Analyses & Opinions
Sauvons Haïti
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- Catégorie : Opinions
- Publié le mercredi 3 février 2016 01:19
Peuple haïtien, citoyens et citoyennes !
Anglade Jerome --- Nous voici arrivés sans surprise à un tournant crucial et décisif de notre histoire de peuple, où la menace réelle de l’effondrement inévitable de l’état nation frappe à notre porte. Le chaos commence déjà à envahir nos rues à cause de la sommation des conséquences de nos inconséquences, de nos errements à répétition, de nos comportements apatrides et anti-progressistes; nous préférons satisfaire l’égo de nos bas-instincts qui se nourrit de la destruction de l’autre, de la haine, de la ruse, de l’intolérance, de l’arrogance et du rejet catégorique de ceux qui ne voient pas les choses sous le même angle que nous.
Avec le départ des Duvalier le 7 février 1986, nous nous sommes libérés de 29 années de dictature (Papa Doc & Baby Doc) laissant des souvenirs atroces d’un passé qui ne sera peut-être jamais cicatrisé, mais duquel nous avions une obligation historique de tirer les conséquences pour bâtir une Haiti meilleure. Malheureusement, au lieu de saisir l’opportunité d’un nouveau départ pour réconcilier la nation avec elle-même, nous avions opté pour la création d’un état fondé sur l’exclusion, la haine et la vengeance (Makout pa ladanl! Ref.: Article 291 de la Constitution de 1987, version non-amendée). De 7 février 1986 au 7 février 2016 fera exactement trente (30) ans. Oui, trente (30) années de tergiversations et de perturbations politiques, 30 ans qui sont à certains égards la durée d’une génération. Qu’avons-nous fait durant ces trente (30) dernières années? Nous avons eu 11 chefs d’état et 5 coups d’état! Du départ du Président Jean-Claude Duvalier en 1986 à Joseph Michel Martelly en 2016, qu’avons-nous fait de ces 30 ans? Qu’avons-nous réalisé?
Le bilan de cette génération d’hommes et de femmes de février 1986 à février 2016 est formé de passif, nous n’avons presque rien comme actif. De Février 1986 à février 2016, nous avons offert à Haiti le même menu tous les jours, un menu composé de: dénonciations, diffamations, mensonges, divisions, dilapidation des fonds publics, crimes, enrichissements illicites, appauvrissement, fausses promesses, violation des droits de la personne, injures, parjures, ruses, intolérances, arrogances, échecs etc. Un menu qui est indigeste et nocif. Pendant 30 ans nous avons cloué sou la croix l’avenir de tout un pays qui ne demande qu’une seule chose, que ses fils et ses filles comprennent la nécessite de prendre le temps de méditer sur notre drapeau, symbole de cette unité nationale: “L’Union fait la force” qui a conduit nos ancêtres aux prouesses des glorieuses pages de l’histoire de notre indépendance. Pendant 30 ans, nous avons évaporé le rêve d’une nation, hypothéqué l’avenir d’une jeunesse bourrée de talents, humilié un peuple qui n’aspire qu’à un mieux-être et qui n’exige que le minimum, qui est le “Primum vivere.” Aujourd’hui l’heure est grave, la bombe qui provoquera l’éclatement d’une guerre civile est déjà amorcée, le compte à rebours a commencé. Toutes les conditions sont réunies pour un éclatement social; tous les indicateurs sont au rouge, l’urgence de l’heure fait appel à la sagesse des uns et aux patriotismes des autres. Si nous ne sommes pas conscients qu’il faut nous tendre la main pour qu’ensemble nous puissions construire cette nouvelle Haiti dont nous rêvons tous, nous allons tous périr ensemble comme des idiots. Nous voici à un carrefour où nous devons faire ce sursaut patriotique pour sauver cette nation au bord de l’abîme.
J’adresse cette question cruciale et vitale aux dirigeants de mon pays. De Maryse Narcisse à Jean Charles Moise, de Jovenel Moise à Jude Celestin! Dites-moi, quelle logique il y-a-t-il à rester figer sur vos positions juste parce que chacun de vous croyez avoir raison, quand visiblement ça ne nous aide pas à avancer. Pourquoi cachez derrière l’orgueil pendant qu’un pays se meurt? Dites-moi futurs dirigeants de mon pays, quel genre de leader ou de dirigeant fait ça à son peuple? Quand vous êtes des leaders, et que vous aspirez à diriger, vous êtes aussi des sacrifiés. Oui, vous devez être prêt à vous sacrifier pour que votre pays puisse vivre. Vous avez tous contribué à la déchéance de notre mère patrie, soit directement ou indirectement dans ce chaos. Puisque l’échec est collectif, pourquoi ne pouvez-vous pas joindre vos mains pour apporter une solution collective et définitive à la crise? Ne pouvez-vous pas faire ce dépassement de soi, même avec un pays au bord de l’abîme, un pays pour lequel vous criez tous les jours haut et fort que vous aimez, et dans lequel vous promettez d’apporter des changements profonds? Inspirez-vous donc des leaders noirs du tiers-monde, surtout ceux qui ont contribué à l’avancement du panafricanisme, et qui ont marqué la vie de leur peuple. Inspirez-vous de la sagesse de Nelson Mandela qui a dédié toute sa vie pour libérer l’Afrique du Sud contre l’Apartheid, et réconcilié la nation avec elle-même. Laissez-vous guider par le patriotisme de Thomas Sankara qui a opéré des changements profonds au Bourkina Faso pendant son court passage à la tête du pays (4 Août 1983 au 15 Octobre 1987). Adoptez la vision de jerry Warlings qui a inauguré l’ère de l’industrialisation et de la modernisation du Gana. Soyez un model comme Patrice Lumumba qui est le héros de la libération du Congo contre la Belgique.
Et vous le G8, le G30, les acteurs politiques non-alignés et les secteurs organisés de la société civile, soyez ce fil conducteur qui facilitera la traversée de cette zone de turbulence périlleuse, ce fil qui ne brulera pas à la chaleur du moment et ne dilatera pas sous la haute pression de la situation. Et enfin, dirigeants et leaders de mon pays, si vous croyez vraiment aux changements que vous promettez au peuple haïtien, alors soyez vous-mêmes ce changement. Hissez-vous à la hauteur des grands que nous avons eus comme ancêtres, et soyez aussi des grands en posant des actes de grandeur. Soyez enfin de vrais leaders, ne restez pas à assister sans rien faire, faites passer les intérêts supérieurs de la nation avant vos intérêts personnels, afin que notre pays sorte de cette agonie. Appliquez donc notre devise: “L’Union fait la force” et rangeons-nous autour de notre drapeau, la tête altière et hauts les fronts et ensemble sauvons notre Haiti Chérie.
Anglade Jerome
Journaliste
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New York, le 1er Février 2016
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