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Le Manifeste du Cap-Haïtien: l'opposition supporte toutes actions pacifiques réclamant le départ anticipé du président Michel Martelly

cap-opposition-conference-presseConférence de presse de l'opposition au Cap-Haitien

Le Manifeste du Cap-Haïtien, l'opposition se structure

Après deux journées de discussions et de réflexions sur la situation socio-politique du pays à l'hôtel Roi Christophe dans la deuxième ville du pays, une trentaine de partis politiques et d'organisations de la société civile proposent une alternative à la population : « Le manifeste du Cap-Haïtien ». Il supporte toutes actions pacifiques réclamant le départ anticipé du président Michel Martelly.

Les partis politiques et les organisations de la société civile réunis au Cap-Haïtien lundi et mardi (15-16 Octobre 2012) « reconnaissent au peuple haïtien le droit démocratique d'exiger souverainement et pacifiquement la fin anticipée du mandat de cinq ans confiés à tout président qui s'écarte des règles du jeu démocratique », d'où le troisième engagement sur cinq pris à l'unanimité par l'ensemble des organisations.

Ce document dont Le Nouvelliste a eu une copie en exclusivité est divisé en trois grandes parties. D'abord, il y a un constat général de la conjoncture socio-politique du pays qui est fait. Ensuite, les organisations politiques et de la société civile font des exigences au chef de l'Etat, et enfin il y a les engagements formels des participants.

Le constat général

Selon les partis politiques et des organisations de la société civile qui se sont réunis au Cap-Haïtien, la situation de dégradation économique, sociale et politique qui s'aggrave de jour en jour fragilise encore plus les conditions de vie de la majorité de la population haïtienne.

« La vie chère, l'augmentation du chômage, l'arrogance du pouvoir ''Tèt Kale'', les actes de corruption, les difficultés des parents pour la rentrée des classes provoquent l'indignation de la population. Le chaos généralisé guette le pays et menace dangereusement les fondements de notre société », ont-ils constaté.

Ces leaders accusent le président Michel Martelly, entre autres de « violations systématiques et répétées des lois et de la Constitution du pays, manœuvres persistantes pour vassaliser les autres pouvoirs de l'Etat, volonté maintes fois exprimée du chef de l'Etat d'instaurer un pouvoir dynastique et dictatorial dans le pays, déstructuration et affaiblissement des institutions de l'Etat au profit de la famille et de ses proches, gaspillage des fonds publics, aggravation des conditions de vie de la population... ».

Les exigences

Après avoir fait le constat de la situation du pays, les partis politiques et organisations de la société civile exigent : « la révocation de tous actes posés, de toutes décisions prises par le président de la République en violation de la loi ou de la Constitution ; le respect des règles du jeu qui caractérisent une société démocratique ; la mise en place d'un Conseil électoral consensuel, honnête et crédible ; l'organisation, dans les délais appropriés, d'élections transparentes en vue de renforcer les institutions ; l'élaboration, après les élections susmentionnées, de la déclaration d'amendement de la Constitution dans le respect de la procédure tracée par la Constitution de 1987 pour son amendement.

Ensuite, ils réclament la réaffirmation de la souveraineté nationale et le départ des troupes étrangères; la mise en place d'une commission indépendante chargée d'enquêter sur l'utilisation des fonds perçus indument sur les appels internationaux et les transferts en provenance de l'étranger, sur l'utilisation des fonds de Petrocaribe et fonds gérés par la famille présidentielle; la cessation de toutes persécutions, de quelque nature que ce soit, à l'endroit des personnalités de l'opposition, des journalistes et des militants des droits humains ; l'évaluation, le suivi et l'application de décisions appropriées en vue de satisfaire, dans le meilleur délai, les principales revendications de la population, en particulier celles des professeurs, des policiers, des employés révoqués et des ouvriers de la sous-traitance. »

Les engagements

« ... nous partis politiques, regroupements de partis politiques, organisations populaires et organisations de la société civile participant à ce forum, nous engageons à continuer le dialogue, à travers les dix départements géographiques du pays, en vue de renforcer notre capacité à mener et à poursuivre victorieusement la lutte pour l'émergence, en Haïti, d'un Etat de droit et d'un Etat-nation ; de manifester notre opposition farouche aux pratiques arbitraires du pouvoir en place ; à reconnaitre au peuple haïtien le droit démocratique d'exiger souverainement et pacifiquement la fin anticipée du mandat de cinq ans confiés de tout président qui s'écarte des règles du jeu démocratique.»

Ils ont pris également l'engagement de rester unis pour continuer à accompagner le peuple haïtien dans ses justes et légitimes revendications et à travailler ensemble pour sortir le pays du bourbier et lancer de manière définitive et résolu le projet démocratique ; à encourager les différents secteurs nationaux dont les écoliers, les étudiants, les fonctionnaires, les professionnels, les ouvriers, les paysans, les chômeurs, les marchands, les commerçants, les protestants, les catholiques, les vodouisants, les musulmans à joindre leurs forces pour doter le pays d'un environnement, socio-économique et politique capable d'assurer un mieux-être à l'ensemble des collectivités nationales.

deuxieme-manifestation-cap-haitien-saul-gauthierSaul Gauthier Coordonnateur - Initiative CitoyenneNulle part dans le Manifeste du Cap-Haïtien, les leaders politiques et de la société civile n'ont exigé ouvertement le départ du président Martelly. « Mais les partis politiques et organisations de la société civile reconnaissent le droit à la population de manifester contre un président de la République qui ne respecte pas les normes démocratiques et viole les règles de l'Etat de droit », a souligné Serge Jean-Louis de la plateforme politique Libération.

Un événement historique, estime pour sa part l'un des principaux organisateurs de ce forum, Saul Gauthier, coordonateur l'Initiative citoyenne. Selon lui, dans le manifeste signé par l'ensemble des partis politiques, les revendications quotidiennes de la population sont structurées à travers ce manifeste. « Cela permettra d'avoir une opposition politique plus responsable et les revendications se feront de façon unitaire », a-t-il dit.

Selon Radio Kiskeya, parallèlement au rassemblement des organisations des partis politiques qui se réclament de l'opposition et à la veille d'une manifestation de rue, le ministre de la Justice et de sécurité publique se trouvait aussi dans la ville du Cap-Haitien. Selon Me Jean Renel Sanon, sa présence dans le Nord n'a rien à voir avec l'activité des partis politiques.

« Je suis là pour faire avancer l'appareil judiciaire, combattre la détention préventive prolongée... le 17 octobre ramène le 206e anniversaire de l'assassinât de Jean Jacques Dessalines, je profite de l'occasion pour venir au Cap-Haitien », a-t-il dit soulignant que le gouvernement est tolérant par rapport aux différentes manifestations de rue.

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste
Photo: Gerard Maxineau