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" Le trésor public n'a pas une gourde du Canada", a declaré la Ministre de l'economie du gouvernement Martelly Lamothe
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Trois jours après avoir déconseillé à ses ressortissants de visiter Haïti, le Canada annonce qu'il gèle tous ses fonds destinés aux nouveaux projets dans le pays. « Le Canada est très méchant », s'insurge la ministre de l'Economie, alors que le ministre des Affaires étrangères dit ne pas être au courant de cette décision.
« Allons-nous nous occuper de leurs problèmes pour toujours? Eux aussi doivent se prendre en main », a déclaré au journal La Presse le ministre canadien de la Coopération internationale, parlant d'Haïti. Julian Fantino a annoncé que l'Agence canadienne de développement international (ACDI) a mis les fonds destinés aux nouveaux projets en Haïti dans la glace, en attendant de déterminer une approche plus «efficace» qui permettrait aux Haïtiens «de se prendre en main ».
Une décision qui indigne les dirigeants haïtiens. « Je n'ai pas une gourde du gouvernement canadien dans mon budget ni à titre d'appui budgétaire, ni à titre de projets financés par des dons. Effectivement, l'ACDI finance certaines assistances techniques pour Haïti. Mais ces assistances sont assurées par des firmes canadiennes; aucune firme haïtienne n'en bénéficie », a martelé la ministre de l'Economie et des Finances. Marie Carmelle Jean-Marie a pris en exemple l'assistance technique fournie à la douane par une firme canadienne. « Ces fonds ne rentrent pas dans le Trésor public ni dans le secteur privé. Donc, s'ils jugent que les fonds de l'ACDI sont mal gérés, cela ne concerne en rien l'Etat haïtien. Ils doivent diligenter leur propre audit sur des firmes chez eux qui travaillent en Haïti... », a-t-elle déclaré vendredi matin sur Radio Magik 9.
Dans cette interview accordée au journal La Presse, Julian Fantino a indiqué que « depuis 2006, le Canada a versé environ 1 milliard de dollars à Haïti ». «Le fait est qu'Haïti est toujours en mauvais état. Et on va à côté, en République dominicaine, et les choses vont beaucoup mieux. Allons-nous continuer à faire la même chose de la même manière en Haïti? Je ne pense pas! Parce que nous n'obtenons pas le progrès auquel les Canadiens sont en droit de s'attendre », a-t-il déclaré.
Selon M. Fantino, les fonds destinés aux nouveaux projets pour Haïti ont donc été gelés en attendant de décider des prochaines étapes. Il a estimé que les Haïtiens pourraient et devraient maintenant en faire davantage pour bâtir leur propre avenir. Le ministre canadien de la Coopération internationale, qui a visité Haïti pour la première fois à la fin novembre, a déclaré : « Prenez la situation des déchets, par exemple. Le taux de chômage est très élevé en Haïti. Il y a des centaines de milliers d'hommes et de femmes très capables qui pourraient s'impliquer et nettoyer. Il y a des déchets partout! »
En revanche, il a souligné que son pays va continuer à financer certains programmes... Mais il n'y a pas de nouvelle initiative en ce moment, a-t-il dit.
Réagissant sur cette récente décision du Canada et sur le « Travel Warnings », Marie Carmelle Jean-Marie a estimé que c'est « très méchant de la part de ce pays ami qui dit vouloir aider. On fait des efforts, par exemple l'inauguration de l'hôtel Oasis, prochainement celle de Best Western, et c'est maintenant que le Canada déconseille à ses ressortissants de visiter Haïti. Comme si à chaque fois qu'on va se sortir de l'eau, il nous enfonce la tête un peu plus, nous empêchant de respirer... »
Intervenant vendredi matin à l'émission Panel Magik, le ministre haïtien des Affaires étrangères a indiqué qu'il n'était pas au courant de cette décision du Canada. « Nous n'avons pas encore cette information, ni officiellement, ni officieusement. Hier soir (jeudi soir), j'avais des conversations avec l'ambassadeur du Canada sur d'autres sujets, il ne m'en avait pas parlé. De toute façon, Haïti ne peut pas vivre indéfiniment de l'aide de la communauté internationale », a déclaré Pierre-Richard Casimir. Cependant, il a reconnu que les situations difficiles auxquelles fait face le pays le rendent dépendant par rapport à la communauté internationale.
« Sitôt reçue cette information, je vais l'analyser. Il doit y avoir un document officiel sur cela, je ne l'ai pas encore. Mais je vais me renseigner pour savoir quelle est la situation et savoir quelles sont les raisons de cette décision », a avancé le chancelier haïtien. Il a rappelé que lors de sa récente visite en Haïti, le ministre canadien de la Coopération internationale, Julian Fantino, avait exprimé ses satisfactions sur les échanges et « on s'était mis d'accord sur la nécessité d'aller de l'avant sur un ensemble de choses... », a-t-il rappelé.
Clément Bélizaire, responsable du projet 16/6 visant à reloger les sinistrés qui se sont refugiés au Champ de Mars après le séisme du 12 janvier 2010, financé par le gouvernement canadien, a fait savoir au Nouvelliste que cette décision du Canada ne concernait pas le programme qu'il dirige. « Le projet 16/6 fonctionne normalement. Nous n'avons fait aucune demande de nouveaux fonds. Tous les indicateurs montrent que le programme marche très bien... », a-t-il dit.
L'ancienne gouverneure générale, Michaëlle Jean, a dit espérer que la décision de l'ACDI de geler les fonds destinés aux nouveaux projets en Haïti ne sera que temporaire. Tout en reconnaissant que les pays donateurs doivent repenser la manière de distribuer l'argent pour être plus efficace, l'envoyée spéciale de l'UNESCO en Haïti s'inquiète des conséquences de cette décision.
Dans une note de protestation, le gouvernement haïtien a estimé que les avertissements du Canada, déconseillant à ses ressortissants de visiter Haïti, « sont incompatibles avec les progrès constatés sur le terrain et sont définitivement préjudiciables à l'image du pays à un moment où l'administration Martelly/Lamothe conjugue tous ses efforts pour remettre Haïti sur la carte internationale. »
Selon plus d'un, après les dernières déclarations du ministre canadien de la Coopération internationale, Julian Fantino, et la décision de son pays de geler ses fonds destinés à Haïti, les dirigeants doivent comprendre que les Etats n'ont pas vraiment d'amis.
Robenson Geffrard,
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