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Haiti-Observateur - Affaire Clifford Brandt: Les personnes soupçonnées sont sous haute surveillance
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- Publié le dimanche 25 novembre 2012 15:00
TANDIS QUE SE POURSUIT L'INSTRUCTION DE L'AFFAIRE BRANDT Les personnes soupçonnées sont sous haute surveillance
Par Léo Joseph
SOURCES COMBINÉES, 21 novembre — Le grand mystère qui semble entourer l'affaire Brandt ne devrait pas tarder à éclater au grand jour, car la gravité de la situation a jeté la panique au sein du gouvernement Martelly-Lamothe. Avec la présence des agents fédéraux sur le terrain, et qui ont accès aux informations relevées dans le cadre de l'instruction, les gens du pouvoir se retrouvent dans leurs petits souliers. Bien qu'il tente d'orienter la procédure en cours en confiant le dossier à un juge dont il est assuré de la loyauté, le président haïtien n'a quand mêmes pas les coudées franches pour agir à sa guise. Car il y a un hic : étant intervenus dans l'affaire dans un contexte de confusion générale, les agents américains ont déjà « trop vu et entendu » pour être tenus « en retrait » ou écartés tout bonnement. Bien que, de part et d'autre, on ait tout fait pour tenter de boucher fuites, les révélations faites antérieurement, par Haïti-Observateur, aussi bien que par d'autres média, a permis à tout un chacun de prendre connaissance de la manière dont fonctionnent les gangs criminels et le degré de pourrissement de la société haïtienne. En attendant que tout soit tiré au clair, il faut surveiller de près les moindres gestes de la présidence et de la primature.
À en croire des personnes proches des agents fédéraux évoluant en Haïti depuis déjà plus de quatre mois, la présidence haïtienne est comme désarçonnée par les faits qui ont été révélés jusqu'ici, y compris l'arrestation du chef de la brigade CAT qui assure la sécurité du Palais national. Mais, mieux encore : la révélation selon laquelle le propre fils du président serait un membre du réseau de Clifford Brandt enlève le sommeil au chef de l'État et plonge la famille présidentielle dans le désarroi. D'aucuns se demandent et insistent à savoir pourquoi le président Martelly s'est gardé de faire d'intervention publique afin de fixer sa position par rapport à la situation. Mais il est tout de même évident que, dans la réalité des choses, le président haïtien a tout à perdre et absolument rien à gagner à aborder le problème « en toute franchise ».
Bizarre attitude du président et du Premier ministre
La vie n'a pas été facile pour les hommes du pouvoir, ces deux dernières semaines. De puis l'éclatement de l'affaire Clifford Brandt, le président Martelly et le Premier ministre
Laurent Lamothe se retrouvent impliqués dans une sale et dangereuse affaire dont la découverte les a pris tous les deux de vitesse. Car les personnes dénoncées jusqu'ici comme faisant partie du réseau de Brandt ou de faire de « affaires » avec lui figurent également parmi les compagnons de beuverie de Sweet Mickey. Le groupe d'hommes d'affaires qui se réunissent avec lui après la fermeture du bureau de la présidence n'est composé que de proches amis de M. Martelly. Si Marc-Arthur Phébé, responsable de CAT Team, au Palais national, appréhendé consécutivement à l'arrestation de M. Brandt, est intimement lié au président de la République, d'autres personnes assimilées au groupe Brandt, et dont les noms seront divulgués prochainement, font partie de l'équipe qui aide le président Martelly à prendre des décisions importantes dans le cadre de sa gestion politique du pays. On peut avoir une idée de l'influence de ces individus sur Michel Martelly.
Quant à Phébé, c'est un cas à part. On rapporte qu'il est proche du président de la République, qui passait la nuit chez lui quand il se rendait dans le sud du pays. Au sujet du chef du CAT Team, le Ré - seau national de défense des droits humains (RNDDH), dans son rapport sur l'affaire Brandt, donne une idée du rôle rempli par Marc-Arthur Phébé dans le réseau de l'homme d'affaires. En sus de sa fonction de diriger les troupes responsables de la sécurité du Palais national, informe le RNDDH, il « est aussi responsable de la sécurité de la famille BRANDT ainsi que des usines. Il a sous ses ordres environ quatre vingt dix (90) employés parmi eux, quatre (4) policiers. Il reçoit un revenu mensuel de deux cent vingt mille (220 000) gourdes, soit un salaire supérieur à celui d'un ministre, pour un travail partiel ».
Une source proche de la PNH a précisé que Phébé a été admis à offrir ses services à Brandt « sur recommandation» du président lui-même. Dans ce cas, le rôle qu'il a joué auprès de l'organisation de Clifford Brandt ne serait autre qu'une extension de ses attributions au Palais national. De toute évidence, le chef du CAT Team n'aurait jamais été engagé à ce niveau chez Brandt sans la bénédiction de la présidence. Et si Marc-Arthur Phébé touchait un salaire égal aux émoluments d'un ministre dans un travail à temps partiel, qui d'autres parmi les gens évoluant dans l'orbite de la présidence touchait autant, sinon davantage ?
L'absence de Martelly et Lamothe du 209e anniversaire de la bataille de Vertière et l'affaire Brandt
D'aucuns se demandent pourquoi le président Martelly ainsi que son Premier ministre, Laurent Lamothe, sachant combien leur absence de la commémoration du 209e anniversaire de la bataille de Vertières allait soulever la colère du peuple haïtien, n'ont-ils pas renoncé à l'idée de s'absenter du pays ? Dans le cas de M. Martelly, il séjournera à l'étranger pendant au moins une semaine. La réponse à une telle question est donnée par un des membres de l'équipe d'enquêteurs fédéraux chargés de dossiers criminels en Haïti portant sur les questions financières.
Selon ce personnage, qui a également confirmé l'arrivée d'un nouveau groupe de policiers venus de corps municipaux des États-Unis, les numéros 1 et 2 de l'Exécutif haïtien tentent de jouer au chat et à la souris avec les agents fédéraux, qui cherchent à obtenir des décisions des dirigeants relatives aux personnes impliquées dans l'affaire Brandt « ainsi que dans d'autres activités illicites ».
Ces informateurs laissent croire que Martelly et Lamothe ont trouvé des excuses pour s'absenter du pays. Quant à M. Martelly lui même, il aurait pu opter pour participer seulement à certaines réunions sur son agenda afin de se retrouver à temps pour présider à la cérémonie traditionnelle autour de la fête de Vertières. Car le périple européen de M. Martelly l'amènera dans quatre pays du continent européen, soit l'Espagne, Belgique, France et Italie. À la rigueur, certains observateurs raisonnent qu'il aurait pu choisir un membre de son gouvernement pour le remplacer.
On se demande si MM. Martelly et Lamothe ne se sont pas dérobés afin de priver les agents fédéraux de latitude pour agir dans le cadre des pro chaines arrestations qui auraient été arrêtées. Les informateurs s'acharnent à tenir secrets les noms des personnes qui figurent sur cette fameuse liste.
En attendant que soient résolus les problèmes rencontrés jusqu'ici, les personnes prises pour cibles sont placées sous haute surveillance. Cette mesure a permis d'arrêter un ancien policier non encore identifié, et qui faisait partie du gang de Clifford Brand. Il s'apprêtait à fuir le pays, cette derrière fin de semaine, en traversant la frontière haïtiano-dominicaine où il aurait été appréhendé.
HAITI OBSERVATEUR