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La fermeture des marchés binationaux dérange en République dominicaine

L'annonce du Premier ministre Laurent Lamothe, lors du Conseil de gouvernement du 20 juin, de mettre un terme aux marchés binationaux ouverts sur la frontière deux fois par semaine fait déjà grincer les dents en République dominicaine. L'Eglise catholique, de l'autre coté de la frontière, ne voit pas dans cette décision une solution au problème.

Les dignitaires de l’Eglise catholique de la République dominicaine s’opposent à toute idée de fermer les marchés binationaux le long de la frontière entre la République dominicaine et Haïti, qui génèrent gros. C’est l'hebdomadaire dominicain « Camino » qui a rapporté l’avis des autorités religieuses dans son éditorial de cette semaine intitulé « Abandonnés ».  Ces autorités pensent que ceux qui sont pour la fermeture des marchés binationaux ne sont pas intéressés aux problèmes de la frontière. Et elles soutiennent que la décision de fermer ces marchés causerait des dommages à des milliers d'Haïtiens et de Dominicains qui trouvent leur subsistance dans les 14 lieux d'échanges recensés sur la frontière en 2010 par le journal dominicain Listin Diario.

Le gouvernement haïtien a été catégorique sur cette question lors du Conseil de gouvernement du 20 juin retransmis en direct sur les médias d'Etat. Considéré par le Premier ministre comme une barrière libre offerte aux produits dominicains, Laurent Lamothe veut mettre un terme au marché binational entre les deux pays. « Il faut corriger ce problème, nous ne pouvons pas continuer de prendre la mauvaise décision d'ouvrir notre frontière pendant 2 jours sur les 5 jours ouvrables », avait indiqué le Premier ministre Laurent Lamothe.

Selon le gouvernement, ce marché binational n’est pas avantageux pour le pays. « C'est un marché libre qui se fait dans un seul sens », avait fait remarquer le ministre du Commerce, Wilson Laleau, qui croit que la création d'emplois en Haïti passe par la protection de nos industries et de nos entreprises.

L'Eglise catholique dominicaine appelle au gouvernement haïtien à ne pas faire obstacle au commerce entre les deux pays et à garder les marchés binationaux ouverts. Sans quoi, l’attitude du gouvernement haïtien ne fera, selon les autorités ecclésiastiques, qu'augmenter la misère.  Si les mesures de fermeture des marchés sont appliquées, les autorités haïtiennes démontreront, d’après l’Eglise dominicaine, leur méconnaissance des problèmes réels de leurs compatriotes « parce que ce commerce informel remonte à la période coloniale et a été renforcé au temps de l'embargo qui a frappé Haïti ».

L’initiative du gouvernement est de mettre fin à la contrebande régissant sur la frontière, faisant perdre à l’Etat plusieurs millions de dollars américains par an. Elle vise aussi à augmenter les recettes fiscales du gouvernement. Cependant, le marché frontalier entre Ouanaminthe et Dajabon a été ouvert lundi dernier comme d’habitude. Et ce vendredi, tout est fin prêt à Ouanaminthe pour ouvrir librement la deuxième journée de marché entre les deux peuples.

Carlin Michel
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Source: Le Matin