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Affaire Jean Dominique : Aristide demeure-t-il un témoin disponible pour la justice ?

jean-dominique-reflexionL'ancien président Jean-Bertrand Aristide a été entendu à titre de témoin et non d'inculpé dans le cadre du dossier d'assassinat de Jean Dominique et de Jean Claude Louissaint, mais il peut toujours être cité à comparaître lors de l'éventuel procès.

C'est la réaction de Newton St Juste, l'un des avocats de Jean-Bertrand Aristide, dans une interview à AlterPresse, ce 29 janvier 2014.

St Juste récuse le témoignage d'Oriel Jean, ancien responsable de la sécurité au palais national, arguant qu'Aristide lui aurait demandé de contacter l'ancienne sénatrice Mirlande Libérus Pavert pour « faire taire Jean Dominique ».

Dans le rapport du juge Yvickel Dabrésil, Mirlande Libérus Pavert, ancienne parlementaire de la république, est désignée comme étant « l'auteure intellectuelle » du double meurtre du 3 avril 2000.

« En ce qui concerne Oriel Jean, le juge a reçu le témoignage de quelqu'un qui n'est pas crédible. Un trafiquant de drogues, repenti, qui fait office de dénonciateur dans plusieurs dossiers pour alléger sa peine, comme ce fut le cas lors de son incarcération aux États-Unis d'Amérique », explique St-Juste.

Toutefois, techniquement, au moment du déroulement du procès, les inculpés peuvent faire des dépositions qui exigent la comparution d'Aristide, reconnaît l'avocat.

« A ce moment, la justice doit faire son travail sereinement », prévient St Juste.

Juger Aristide et ses proches ?

9 proches du parti Fanmi Lavalas, - dont l'ancien maire adjoint de Port-au-Prince, Gabriel Harold Sévère, Annette Auguste (Sô Àn) et Frantz Camille (Franco Cadavre) - sont inculpés, dans le rapport de la chambre d'instruction criminelle de la Cour d'Appel de Port-au-Prince, sur le dossier du double assassinat du journaliste Jean Dominique et du gardien de sa station Radio Haïti Inter, Jean Claude Louissaint.

Cet acte judiciaire, rendu public en janvier 2014, est salué comme « une avancée significative » par des organisations de journalistes, de droits humains et Michèle Montas, épouse du feu journaliste.

Mais, depuis, le seul responsable connu de Sos Journaliste, Guyler Cius Delva, monte au créneau pour réclamer, de la justice haïtienne, l'inculpation de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide.

L'argument fort de Delva, conseiller du président Joseph Michel Martelly et ancien secrétaire d'État à la communication, dans le gouvernement de Laurent Salvador Lamothe, repose sur la déclaration d'Oriel Jean.

Guyler Cius Delva est-il crédible pour défendre la justice ?

« Guyler Cius Delva a dénaturé la lutte - que je reconnais qu'il a menée - pour le respect de la liberté de la presse et des droits des journalistes, estime Newton St Juste, avocat de Jean-Bertrand Aristide.

L'avocat St Juste pense « légitime de s'inquiéter d'une quelconque utilisation personnelle et politique du dossier par Delva, vu son accointance avec le pouvoir rose » et vu que les autres membres de cette Commission indépendante d'appui aux enquêtes relatives aux assassinats de journalistes (Ciapeaj) n'affichent aucune position publique.

Créée en 2007 et appuyée par le président René Garcia Préval, la Ciapeaj compte ou a compté 6 autres membres, qui sont Valéry Numa (Radio Vision 2000) ; Marie Nic Marcelin (ex Radio Ibo), Louis Gary Cyprien (section économie de Le Nouvelliste) ; Evrard St-Armand (ex-radio Caraïbes), Dieudonne Saincy (ex-Radio Métropole, actuel porte-parole du parti politique Inite) et Anne Marguerite Auguste (ex- Radio Solidarité, actuellement à la Télévision Nationale d'Haïti / Tnh).

Contacté par AlterPresse, Valéry Numa a rappelé qu'il a « démissionné, une semaine après la formation de la commission ».

Marie Nic Marcelin et Evrard St-Armand ne sont plus en Haïti, Dieudonne Saincy s'occupe plutôt de politique.

Delva confie à AlterPresse que la commission travaille, fait des missions.

Cependant, il ne veut pas mentionner, pour des raisons sécuritaires, qui, exactement, fait réellement partie de la structure.

« Une commission a une durée de vie. Elle ne peut être éternelle ».

« Notre mission officielle a été bouclée. Je ne peux pas parler de l'existence de la Ciapeaj, qui n'est pas active. Et, cependant, je me mets toujours disponible, si Delva a besoin d'un rappel sur un dossier ou autre », nuance Louis Gary Cyprien.

Pour le moment, l'opinion a les yeux rivés sur la Cour d'Appel de Port-au-Prince, qui doit publier un arrêt (ordonnance) pour que ce « procès exemplaire » puisse se tenir. [efd kft rc apr 29/01/2014 13:00]

Source: Alterpresse

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