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La République dominicaine rejette le rapport de l’OEA

ramon fadul andres navarro gustavo montalvoDe gauche à droite: les ministres dominicains de l’Intérieur et de la police Ramon Fadul, des Affaires externes, Andrés Navarro, et de la Présidence, Gustavo Montalvo

Le gouvernement dominicain a réagi à la publication du rapport de la mission spéciale de l'OEA mercredi. Le ministre dominicain des Affaires extérieures, Andrés Navarro, a rejeté les conclusions du rapport et l'appel au dialogue lancé par l'OEA. Les politiques migratoires de la République dominicaine ne sont pas discutables, a fait savoir le chancelier dominicain.

« Nous nous prononcerons dans un avenir proche sur le rapport de la commission », avait promis à l'OEA l'ambassadeur permanent de la République dominicaine, Pedro Verges, après la présentation du rapport de la mission spéciale. Quelques heures plus tard, la présidence dominicaine a annoncé qu'une réaction au rapport de l'OEA serait faite le jour même. Quatre heures de l'après-midi, les ministres dominicains de l'Intérieur et de la Police, Ramon Fadul, des Affaires extérieures, Andrés Navarro, et de la Présidence, Gustavo Montalvo, se présentaient face à la presse dominicaine.

C'est le chancelier dominicain qui a pris la parole pour saluer d'abord le travail technique de l'équipe de la mission de l'OEA, dans le sens qu'elle a entendu tous les secteurs. Toutefois, le chef de la diplomatie dominicaine ne mettra pas longtemps à se montrer plus critique. « Cependant, il existe pas de lien entre le contenu descriptif du rapport et un ensemble de conclusions et de propositions », a indiqué le ministre Navarro sur un autre ton.

« La partie descriptive du rapport est une démonstration claire que les accusations contre la République dominicaine sont fausses et sans fondement. Plus précisément, les allégations relatives à l'inexistence d'une crise humanitaire et la violation systématique des droits de l'homme, a déclaré le chancelier dominicains avant de poursuivre avec ses réserves. Cependant, les conclusions et les recommandations sont basées sur des hypothèses non étayées par le rapport lui-même. »

Après ses critiques sur le texte, le remplaçant de Carlos Morales Troncoso s'en est littéralement pris à la démarche de l'Organisation dont son pays est membre à part entière. « La politique migratoire de la République dominicaine et ses mécanismes d'application ne sont pas sujets à négociation », a lancé le chancelier, qui rejette du coup la recommandation de la mission qui appelle les deux pays à dialoguer. « La République dominicaine réaffirme qu'elle n'a pas sollicité la médiation du Secrétariat général de l'OEA.

Monsieur Navarro semble oublier qu'il s'était personnellement rendu à la Maison des Amériques pour attirer l'attention de l'instance continentale sur la crise avec Haïti. Andrés Navarro avait alors appelé l'OEA à venir voir, de par elle-même, la situation sur le terrain en République dominicaine. Lors de sa dernière intervention à la tribune de l'organisation hémisphérique, Andrés Navarro avait déclaré que son pays était ouvert, prêt à recevoir des observateurs de l'OEA pour comprendre mieux la situation sur le terrain. Un appel réitéré par l'ambassadeur permanent de l'État voisin à l'OEA le 8 juillet dernier. Jusqu'à la publication du rapport, l'État dominicain n'avait aucune objection avec la médiation de l'OEA.

Le chancelier dominicain affirme plus loin qu'il existe des canaux de dialogue entre son pays et la République d'Haïti. Mais ils sont prêts à reprendre le dialogue à une seule condition : « Que le gouvernement haïtien cesse de discréditer la République dominicaine ». Andrés Navarro termine en disant que « le gouvernement de la République dominicaine réitère son engagement à continuer à travailler pour la protection et la garantie des droits de toutes les personnes vivant sur son territoire ».

Ce n'est pas la première fois que la République dominicaine réagit ainsi contre une instance internationale dans le cadre de cette crise. En novembre 2014, le pays voisin avait décidé de se retirer de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Cette décision était intervenue à la suite de la condamnation de l'État dominicain pour apatridie et déportation de ses citoyens.

Louis-Joseph Olivier
Source: LeNouvelliste