Les Caraibes
La République dominicaine doit rendre des comptes
- Détails
- Publié le dimanche 24 juin 2012 02:09
Douze ans après l'assassinat de six immigrants haïtiens à la frontière haïtiano-dominicaine par des soldats dominicains, la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cidh), en partenariat avec des organismes internationaux, a intenté un procès contre la République dominicaine. L'audience, qui doit s'achever ce vendredi 22 juin, a été réalisée pour écouter les autorités dominicaines et les représentants des victimes du massacre de Guayubin.
L'affaire, connue sous le nom de « Dorzema Nadège contre la République dominicaine» ou « Le massacre de Guayubin» concernant un assassinat collectif survenu sur la frontière haïtiano-dominicaine dans la matinée du 18 juin 2000, est prise en compte par la Cour intéraméricaine des droits de l'homme, dont le siège se trouve au Costa Rica. Selon des informations partagées lors des audiences, les victimes essayaient d'entrer illégalement en République voisine dans un camion à la recherche de travail. Lors du drame, six Haïtiens ont été tués et une trentaine blessés suite au carambolage du véhicule des soldats dominicains.
Noclair Florvilien, l'un des 37 immigrants haïtiens qui se trouvaient à bord du camion, a témoigné devant les juges de la Cour qu'aujourd'hui encore, les cicatrices psychologiques et physiques de cet acte crapuleux des Dominicains l'empêchent de travailler convenablement pour subvenir aux besoins de ses sept enfants. Il a rapporté que le conducteur du camion avait fait des arrangements avec des soldats de l'armée dominicaine pour traverser la frontière sans problème, mais en arrivant à un poste de contrôle les autorités dominicaines ont commencé une poursuite.
« Des militaires dominicains qui se trouvaient à bord d'un camion ont provoqué une collision avec le nôtre pour le renverser. Du coup, nous avons essayé de fuir. Au moment où l'on tentait de sauver notre peau, la personne qui me suivait a reçu une balle à la tête. Atteint d'une balle à la cuisse, je suis tombé, faisant le mort; c'est de cette façon que j'ai eu la vie sauve», a expliqué Florvilien avec l'aide d'un traducteur. Par la suite, explique-t-il, il a été soigné par une ambulance avant d'être conduit à l'hôpital pour les soins que nécessitait son état. Faute de soins appropriés, il a dû retourner en Haïti quelques jours plus tard.
Selon Bernard Duhaine, l'avocat en charge de l'affaire, cité dans un document transmis par le Groupe d'appui aux rapatriés et aux réfugiés (Garr), après 12 ans d'attente presque jour pour jour, les victimes du massacre de Guayubin ont enfin la chance de témoigner au sujet des atrocités qu'elles ont vécues, et d'obtenir justice et réparation.
D'après Rosa Maria Ortiz, représentante de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (Cidh), les juges ont déclaré que le cas est empêtré dans un contexte de discrimination et de violation des droits de l'homme des immigrés haïtiens.
Par ailleurs, il faut signaler que le Garr, le Centre culturel dominico-haïtien (Ccdh), la Clinique internationale de défense des droits humains de l'Université du Québec à Montréal (Ciddhu) et la Commission interaméricaine des droits humains sont les principales organisations qui ont amené l'affaire devant la Cour interaméricaine. A cet effet, la Commission avait produit en novembre 2010 un document démontrant la responsabilité internationale de la République dominicaine dans le massacre du 18 juin 2000. A cette dernière journée de l'audience (22 juin 2012), des représentants de l'État dominicain devaient présenter leur défense devant la Cour dans le cadre de cette affaire.
Source: Le Nouvelliste
22 Juin 2012
Amos Cincir
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.