Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Actualités

Les parlementaires boudent l'ouverture de la session extraordinaire

parlement-ass-nationale

L'ouverture de la session législative extraordinaire, prévue pour ce lundi, a été une nouvelle fois reportée au 29 octobre 2012 faute de quorum.

Seulement 13 sénateurs et 43 députés ont répondu à l'appel nominal. A la grande surprise, les députés du groupe majoritaire présidentiel ont été largement absents. La convocation du président Michel Martelly, a rappelé le sénateur Dieuseul Simon Desras, est constitutionnelle. C'est une obligation pour les parlementaires d'y répondre. « Opposants ou partisans du pouvoir en place, c'est une obligation morale qu'ont tous les parlementaires de répondre à cette convocation », a indiqué le sénateur Desras avant d'annoncer le report de la séance.

Certains sénateurs, hostiles à la formation du Conseil électoral permanent, estiment qu'on leur a tendu un piège. Alors qu'ils se trouvaient dans les parages du Parlement, ils ne se présentaient pas à la salle de séance. « Nous ne participerons jamais à une séance en Assemblée nationale avec l'inscription du point relatif à la désignation des représentants du pouvoir législatif au CEP dans l'ordre du jour. C'est la condition sine qua non », a lancé le sénateur Moïse Jean-Charles, qui se fait porte-parole d'un groupe de sénateurs hostiles à la formation du Conseil électoral permanent.

Pour le sénateur Steven Benoît, premier secrétaire du bureau du Sénat, il n'y a rien d'étonnant que la séance ait été boycottée. « J'avais déjà prévu qu'il n'allait pas y avoir de séance aujourd'hui », a déclaré le sénateur Benoît. L'exécutif, poursuit-il, devait s'asseoir avec les présidents des deux chambres et rencontrer les présidents des blocs pour discuter du menu. Le premier sénateur de l'Ouest a toutefois critiqué le comportement de ses collègues qui ne s'étaient pas présentés à la salle de séance.

Comme son collègue Wenceslas Lambert, Steven Benoît croit que le président Martelly doit demander des comptes au leader du groupe majoritaire à la Chambre basse. « C'est une incohérence grave. Si le président a une majorité forte de 70 députés, comment se fait-il que seulement 43 députés, y compris les membres du groupe minoritaire, aient répondu à l'appel ?», s'est-il interrogé. Selon le sénateur Lambert, l'absence des députés du groupe majoritaire contredit les informations faisant croire qu'il existe une majorité présidentielle à la Chambre basse. Quant au Sénat, c'est tout autrement. « Le seul point qui provoque l'absence de la majorité des sénateurs reste et demeure la désignation des représentants du Parlement au CEP », a fait savoir le sénateur Lambert, qui confirme la présence de ses collègues dans l'aire du Parlement. L'élu du Sud-Est croit que c'est une nécessité d'ouvrir la session extraordinaire pour doter le Fonds national de l'éducation d'un outil légal.

De l'avis du président du bloc Parlementaires pour la réforme institutionnelle (PRI), cela prouve que le président n'a aucune majorité au Parlement. « C'est un faux pas pour l'exécutif », a dit le député Sadrac Dieudonné. « C'est le 2e lundi de janvier 2013 que tout le monde va voir clairement l'existence d'un groupe majoritaire à la Chambre basse », a réagi le député Fritz Chéry, l'un des porte-parole du groupe Parlementaires pour la stabilité et le progrès (PSP), proche de l'exécutif. Déplorant le fait que le sénateur Desras renvoie la séance jusqu'à la fin du mois d'octobre, l'élu de Gros-Morne annonce la convocation des membres du PSP pour s'expliquer sur leur absence.

Quelques heures avant, Pamela White et Nino Perez, respectivement ambassadeur des Etats-Unis et représentant de l'Union européenne en Haïti, ont effectué une courte visite au Parlement. C'est avec les sénateurs François Anick Joseph et Jean-Baptiste Bien-Aimé , deux opposants au pouvoir en place, que les diplomates ont dialogué. Selon le sénateur Bien-Aimé, les diplomates disent souhaiter que les élections se tiennent au début de l'année prochaine. « A condition qu'un Conseil électoral de consensus provisoire soit formé », ont répondu les sénateurs, expliquant qu'il est matériellement impossible pour le Sénat de désigner ses représentants à un Conseil électoral permanent. Si Pamela White n'est pas satisfaite de la rencontre, Nino Perez n'écarte pas la possibilité de supporter la proposition des sénateurs Joseph et Bien-Aimé.

Yvince HILAIRE
Twitter:@yvincehilaire
Source:Le Nouvelliste