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Le tour de malice de Martelly avec le président Hollande

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Leslie Péan, 21 mai 2015 --- Les puissances étrangères qui ont installé le comédien Michel Martelly à la présidence d’Haïti en ont eu pour leur argent. Ce dernier s’est à nouveau exhibé en public en affichant ses talents. Au lieu de discuter des contentieux dans les rapports franco-haïtiens dont celui de la « dette de l’indépendance Â», le président haïtien a préféré la voie des simulacres. Attitude typique de marronnage du politicien haïtien qui ne peut pas proposer de front les moyens concrets d’acquitter cette dette, comme par exemple la formation du capital humain sans lequel Haïti est condamnée.  En effet, le savoir est l’élément clé tout processus de développement

Martelly a fait ce qu’il sait faire : chanter. Il avait calculé son coup. Certains prétendent que le stand construit par un machokèt avec un écart irrégulier entre les marches se prêtait à faire tomber Hollande afin que Martelly le ramasse. Comme une feuille morte. Mais le président Hollande n’a fait que trébucher sur cette maudite marche et n’a pas perdu son équilibre. Martelly est donc revenu à la charge et a essayé de faire chanter le président français. Littéralement ! Mais il a échoué. Les actions de Martelly disaient en substance : « Vous m’avez mis là, la responsabilité vous incombe de m’aider ….. Â». Dans un esprit de bravade qui viole toutes les règles du protocole, Martelly s’est constitué le chauffeur de Hollande. Puis, sans la moindre retenue, il a déclaré : « Et maintenant que vais-je faire ? Â» Un cri du cÅ“ur, un aveu d’impuissance qui se voulait aussi un piège quand il passa le micro à son hôte.

Le tour de malice de Martelly n’a pas réussi avec le président Hollande. Il a choisi cette chanson de Gilbert Bécaud pour embarrasser le président français. Hollande, fin politique, n’a pas pu refuser le micro mais a évité l’embûche en entonnant seulement « Et maintenant, c’est le changement… Â», repassant le micro à notre troubadour. Martelly a été obligé de constater que les lendemains ne vont pas chanter. Haïti n’en finit pas de charrier cette malédiction de se faire diriger par les moins compétents de ses enfants qui croient pouvoir se jouer du reste du monde. Le choix de cette chanson n’est pas innocent. Si elle s’accorde musicalement à la vie de Martelly, elle est en complète dissonance avec la réalité haïtienne. Dans l’environnement de chaos et de commerce de la drogue avec les disparitions d’Evinx Daniel et de libération des criminels tels que Sonson la Familia, Haïti risque d’achever son parcours de combattant dans le supplice.

La chanson « Et maintenant Â» est le symbole remarquable d’un ordre normal décadent des choses que Martelly et sa bande de bandi légal veulent perpétuer en Haïti. L’innocence qu’a voulu présenter Martelly est pathétique. Il n’a pas pu aller au-delà de ce qu’exigeait la circonstance. Son message sur les lieux reflète sa formation intellectuelle comme son langage l’a toujours montré avec sureté. Le président haïtien n’a pas pu prendre pied face au président Hollande et il nous a narré une aventure qui n’a d’autre signification que celle à laquelle on devait s’attendre d’un Sweet Micky. La prestation du président Martelly a été piètre. Elle s’est terminée avec une fenêtre ouverte sur la vie intérieure de notre pays.

Martelly se noie dans sa solitude. En ne favorisant pas la tenue des élections pendant quatre ans, il a bloqué la vie politique et annihilé les institutions de la République seules capables de statuer sur la gestion passée des grands commis de l’État et de leur donner décharge. Ainsi Martelly s’est pris les pieds dans son propre filet. Il l’a dit lui-même avec ces derniers mots de la chanson : « Et maintenant, je n’ai vraiment plus rien. Â»

Leslie Pean
Historien - Economiste

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