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Quand les mouvements populaires ont le malheur de se replier sur eux-mêmes
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- Catégorie : Opinions
- Publié le samedi 21 novembre 2015 15:05
Par Leslie Péan, 21 novembre 2015 --- L’heure n’est pas à se renfermer sur soi. C’est le moment de l’ouverture et des rencontres. Les multiples aspects de la lutte contre les bandi legal exigent de se compléter réciproquement. Comme les manifestations de dizaines de milliers de personnes le démontrent dans les rues de la capitale en apportant les précisions nécessaires pour dénoncer le coup d’état électoral. Dans la lutte politique, il faut savoir distinguer entre stratégie et tactique. Quand on ne le fait pas, on fait des erreurs fatales et on rate l’objectif qu’on veut atteindre. Dans toute situation concrète, il existe une multitude de contradictions et, à chaque étape, il importe de déterminer laquelle est fondamentale, principale, secondaire, tertiaire, etc. L’analyse des contradictions est le b-a-ba de la lutte politique. Essentiellement, sur le plan stratégique, il faut se battre 1 contre 1O et sur le plan tactique il faut se battre 10 contre 1.
Cela signifie qu’à chaque conjoncture, il faut déterminer ce qui est fondamental et ce qui est principal. Dans la conjoncture actuelle, la contradiction fondamentale est que les élections du 25 octobre 2015 sont frauduleuses et non pas de savoir qui a gagné ces élections frauduleuses. L’opposition progressiste doit construire sur ce qui unit et pas sur ce qui divise. Cette approche est essentielle pour cimenter la mosaïque des courants politiques en lutte contre les bandi legal. L’intelligence et la générosité demandent de ne pas tomber dans le piège de la division. La contradiction fondamentale est de montrer que le CEP a commis des fraudes systématiques, que Jovenel Moïse est le bénéficiaire de ces fraudes et que le gouvernement Martelly est le responsable de cet état de choses. Tout ce qui peut aider dans cette voie est bienvenu.
C’est sur cette contradiction fondamentale qu’on peut réunir le plus grand nombre pour gagner la bataille démocratique. Dans notre pays où la communauté internationale fait la pluie et le beau temps avec la MINUSTAH, sans que les Haïtiens n’aient aucun mot à dire, toute brèche doit être exploitée. Au moment où cette dite communauté internationale prétend que les élections sont acceptables, et qu’il n’y aurait que quelques cas de fraudes isolés, le rapport de l’Institut brésilien IGARAPÉ est un pavé dans la mare. On ne saurait le sous-estimer et il faut en profiter au maximum. Surtout quand la grande presse internationale en donne écho et dit que les élections sont frauduleuses.
Il ne faut pas oublier que souvent quand on ne maitrise pas les moyens de communication, on peut avoir raison et perdre. C’est ce qui arrive aux mouvements populaires quand ils ont le malheur de se replier sur eux-mêmes. Il s’agit d’avoir raison et de gagner. Pour cela, il faut savoir faire des alliances, avoir la capacité de lâcher du lest sur ce qui n’est pas essentiel pour avancer dans la lutte démocratique. Pour toutes ces raisons, j’ai mis l’accent sur les deux choses fondamentales qui apportent de l’eau au moulin démocratique et progressiste.
Dans le texte « Les élections du 25 octobre et le changement en Haïti », j’ai donc écrit : « En effet, les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote (exit poll) par cet institut brésilien révèlent que seulement 6% des votants déclarent avoir choisi Jovenel Moïse, le candidat du gouvernement Martelly qui est sorti en tête du chapeau du CEP avec près du tiers des votes[i]. Comme un lapin du chapeau d’un magicien ! De plus, selon un article du Nuevo Herald rapportant les résultats des travaux de l’Institut brésilien IGARAPÉ, 90% des votants ont déclaré que les élections du 25 octobre étaient totalement frauduleuses[ii]. »
J’ai mis en caractère gras et en italique ces deux points que sont les « 6% des votants déclarent avoir choisi Jovenel Moïse » et les « 90% des votants ont déclaré que les élections du 25 octobre étaient totalement frauduleuses ». Tout le reste n’est pas pertinent à cette étape. La lutte continue. Un se divise en deux. Pour le moment, tous ceux qui sont affectés par la magouille électorale doivent faire front commun contre la bande à Martelly-Opont-Jovenel. Rien d’autre ! Toute autre approche conduit à la confusion et à la fragmentation.
Leslie Pean
Historien -Economiste
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