Actualités
Agression contre des journalistes L’ANMH proteste contre des velléités de rétablissement de la censure et de remise en question de certains acquis démocratiques
- Détails
- Catégorie : Actualités
- Publié le vendredi 15 février 2013 22:24
Communiqué menaçant la liberté de la presse, censure de méringues carnavalesques, exclusion de médias à un événement public, brutalités contre des journalistes
Note de protestation de l'Association Nationale des Médias Haitiens (ANMH)
L'ANMH proteste contre des velléités de rétablissement de la censure et de remise en question de certains acquis démocratiques
L'association nationale des médias haïtiens (Anmh) proteste énergiquement contre le communiqué musclé du ministre de la justice, Me Jean Renel Sanon, qui, le dimanche 10 février 2013, a menacé, de manière à peine voilée, d'imposer des restrictions à l'exercice de la liberté de la presse en Haïti.
Dans une claire tentative d'intimidation des professionnels des médias, le ministre assimile toute diffusion d'information non conforme aux vues de l'Exécutif à de la diffamation ou de l'incitation à la violence.
L'Anmh estime intolérable qu'un membre aussi influent du gouvernement Martelly-Lamothe, qui se targue de respecter l'État de droit démocratique, se réfère à des articles d'un décret-loi autoritaire et obsolète qui avait été pris, en juillet 1986, sous le gouvernement militaro-civil du Général Henry Namphy. Un acte antérieur à la Constitution de 1987 que le pouvoir a mis en avant comme dispositif de répression légale pour museler la presse.
A ce propos, il faut rappeler que la liberté de la presse est garantie par la Constitution en ses articles 28-1, 28-2 et 28-3.
En outre, l'Anmh dénonce l'incident qui s'est produit au bal des reines, tenu au Palais du Roi Henry 1er, à Sans-Souci, le samedi 9 février, lorsque plusieurs équipes de télévision - invitées par le comité du carnaval, dont Télé Caraïbes, Télé Métropole et Télé Superstar, toutes trois membres de l'association- ont dû, sous la contrainte, vider les lieux au profit de la Tnh.
L'exclusivité de la couverture d'un tel événement, réservée à la télévision d'État, est inadmissible compte tenu du caractère libre et national de cette soirée.
Au nom du droit à l'information du public, aucun pouvoir ne peut prendre sur lui de censurer la presse à l'occasion de la couverture des activités carnavalesques.
Par ailleurs, l'Anmh condamne les agressions tant verbales que physiques exercées par des policiers de l'unité de sécurité générale du Palais National (Usgpn) à l'encontre de deux journalistes, Watson Phanor et Edzer César de Radio RFM, dans l'exercice de leur profession au Cap-Haïtien où ils assuraient la couverture des festivités pour le compte de ladite station, également membre de l'association nationale des médias haïtiens.
Vivement préoccupée, face à ces multiples atteintes à la liberté de la presse et tentatives de mettre au pas les médias, l'Anmh en appelle à la vigilance patriotique des différents secteurs de la vie nationale et souligne à l'attention du gouvernement Martelly-Lamothe que le peuple haïtien reste profondément attaché aux valeurs démocratiques et aux conquêtes de l'État de droit depuis le rejet, en 1986, de la dictature et du règne de la pensée unique.
Liliane Pierre-Paul
Journaliste
Présidente de l'Anmh
A Lire Aussi:
- Deux journalistes haïtiens battus par la garde présidentielle de Michel Martelly au Cap Haitien
- « C’est la dictature » Carnaval 2013 : Boukman Eksperyans empeché par tous les moyens de défiler
- Haïti-Carnaval : Cartons rouges pour le gouvernement dans le défilé au Cap-Haitien
- La presse indépendante haitienne est menacée par le régime Martelly Lamothe
- Bâillonnement de la liberté d’expression en Haïti: « C’est moi qui ai personnellement décidé d’exclure les groupes du défilé carnavalesque », confirme Martelly Martelly
- Jean-Claude Duvalier must not be allowed to evade justice in Haiti