Analyses & Opinions

Peut-on laisser filer Laurent Lamothe comme une lettre à la poste ?

"La vie n'est faite que de choix à chaque étape du voyage!"

Après la démission officielle en ce dimanche du 14 Décembre 2014 du premier ministre Laurent Salvador Lamothe, l'heure est à la réflexion pour dresser son bilan et permettre à l'opposition de comprendre les enjeux afin que nul n'en ignore. Les plus grandes faiblesses de Laurent Lamothe sont sa naïveté, son esprit de fonceur qui voit les choses dans le sens unidirectionnel, son ambition démesurée de chef et la confiance aveugle placée en des dinosaures sur le terrain comme celui qui lui avait promis de le catapulter à la première magistrature suprême de l'état en sa résidence privée le 6 Mars 2012. L'échec de Laurent Lamothe n'est pas seulement celui des bandits légaux, mais bien de jeunes dynamiques, ambitieux et plein de rêves pour Haïti, et aussi de la diaspora. Depuis les premières heures du régime Tèt Kale, j'avais du mal à saisir la vision de Laurent Lamothe. En Mai 2013, j'ai fini par comprendre que le premier ministre ne voulait que faire du fric. Étant novice, il n'a pas su évaluer les risques d'un comportement d'aloufa. Laurent Lamothe s'est entouré d'un groupe de novices et de cancres qui n'arrive même pas à produire une note d'information correcte. Je les appelle « gwo van, ti lapli ». C'est ce groupe d'amateurs qui a sacrifié le premier ministre en le portant à se gonfler comme un bœuf, crapaud qu'il est.

La rencontre de Davos en 2013 a amplifié l'ambition démesurée de chef de Laurent Lamothe. Il se voyait déjà comme un grand du monde. Laurent Lamothe n'a pas compris qu'il est un petit nègre originaire d'Haïti qui sera toujours considéré comme un « pye poul nan sòs ». À dire vrai, je n'ai rien de personnel contre Laurent Lamothe, mais il fallait tout de même que quelqu'un qui maitrise les rudiments des affaires publiques et internationales, et des relations humaines fasse entendre la raison à Mr. Lamothe. Notre objectif aux premières heures de cette grande bataille n'était pas de sacrifier Lamothe et de s'opposer à lui par mesquinerie, mais c'était bien pour le porter à se redéfinir et perdurer sur le terrain haïtien. Le premier ministre n'arrive pas à se défaire du maquillage et saupoudrage politique, il confond propagande et réalité. Ce problème est dû par le fait qu'il n'a jamais été un gestionnaire réel d'une entreprise qui offrait des services réels où il fallait faire appel au bon sens et aux principes de la gestion. C'est un devoir comme futurologue d'investiguer les méfaits de Laurent Lamothe, ces trois ans au pouvoir afin de l'aider à comprendre ce qui lui est arrivé et envoyer un message clair à tous ces jeunes loups haïtiens qui voient en Lamothe un bon modèle, ce qu'il n'est pas en réalité.

Laurent Lamothe a sous estimé le poids de ses adversaires et en choisissant de les combattre à travers des cyberzombis, il s'est lui-même piégé. La phrase « Haïti is open for business » est le premier tombeur de Laurent Lamothe. Comment Mr. Lamothe croyait qu'il allait pouvoir inviter des étrangers à faire la compétition à des bourgeois répugnants, malpropres et inconscients qui n'ont aucun gout du beau, aucun sens patriotique sans se faire égorger ? Comment Mr. Lamothe croyait qu'il allait pouvoir accumuler tout ce fric en ce laps de temps sans se faire de gros ennemis dans un pays où les opportunités sont maigres ? Comment Mr. Lamothe croyait qu'il allait pouvoir changer les règles du jeu dans un pays où la corruption généralisée est la norme et où les flatteurs et jaloux pullulent comme des champignons ? Comment Mr Lamothe croyait qu'il allait gagotter l'argent du trésor public, les fonds Petrocaribe, FNE, d'appels internationaux et combattre en même temps les vieux loups du terroir qui vivent de la corruption ? Nous reconnaissons que Laurent Lamothe a eu le souci de s'entourer de certains conseillers économiques et gestionnaires qui ont un parcours irréprochable, mais quelle est l'utilité de ces gens quand la vision du P.M. est mafieuse. Je ne suis pas là que pour observer; j'analyse, j'étudie et je propose. Les intellectuels et professionnels rabougris haïtiens croient que le soleil se lève et se couche avec eux. Ils refusent de travailler en équipe. Laurent Lamothe, détenteur d'un MBA ne comprend pas encore que le bluff n'a jamais été productif. En tant que ministre de la planification, Laurent Lamothe ne connait rien en planification. Je suis sûr que Lamothe n'avait jamais entendu parler du concept d'«horizon scanning » avant. Nous nous ferons un devoir de conseiller le jeune fougueux Lamothe à se raviser s'il arrive à sortir vivant de la jungle haïtienne.

Dans sa lettre de démission, Mr. Lamothe a essayé de louer sa gestion de la primature et cité des chiffres comme des lots de lotterie. Nous savons à quel point les bandits légaux sont alorals. Le premier ministre sortirait grand s'il inviterait son successeur et ses détracteurs à réaliser un audit sur sa gestion afin de prouver ses prouesses. Laurent Lamothe aura compris que les lobbyistes ne sont pas toujours effectifs et infaillibles. Malgré le coup de pouce du président Bill Clinton, il a du déposer les clés. L'avenir politique de Laurent Lamothe est incertain. Le P.M. qui faisait semblant d'aimer Haïti doit investir les millions amassés dans le pays. Nous encourageons les patriotes conséquents à forcer la main à la Cour Supérieure des Comptes de manière à investiguer Laurent Lamothe sur toute la ligne. Nous devons tracer des exemples, une fois pour toute. Les problèmes complexes et compliqués, les mégas projets existent et ceux qui déboursent font appel à des gens qualifiés pour les exécuter. Nous devons comprendre dans quelle logique Laurent Lamothe a effectué des contrats de gré à gré, et pourquoi il n'a pas jugé bon d'intégrer les professionnels de la diaspora dans les projets d'envergure. Qu'est-ce qui s'est passé avec les 5 milliards de gourdes pour le cyclone Sandy ?

Demander à Laurent Lamothe de démissionner et le permettre de laisser le pays est un acte de haute trahison de la part du président Michel Martelly qui devra être surveillé de près et qui risque d'emprunter la même voie que Laurent Lamothe. Les dirigeants s'en foutent du peuple. Aujourd'hui, avec les caisses de l'état quasiment vides, les bandits légaux ne peuvent pas continuer à bambocher. Tout individu qui sera appelé à remplacer Lamothe aura de grandes difficultés pour faire avancer les choses, surtout que l'année 2015 sera une année d'élection générale, ce qui présage de grands tumultes. Compatriotes haïtiens, sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse (Jacques 4 v 9). Si les bandits légaux ont pu marcher sur la trace de leurs prédécesseurs, c'est que vous ne prenez pas conscience de votre état. Laurent Lamothe vient d'être ajouté à la liste des malandrins qui ont pillé les caisses de l'état et s'envoler vers d'autres cieux pour se la couler douce. Nous avançons vers une hécatombe si l'opposition croit qu'il va continuer à aborder les choses dans un esprit revanchard. Les malheureux et miséreux haïtiens sont les plus grands perdants dans cette saga. Qu'Haïti puisse renaitre de ses cendres !

Kerlens Tilus
12/14/2014
Photo Montage: mAxB!