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frantz-duvalLes Cayes, ce jeudi, le Cap-Haïtien, hier, et encore ce jeudi, ont connu des journées mouvementées. Manifestations, grève, sit-in, ces mots sortent du placard pour reprendre place dans le vocabulaire de l'actualité.

Le Cap-Haïtien et les Cayes, villes pro-Martelly par excellence, boudent, tapent timidement du pied. La présidence, le gouvernement n'ont pas su les rassurer ni assurer le service minimum, se plaignent-ils. Chaque grogne a ses racines, chaque ville, chaque groupe, ses raisons de se sentir délaissé, oublié, méprisé par un pouvoir nourri de leur sueur, de leur vote, de leur passion.

Au Cap-Haïtien, c'est un délégué départemental pas assez à l'écoute des bases et c'est une affaire foncière qui cristallisent les mécontentements et l'activisme du sénateur Jean-Charles, contempteur en chef. Aux Cayes, c'est l'insécurité débridée, les effractions du ministère de la Justice dans le tableau des juges, l'absence de projets concrets pour relever la ville martyre des manifestations pro-Martelly qui justifient une grève générale. Il y a aussi dans la balance tout le poids de l'ancien délégué départemental Gabriel Fortuné, porte-étendard des insatisfactions et dénonciateur des dérives.

Il est difficile de tirer les conclusions de ce qui se passe depuis quelque temps en province comme à la capitale. Décrypter les fines lettres d'une lente contestation sans leader, mais aux racines multiples, n'est pas aisé.

Il est cependant trop tôt pour craindre ou subodorer quoi que ce soit de fâcheux. Michel Martelly n'a pas encore deux ans au pouvoir. La Constitution lui garantit un mandat de cinq ans. Changer de cheval avant le terme constitutionnel coûte si cher. Et le pays le sait.

Cela dit, le pouvoir ne doit-il pas reconnaître ses fautes à défaut de les confesser ? S'atteler à rectifier le tir ? Se désembourber de ces multiples petites crises qu'il invente seul et dans lesquelles il se prélasse? Et surtout éviter les solutions qui transforment chaque faux pas en culbute?

Le ministre de la Communication, Ady Jean Gardy, a sorti une note ce jeudi officialisant l'incident qui a opposé le secrétaire d'Etat à la Communication, Joseph Guyler C. Delva, à des militants dans la soirée du 12 septembre 2012, la veille de la grève, à sa sortie d'une station de télévision aux Cayes.

Pour les journalistes sur place, la « tentative d'intimidation et d'agression » dénoncée par le ministre est survenue à cause d'une distribution d'argent pour apaiser les bases qui aurait mal tourné.

A la lecture de la note, on se demande de quelles poursuites menace le ministre. Et quelles sont ces « actions (qui) ne seront pas (ou plus) tolérées » ?

Des groupes politiques s'activent-ils ? Des machinations sont-elles en branle ? Le régime Martelly ne se tire-t-il pas trop souvent dans les pieds ? Antoine nan Gomier lui-même, célèbre devin, doit ne pas avoir de réponse précise à cet entrelacs de suppositions superfétatoires et concomitantes, comme dirait l'autre.

Frantz Duval
Twitter:@Frantzduval