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Sénateur Steven Benoit, sa green card et la Culture d'Exclusion
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- Publié le mardi 17 décembre 2013 23:58
Cette semaine, le sénateur Steven Benoit annonçait triomphalement à la radio comment la Loi Electorale de 2013 conçoit le principe de la résidence en Haïti comme condition de participation aux élections en vue d’occuper des postes électives. D’après lui, le sénat aurait renforcé ces lois en faisant obligation à tout postulant de s'acquitter de leurs redevances fiscales a temps, chaque année, au fil des années requises par la loi, soit environ de cinq ans pour un aspirant président. D’après Benoit, les paiements reçus après la période fixée par la DGI, même pour une seule année, est un motif de disqualification.
Cette loi vise à restreindre les abus que nous avions assistés lors des ratifications de Garry Conille et de Laurent Lamothe qui avaient choisi de payer leurs impôts en gros aux moments même de leurs nominations. Naturellement, nous savons que même sans cette loi, ni Gérard Latortue, ni Garry Conille, ni Laurent Lamothe n’auraient jamais dû être ratifiés légalement pour être premier ministre par le simple fait qu’ils n’avaient pas résidé en Haïti pendant le minimum de temps requis par les lois d’alors. Pourtant, ils avaient été ratifiés par nuls autres que les auteurs et signataires de cette Loi Electorale de 2013, dont Steven Benoit. Cela nous dit tout simplement que le problème n’a jamais été le cadre légal, mais le contexte politique.
Cela nous ramène à un point important qui peut concerner personnellement le sénateur Benoit, lui-même, et d’autres fonctionnaires du gouvernement. Puisque nous savons que Steven Benoit vivait aux Etats-Unis avant d'être sénateur, nous voulons savoir si oui ou non, sénateur Benoit détient une carte de résidence permanente aux Etats-Unis. Une carte de résidence permanente permet de résider dans un seul endroit. Si les lois Haïtiennes restent telles qu'elles sont, n'importe quel individu qui détiendrait des documents de résidence permanente dans un pays autre qu'Haïti et qui occupe une fonction exigeant la résidence en Haïti devrait remettre cette carte de résidence afin de continuer à occuper cette fonction.
Mais, cela ne suffirait pas. Dans le cas de Steven Benoit, il eut du le remettre, il y a environ 12 ans, c’est-à -dire, cinq ans avant son premier passage au parlement Haïtien. Par ailleurs, l'application de cette loi devrait être rétroactive, vu que cette loi était en vigueur au temps ou Benoit posait sa candidature comme député pour la première fois.
Une personne occupant, ou postulant a une fonction réclamant la résidence permanente en Haïti pendant x années aurait dû avoir à prouver qu'il ou elle avait retourné n’importe quelle carte de résidence dans une pays autre qu’Haïti x années avant l'occupation de cette fonction.
Il est du devoir de Steven Benoit de se présenter face à l’opinion publique pour rassurer le citoyen Haïtien qu’il n’avait pas violé la loi, ni ne s’était parjuré. Il est du devoir des citoyens Haïtiens d'Haïti et de la diaspora d'exiger des investigations afin de déterminer qui a violé ou qui continue à violer les lois de la résidence requise pour occuper certaines fonctions en Haïti.
Le sénateur Steven Benoit annonçait avec candeur comment il venait personnellement d'enterrer pour toujours les prétentions des Haïtiens de la diaspora Haïtienne de participer à la vie politique active du pays. Mine de rien, il a annonce sans ambages, par le biais de la loi électorale de 2013, comment la diaspora doit se dediasporiser afin de prétendre même a un poste de Casec en Haïti, ou, payer le prix.
Ne vous en faites pas que Steven Benoit n'a pas pu empêcher a Garry Conille ou Laurent Lamothe, et qu’il n'aurait jamais pu empêcher a l'ineffable Gérard Latortue de devenir premier ministre sur des bases légales, en dépit du fait que ces gens ne remplissaient visiblement pas le requis constitutionnels d'avoir résidé au moins 5 ans dans le pays au moment de leurs nominations. En voulant placer un crampon sur le comportement illégal de certains postulants dans le passé, les sénateurs n'ont pas résolu pour autant la question politique. Toujours le même nœud gordien se resserre quand les intérêts spéciaux en ont besoin: "Kontitisyion se papye, Baionet se fe"!
Maintenant, l'on voudrait bien poser une question simple à Steven Benoit: lequel des deux personnages suivant serait réellement un vrai sénateur Haïtien: 1. Un Haïtien naturalise qui a vécu a l'étranger, mais qui transfère tous ses intérêts en Haïti (bien, famille, résidence, profession) pour venir vivre et travailler en Haïti comme un "blan ki bliye peyi-li" et qui ne serait pas prêt à se jeter dans la première embarcation en partance pour l’étranger au premier crépitement en Haïti. 2. Un Haïtien, comme Steven Benoit, jamais naturalise à une autre nationalité, mais qui détient une carte de résidence d'un pays étranger ou sa famille vit. Et comme le disait Steven durant son interview, ce sénateur Haïtien doit voyager pour passer la fin d’année avec sa famille ; à l’étranger.
En réalité, la vie financière d'un individu, donc, ses intérêts intrinsèques, existe là ou sa famille vit.
Quel intérêt objectif aurait un politicien Haïtien à redresser l'enseignement en Haïti si ses enfants, ses neveux et nièces, les enfants de ses amis, les enfants de ceux qui ont de l'influence sur lui fréquentent les institutions scolaires mieux dotées dans un pays étranger? C'est ce phénomène étrange qui maintient nos communes dans l'atrophie permanente. Si les enfants du maire de La Vallée de Jacmel et ceux de ses amis ne fréquentent pas les écoles de La Vallée de Jacmel, mais ceux de Port-au-Prince, pourquoi le maire de La Vallée s'intéresserait-il à relever l'instruction dans sa commune?
C’est exactement l’aberration que décrit Roger Gaillard en mentionnant qu’au 19ieme siècle, début 20ieme siècle, des grands tenant du féodalisme terrien comme les Laroche ou les Augustes du Nord pouvaient rassembler assez de ressources financières pour envoyer leurs dix (10) enfants étudier en France alors qu’il n’existait virtuellement pas une école secondaire digne de ce nom au Cap-Haitien. Au 20ième siècle, les tenants du féodalisme terrien, comme les Philippe de la petite ville de Pestel peuvent envoyer plusieurs de leurs enfants étudier la médecine au Mexique alors que la ville de Pestel n’a, jusqu’ici, une école primaire digne de ce nom. Nous ne sommes pas en train de critiquer les décisions de ces parents en faveur de leurs enfants. Ce que nous critiquons ici, c’est le système féodal qui nous accable et qui atrophie notre pays et notre société.
Aujourd’hui, cette superstructure féodale nous enfonce encore plus bas dans la chaine du sous-développement et de l’atrophie. Les enfants de tous ces gens d’Haïti qui réalisent leurs revenus à partir des affaires entreprises en Haïti, qu’elles soient de la politique, de l’industrie de l’aide étrangère, du commerce, de l’industrie, ou des brassages divers, vont à l’école à l’étranger ; ils visitent leurs médecins en diaspora, se vêtissent en diaspora; vont en villégiature en diaspora ; dépensent la majeure partie de l’argent qu’ils collectent en Haïti en diaspora. Pendant ce temps, la diaspora demeure leurs ennemis. Que l’incrédule consulte les Haïtiens dans pages de facebook !
Encore plus étrange, c’est la diaspora Haïtienne que tout le monde tient à exclure qui essaie de briser ce cycle d’atrophie de ces régions de l’arrière-pays en y construisant des infrastructures ; des organisations régionales comme le CODEVA, ou la Fraternité Valléenne, qui ont créé l’Ecole Technique de la Vallée, rebâti les églises, érige les centres d’éducation primaire et secondaire dans des sections rurale telles, Mon-Boule, Mizak, Ridoré, etc… Comme toujours, les politiciens Haïtiens représentent les mains qui prennent de la diaspora, et jamais les mains qui partagent.
La carte de résidence permanente détenue par un officiel est un paramètre clé de l'équation nationale.
Si un seul Dieu existe en trois personnes, un être humain ne peut résider de façon permanente que dans une seule place à la fois. Il ne sera qu'un visiteur dans les autres places qu'il fréquente. En Haïti, nos politiciens détiennent des cartes de résidence à l'étranger pendant que la question de nationalité devient un fétiche qu'ils utilisent pour maintenir la diaspora Haïtienne en dehors des affaires d'Haïti. La question de résidence est la clé ici.
Pourquoi les sénateurs comme Stephen Benoit n’ont-ils pas mis en question la détention d'une carte de résidence comme la preuve matérielle de son lieu de résidence.
Le sénateur Benoit, parlant aux noms des autres parlementaires qui supportent cette loi, parlent de la question fiscale, non sur une base d'équité, ou de levée de revenus, mais comme une barrière contre les Haïtiens de l'étranger. Pendant ce temps, les recettes fiscales prélevées par le gouvernement Haïtien en Haïti ne représente pas plus de 25% des rémittences de la diaspora Haïtienne. Si l'on considère la valeur intrinsèque de ces rémittences par rapport à la contribution fiscale, toute cette masse d'argent de la diaspora constitue une somme astronomique de taxation sans représentation. Cette notion de taxation sans représentation nous oblige à faire face à la nature injuste de cette loi électorale vis-à -vis la diaspora. C'est une application totalement déviante de la loi ou des millions d'innocents paient pour les crimes des coupables qui ont, d'ailleurs payé les geôliers afin de s'évader.
Option nucléaire contre la diaspora
Par cette loi électorale 2013, les sénateurs ont appliqué l'option nucléaire a la diaspora Haïtienne alors qu'ils n'ont même pas levé le petit doigt pour demander un audit de ces $ 1.50 par transfert et 0.25 per appel téléphonique, ou ce fameux $150.00 d'impôts additionnes par le gouvernement aux coûts des billets d'avion et vers Haïti, cout qui est passé en entier à la diaspora Haïtienne. Sans oublier que chaque années, des appels sont faits à la diaspora pour venir subventionner les carnavals en série, les organisations régionales; ces subventions se font exactement aux bénéfices des officiels élus qui excluent la diaspora avec rage, aussitôt qu'ils empochent son argent !
Les organisations régionales bâtissent des écoles, des hôpitaux et centres de santé, procurent du matériel qui sont reçus ou inaugurés par les casecs, les maires, les députes, les sénateurs, les ministres, les présidents qui en profitent pour ajouter des lauriers à leurs capitaux politiques. Cependant, chaque amendement, chaque nouvelle loi, chaque commentaire, est un coup de massue sur la tête de la diaspora Haïtienne.
De "dénationalisation", a "dénaturalisation", en passant par l'exclusion pure et simple, la diaspora est aux abois. Combien de temps doit-on résider en Haïti pour n'être plus diaspora? Si on continue à détenir sa carte de résidence permanente aux Etats-Unis, par exemple, et qu'on voyage en Haïti pour travailler et toucher sa paie, mais qu'on se réfugie à l'étranger, et qu'on peut y rester indéfiniment, parce qu'on détient une carte de résidence permanente, ne serait-il pas égale à la naturalisation?
Les gens comme Steven Benoit, remplissent-il leurs obligations fiscales aux Etats-Unis?
Figurent-ils sur les formes de l'impôt sur le revenu de quelqu'un d'autre, une épouse, par exemple? Qui déclare leurs enfants aux instances fiscales officielles? Autant de questions qui mériteraient des réponses, non seulement en ce qui concerne sénateur Benoit, mais de tous les fonctionnaires tombant sous la loi de la résidence en Haïti qui détiennent des cartes de citoyenneté et de résidence permanente d'autres pays. Tel aurait du être la description du travail à effectuer par les différentes organisations Haïtiennes de la diaspora qui préfèrent se battre en eux pour quelque chose qui n'existe même pas: la chance de participer activement dans la vie socio-politique et économique Haïtienne. Mais vous savez, c'est devenu une partie de notre nature de nous battre sur les mirages plutôt que sur la terre ferme.
Les officiels du parlement et de l'exécutif qui détiennent des cartes de résidence permanentes des pays étrangers ne résident pas vraiment en Haïti. Ils résident là où le document de résidence permanente les oblige à vivre. Légalement, on ne peut pas résider dans deux places distinctes à la fois. On ne peut qu'être visiteur en dehors de son lieu de résidence.
Ainsi, avons-nous développé l'amère impression que les présidents, les premiers ministres, les sénateurs, les députes, tous ceux qui font et appliquent les lois en Haïti ne se préoccupent que d'eux-mêmes.
Mais la faute est à la diaspora.
Mais la faute est à la diaspora. La diaspora dispose assez de ressources pour faire basculer les votes. Comme la politique se fait partout, pourquoi les organisations de la diaspora ne poussent-elles pas les candidats qui défendront leurs intérêts collectifs au parlement ? La réponse est simple :
« Avant d’être de la Diaspora, nous avons été Haïtiens, et après avoir été de la Diaspora nous redeviendront Haïtiens. Comme font les Haïtiens pour toujours prisonniers de la superstructure féodale, chamaillons-nous sur les miettes. »
L. Sept
17 Decembre 2013
Source: Forum Tout Haiti
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