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La République dominicaine assoit son hégémonie

Carlos Morales Troncoso - Ministre des affaires étrangères de la République DominicaineLa République dominicaine, deuxième partenaire économique d’Haïti (un milliard de dollars au cours de ces cinq dernières années), se met au rang des grands. Comme le premier partenaire économique, elle croit important d’établir les mêmes conditions que les États-Unis pour quiconque veut obtenir un visa de touriste ou de commerce. Tout un train de mesures sera appliqué. Pas de laxisme, soutient le ministre dominicain des Affaires étrangères, Carlos Morales Troncoso. .

Pendant tout le mandat du président Leonel Fernandez, les Haïtiens n’avaient jamais eu un bon traitement dans son pays. Plusieurs assassinats ont eu lieu, dont des exécutions sommaires. Pourtant l’amitié des deux dirigeants était à son apogée. Le non-respect avéré des droits humains et l’oppression de nos concitoyens faisaient écho dans le monde. Feue Sonia Pierre est une icône de cette lutte. La famille politique de M. Fernandez a été depuis belle lurette très hostile aux Haïtiens.



Les nébuleuses qui constituent le Parti libéral dominicain sont en grande partie d’anciens opposants farouches aux Haïtiens. Les dernières élections gagnées par le parti au pouvoir les rassurent encore plus. Le parti rouge, celui de M. Trocoso, ou le parti de l’ancien président Joachim Balaguer (Parti réformiste social chrétien), sont aujourd’hui des alliés sûrs du parti de Fernandez (le parti mauve). L’hostilité est à son point culminant et le fossé se renforce entre les deux peuples. .

Les Dominicains encore plus calmes

Les responsables dominicains croient que les nouvelles mesures ne changent en rien les accords signés entre les deux Républiques. L’ambassadeur dominicain en mission en Haïti persiste et signe : tout est au beau fixe entre les deux pays. Le ministre dominicain des Affaires étrangères est sur la même longueur d’onde, malgré les durcissements des mesures. .

Désormais, les Haïtiens illégaux sur le territoire dominicain ne pourront pas travailler. Les entreprises qui les engageront seront sanctionnées. Cette mesure a été prise après les récentes déclarations de l’ambassadeur haïtien accrédité en République Dominicaine, Fritz Cinéas. L’ambassadeur dominicain en Haïti, Ruben Silié Valdez, qui était en République dominicaine pour des consignes particulières au cours de la semaine dernière, affirme que ces mesures ont été mûrement réfléchies et visent à protéger le territoire dominicain. .

Une association de malfaiteurs de connivence avec certains employés de l’ambassade dominicaine en Haïti s’amusent à vendre les visas dominicains, reconnaît M. Valdez. Ces malfrats obtiennent au moins vingt dollars sur chaque visa. L’ambassadeur Valdez croit important de couper court à ces pratiques mafieuses. .

Les Haïtiens rouspètent

Depuis que la nouvelle est tombée, les responsables n’ont pas encore pris de position sur la question. Cependant, certains membres du pouvoir législatif se montrent déjà très hostiles par rapport à cette mesure. Guy Gérard Georges, président de la commission Affaires étrangères à la Chambre basse, assimile ces dernières mesures à du racisme et menace et de convoquer le ministre haïtien des Affaires étrangères. .

Le vice-président de cette commission au niveau du Grand Corps et ancien consul à Dajabon demande au pouvoir exécutif de passer à l’offensive. Jean-Baptiste Bien-Aimé, qui maîtrise bien les relations haïtiano-dominicaines, a fait savoir que l’État haïtien doit donner une réponse sévère aux Dominicains et leur envoyer un signal clair que le pays est dirigé. .

Même son de cloche de la part du député Jean Tholbert Alexis. Le président de la Commission des parlementaires haïtiano-dominicains demande que les droits des Haïtiens soient respectés en terre voisine. Toute un ensemble de mesures sera prise, fulmine le représentant de la circonscription de la Croix-des-Bouquets/ Thomazeau. .

Cependant, faut-il faire remarquer, ces réponses ne sont pas institutionnelles. Certains politiques réagissent à chaud. Des déclarations à tout bout de champ. Des réponses individuelles et isolées. Mais le pouvoir exécutif chargé de la question des relations extérieures lésinent à adopter une position commune. Intérêts de groupe. Intérêts de clan ou personnels. Et tant pis si les droits des Haïtiens continuent d’être piétinés.

Joseph Chanoine Charles Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Source:
Le Matin