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Encore une fois, Laurent Salvador Lamothe a assassiné l’empereur Jean Jacques Dessalines.

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Par Herns Mesamours --- La cérémonie traditionnelle commémorant l'assassinat de Jean Jacques Dessalines, Fondateur de notre Patrie, a été, cette année, écorchée par le Premier ministre haïtien. Désinvolte, il n'a pas jugé utile de porter la tenue prescrite en la circonstance. Alors que le président, le cabinet ministériel, les représentants des autres pouvoirs, les fonctionnaires se sont conformés aux prescrits du cérémonial, Laurent Lamothe portait avec ostentation et fierté une « guyabera » en lieu et place du complet blanc et cravate noire exigés en la circonstance.

Comme un enfant qui voulait jouer un mauvais tour à ses camarades, Lamothe riait, heureux de son espièglerie. Mais voilà, ce ne sont pas des affaires de petits copains dont il s'agit mais des affaires de la République. Il est difficile de comprendre un tel comportement. Quels sont les motifs d'un tel agissement ? A quoi riment tant de puérilités et de gamineries ? Un Premier ministre ne peut en faire à sa tête. L'Etat n'est pas une entreprise privée avec ses règles particulières émanant de son propriétaire.

Ce fut une offense grave et un manque de respect certain aux Aïeux, à la Nation, au Chef de l'Etat, à l'administration en général et à la fonction de Premier ministre.

La stupéfaction des uns et des autres a été à son comble en voyant le Président de la République serrer la main du Premier ministre en rupture de ban. Michel Martelly riait au lieu de lui demander simplement d'aller se conformer au protocole établi. Le Président Martelly n'a pas semblé comprendre que c'était une offense à sa propre personne, à son statut de Chef de l'Etat. Le Laurent Lamothe, l'ami et l'associé de Martelly dans la firme Global Voice, doit s'effacer devant les exigences de la fonction et doit se conformer aux règles et normes qui ne sont pas les siennes mais celles de l'Etat. Le temps de la camaraderie est révolu. Après avoir été renvoyé, il reprendra ses habitudes et continuera à jouer des tours à ses amis. Pour le moment, Premier ministre, il devrait avoir la posture d'un fonctionnaire de l'Etat nommé pour accomplir une mission et non être l'amuseur des uns et des autres.

L'offense au Président, premier citoyen du pays, est surtout une gifle infligée à toute la Nation qui, en ce jour du 17 octobre, avait une pensée spéciale pour Jean Jacques Dessalines qui, avec tous les autres Aïeux, a mené une guerre implacable pour délivrer nos ancêtres des griffes de l'esclavage et du colonialisme. C'est toujours avec solennité que se déroule cette cérémonie à la mémoire du forgeur de notre Nation. Solennité reflétée dans le protocole établi par le service concerné du ministère intéressé. Lamothe, personnage à la nationalité douteuse, voulait-il marquer son mépris à Dessalines qui a chassé les étrangers de notre terre ?

Ce fut une offense pour tous les participants à cette cérémonie qui, eux, se sont conformés aux prescrits du protocole. Ministres, députés, Sénateurs, fonctionnaires. Ce fut un mépris pour les fonctionnaires qui ont travaillé pour établir un protocole qu'ils pensaient être une tâche importante mais qui a été ravalé au stade d'un exercice inutile, dérisoire.

Le Premier ministre Lamothe a raté l'occasion de montrer que le cabinet ministériel est une entité homogène. Il a prouvé que dans son gouvernement chacun en fait à sa tête, que personne n'est obligé de se plier aux règles qui devaient prévaloir pour tous. Il n'a pas su donner l'exemple à ses ministres qui désormais ont le droit, eux aussi, à en faire à leur tête alors qu'ils sont des fonctionnaires comme Lamothe, astreints aux mêmes exigences et servitudes de leurs fonctions. Ce n'est pas en violant les règles que l'on fait preuve de créativité. Etre créatif c'est travailler pour mettre en place les bases qui permettront à notre pays d'aller de l'avant, c'est de trouver les formules originales qui peuvent sortir notre République de l'ornière dans laquelle elle s'est embourbée.

Quel exemple a-t-il donné à cette jeunesse confrontée chaque jour à la précarité, aux gangs, à la drogue, au visage grimaçant de la misère, cette jeunesse à qui il faut montrer à chaque minute les bénéfices des lois, des règles, des normes ? Chaque acte d'un gouvernement devrait avoir une portée pédagogique pour les gouvernés qu'il a la responsabilité de diriger et la jeunesse qu'il a la possibilité et l'opportunité de former par l'exemple pour que le pays puisse avoir des citoyens responsables, soucieux d'obéir aux règles et normes qui seules sont les garantes de la grandeur d'un pays. L'anarchie n'a jamais rien construit.

Les étrangers, qui nous observent, ne nous prendront jamais au sérieux. Chez eux, ils observent les prescrits, les règles, les normes, les traditions, ayant la conviction que les dérogations conduisent à la ruine. Une photo du président Reagan s'étalant sur deux pages d'un numéro de Paris Match a fait le tour du monde. Devant assister à une cérémonie le président, dans la photo, était assis sur un grand sofa de la maison blanche en compagnie de sa fille qui devait l'accompagner en la circonstance. En face d'eux, un membre du service du protocole, debout, leur expliquait les moindres gestes à faire et les attitudes à adopter durant l'événement. Ce qui frappait c'était l'attention soutenue avec laquelle le président et sa fille suivaient les explications du fonctionnaire. Le président de la plus grande nation du monde se pliait au protocole que lui expliquait un fonctionnaire de second rang. C'est cela la grandeur !

Plus près de nous, a circulé dans la capitale haïtienne l'histoire d'un « incident » au cours duquel le président Jean Claude Duvalier est sorti de ses appartements du palais avec un complet marron pour assister à une cérémonie. Le chef du protocole, Yves Masillon, lui a simplement demandé de se changer car la tenue marron ne seyait pas aux cérémonies officielles. Jean Claude Duvalier a aussitôt rebroussé chemin pour se conformer aux exigences du cérémonial rappelées par le chef du protocole.

Ce même chef du protocole avait renvoyé chez lui Guy Bauduy, ministre du gouvernement de Jean Claude Duvalier qui ne portait pas la tenue exigée par le protocole prévu en la circonstance. Bauduy savait qu'il ne pourrait défier le fonctionnaire chargé au respect des normes.

La femme du Président Magloire, accompagnant le chef de l'Etat, en visite dans une ville du pays, avait porté un chapeau pour assister à un Te-deum. La première dame a dû changer de couvre-chef quand le chef du protocole lui a expliqué qu'en la circonstance c'était la capeline qui était recommandée.

Certains diront : Quelle importance tout cela a-t-il ? C'est le respect de ces petits riens qui font les grandes nations. C'est le respect de ces détails qui aident à construire un moule dans lequel un pays se fond pour se diriger vers de hautes cimes. Ce n'est pas en défiant les règles qu'on fait preuve de personnalité et de caractère. C'est au contraire en s'y conformant. Le déclin continu de notre Nation est la résultante de ces négligences, de ces désinvoltures, de ce manque de rigueur qui font de notre pays un état failli.

Ce dicton emprunté des Américains doit être pour nous tous un sujet sérieux et permanent de réflexion : The devil is in the details.

Une autre Haïti est possible, ensemble construisons-la !

Herns Mesamours
Chicago, USA
(229) 364-8330

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