Analyses & Opinions
La coquille et la coquille vide
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- Catégorie : Opinions
- Publié le samedi 14 juillet 2012 19:09
De nouveaux ministres, une flopée de secrétaires d'Etat, un directeur par-ci, un directeur adjoint par-là , un nouveau directeur général un peu partout. L’administration Lamothe s’installe dans les chaises de l’Etat.
C’est de bonne guerre de procéder à des remplacements. Aux Etats-Unis, c’est le système des dépouilles. La nouvelle équipe a droit à des postes. On remplace les sortants.
En Haïti, la valse des nominations s’accompagne de celle des transferts. Ou va de pair avec la charrette des révocations, de la mise au placard pour les anciens chefs.
Exit, ceux qui n’ont pas su changer de bord assez rapidement ou qui n’ont pas donné les résultats attendus. Ceux qui n’ont pas su se faire des amis bien placés, ceux qui n’ont pas tapé dans l’œil des recruteurs à la mode sont passés à la trappe. Sortez, les sortants.
Des fois séismes, des fois secousses, les changements dans l’administration déstabilisent ou revivifient. Le vent du changement est nécessaire, le tout est de bien mesurer chaque mouvement pour éviter l'effet boomerang.
Le cortège des nouveaux conseillers suivra. Souvent les arrivants découvrent effarés les chiches émoluments de leurs prédécesseurs et s’empressent de corriger la donne. Signe extérieur du changement, de nouvelles voitures sont commandées, les agents de sécurité changent avant que les salaires et les frais s’ajustent.
Quand on abandonne le privé ou une carrière à l’étranger, on veut bien servir l’Etat, oui, mais à un bon prix ! Au moins à un juste prix.
L’annonce ce mardi de la ministre des Finances que le 14e mois ne sera pas versé cette année et qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaires dans la fonction publique n’a pas dû plaire à grand-monde.
Cela dit, s’il est évident qu’il faut une nouvelle coquille pour faire éclore les idées nouvelles, s’il faut de nouveaux hommes et de nouvelles femmes pour incarner les ambitions neuves, il faut faire attention aux coquilles vides.
En Haïti, l’Etat et son bras naturel qu’est l’administration ont le génie des duplications ; des doublons. Des doublures. Sans faire exprès, en toute bonne foi, au cours des ans, nous avons enfanté des structures qui se recouvrent de poussière ou qui font le beurre de ceux qui nous estiment incapables de sortir le développement et la croissance économique de leur coquille.
Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste