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Haiti – Corruption: Le directeur de l’ONA Bernard Degraff physiquement agressé et lâché par le ministre des affaires sociales

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Bernard Degraff devant la commission des Affaires sociales du Sénat

Alors que le directeur général de l'Office nationale d'assurances-vieillesses (ONA) avait annoncé en grande pompe qu'il était prêt à défendre sa gestion devant les sénateurs, la réalité a été tout autre ce lundi avec un Bernard Degraff empêtré.

C'est dans un Sénat de la République rempli de monde, des employés révoqués de l'ONA pour la plupart, que le directeur général de cette institution, Bernard Degraff accompagné de son ministre de tutelle Charles Jean-Jacques a répondu à l'invitation de la commission Affaires sociales du Grand corps ce lundi.

Les accusations de corruption faites à l'encontre du DG de l'Office nationale d'assurances-vieillesses sont légions. De la vague des révocations irrégulières et intempestives des employés à l'augmentation spectaculaire de son salaire, en passant par le dépôt de l'argent des assurés dans des banques autres que la Banque centrale et des dépenses faramineuses et somptueuses, le patron de l'ONA avait du mal à se défendre devant les sénateurs.

« Il revient au directeur général de s'expliquer sur sa gestion devant vous. Moi aussi j'aimerais entendre ses explications », a dit le ministre des Affaires sociales, Charles Jean-Jacques se lavant la main comme Ponce Pilate. De quoi dire que le DG a été lâché par son supérieur hiérarchique qui voulait lui-même sauver sa peau devant les pères conscrits visiblement offusqués. Aucune économie de mots ronflants. C'est le cas du sénateur Pierre Francky Exius qui a même exigé la démission du directeur général de l'ONA. « M. Degraff devrait rendre le tablier aujourd'hui même, a-t-il tempêté. Il a violé la loi organique de l'institution qu'il dirige, il a violé les lois du pays et a dupé l'Etat haïtien ». Le sénateur va jusqu'à réclamer « une investigation de l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) sur les biens de Bernard Degraff. »

De son côté, le numéro un de l'ONA n'a pas démenti les allégations portées contre lui. Il n'y a pas non plus acquiescé. Mais il a gardé le silence devant les sénateurs qui lui ont posé des questions à tue-tête. « Il n'y a aucune raison, honorables sénateurs, de vous déclarer la guerre. Je n'avais pas cette intention », a réagi Bernard Degraff, faisant allusion à ses déclarations faites la semaine dernière sur les ondes de Radio Vision 2000. M. Degraff avait déclaré qu'il est prêt à répondre à toute invitation du Sénat dans le cadre des reproches qui lui sont faites quant à la gestion de l'Office nationale d'assurances-vieillesses. Il avait même souhaité que cette séance soit publique afin d'extirper au su et au vu de tout le monde des « Kaka chat ». Une déclaration qui semble déranger les sénateurs. « M. Le Directeur, vous nous devez des explications aujourd'hui même. Que vous fassiez ces révélations sur un quelconque sénateur. L'ONA doit cesser d'être une vache à lait pour nos autorités », a fulminé le sénateur Mélius Hyppolite.

« C'est un droit constitutionnel que vous avez de chercher la vérité », a reconnu le patron de l'ONA, stressé, les yeux fixés sur son Ipad. « Votre temps de parole est limité. Allez droit au but en répondant directement aux questions des sénateurs », a rétorqué le président de la commission, Maxime Roumer qui a voulu mettre fin au discours dythirambique prononcé par le directeur général en guise de réponse aux différentes questions. Vous n'avez qu'à répondre directement aux questions",a-t-il ajouté d'un ton ferme.

Ce ne sont pas les sénateurs Francisco de La Cruz, Jocelerme Privert, Steven Benoît, François Lucas St-Vil, Anick François Josepph ou John Joël Joseph qui ne cadreront pas le directeur de l'ONA. « Vous faites de vous un véritable « Tonton macoute », un Lucifer en personne à l'ONA selon ce que des employés m'ont dit », déplore le sénateur John Joël Joseph, qui s'est fait porte-parole des employés révoqués présentant un long cahier de doléances. « Alors que votre prédécesseur touchait 124 000 gourdes, votre salaire mensuel est de 475 000 gourdes. Le salaire mensuel de votre chef de cabinet Jean Robert Simonise est de plus de 300 000 gourdes », a, entre autres, critiqué le sénateur de l'Ouest.

Glissant à froid sur les dossiers brulants,crâne rasée, vêtu d'un costume et d'une cravate de couleur berge et d'une chemise blanche, le DG de l'ONA n'a tenté de se défendre que sur un point : l'augmentation de son salaire et celui des autres cadres de l'institution. « On a recruté des cadres qui ont des compétences extraordinaires. Je pense qu'il était nécessaire d'ajuster leurs salaires, de bien les rémunérer. Il est tout aussi normal que mon salaire soit supérieur par rapport à ce que touchent mes collaborateurs », a expliqué Bernard Degraff qui avait toutes les peines du monde pour convaincre les sénateurs.

Insatisfaits des explications, les sénateurs prennent rendez-vous pour une réunion à l'extraordinaire pour décider de la suite à donner à cette séance de questionnement. Selon le président de la commission sénatoriale, il est nécessaire de prendre une résolution visant à sauvegarder l'Office nationale d'assurance-viellesses en péril, de sauvegarder l'Etat en général...

Les anciens employés n'ont pas chômé

Au terme de la séance de quelques heures, les employés révoqués, qui brandissaient des pancartes contenant des propos hostiles à M. Desgraff, n'ont pas donné carte blanche à leur ancien directeur. La situation déjà tendue à l'intérieur du Sénat allait dégénérer lorsque ce dernier allait quitter la salle des séances. Faute d'une planification efficace, Bernard Degraff a failli être giflé par des anciens employés qui n'ont pas caché leur colère et leurs frustrations. Les protestataires réclamaient l'arrestation du directeur général de l'Office national d'assurance-vieillesse. Ainsi, lundi après-midi, une vive tension régnait au Parlement qui était le haut lieu de manifestations avant que les agents de sécurité de cette institution reprennent le contrôle de la situation.

Source: Le Nouvelliste
Yvince Hilaire
Twitter:@yvincehilaire
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