leur complicité avec la dictature, il a déclaré que ces procès constituaient une attaque contre l'Eglise. C'est tout de même incroyable ! A mon sens, le fait que Bergoglio n'ait jamais pris acte dans les années 2000, par un quelonque mot de repentance, de l'attitude de son Eglise lors de la dictature militaire, fait que la soutane blanche avec laquelle il est paru hier à Rome, est entachée du sang des 30.000 disparus argentins. Je reste consterné par le fait que l'Eglise n'est pas fichue de choisir quelqu'un d'irréprochable.

Source: LeSoir Belgique