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Quand l’Etat affaiblit l’EDH

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Le trésor public dépense plus de 200 millions de dollars l'an pour subventionner la production d'électricité dans le pays. Alors que plus de 2/3 de la population haïtienne n'ont pas accès au courant électrique après 209 ans d'indépendance.

Un peu plus de 90 mégawats d'électricité sont disponibles sur le réseau pour la zone métropolitaine. L'énergie fournit par E Power et Sogener est aussi comptabilisée ainsi que la Centrale Chavez à Côte Plage. La Centrale de Carrefour ne fonctionne pas à cause de carburant. Elle aurait pu augmenter la production électrique de 18 mégawats. Mais ce n'est apparemment pas la priorité de l'heure.

La production

La seule compagnie publique d'électricité n'arrive pas à fournir la quantité d'énergie nécessaire pour satisfaire la demande populaire. Sa couverture de dépasse pas un tiers du territoire national. Mais déjà pour cette faible quantité d'électricité, le contribuable fait des débours énormes. Depuis près de huit ans, le trésor public finance l'EDH à hauteur de 200 millions de dollars par an. Une situation qui endommage l'institution.

« Cette stratégie visant à subventionner la production est un gaspillage », commente le secrétaire général du syndicat. Très agacé, Jean Nathan Aristile qualifie d'extrêmement difficile la situation de la compagnie publique d'électricité. Pour acheter de l'énergie des trois fournisseurs privés, EDH dépense environ 12 millions de dollars le mois. Sogener est installée à Varreux, dans les locaux même de la compagnie. Haitian Tractor intervient sur les circuits de Petit-Goâve et des Cayes. Seulement E-Power comme fournisseur jouit d'une certaine indépendance.

Le constat est alarmant. La stratégie mise en place par l'EDH lui permet de rentrer seulement 1.5 millions de gourdes (37 mille dollars us). Le déficit est énorme. Donc c'est une production à perte totale. Car la demande d'énergie est de plus en plus élevée. Et la compagnie ne peut pas la satisfaire pour plusieurs raisons.

Il y a d'abord des paramètres liés à l'explosion démographique, le développement des bidonvilles et la ruralisation. Parallèlement les fraudes à la fois commerciale et industrielle enregistrées sur le réseau. Pour le secrétaire général du syndicat, cet investissement dans la production ruine la compagnie nationale. « L'Etat devrait réparer les centrales, changer les équipements avec cet argent. Un tel choix serait beaucoup plus rentable pour le pays ».

La commercialisation

Achetée à prix d'or, cette énergie est revendue à la population par kw/h. La méthode utilisée par l'institution contient des failles à divers niveaux. Donc le recouvrement ne permet d'atteindre les dépenses effectuées pour l'achat de production d'énergie. La FESTRED juge très mauvaise l'approche adoptée par l'Etat depuis plus de huit ans. Elle opte plutôt pour une subvention de la clientèle. Cela permettra de changer le modèle de commercialisation.

En effet, Jean Nathan Aristile recommande une politique intensive de distribution de compteurs notamment dans les zones défavorisées. Pour le moment, le client paie trois mille gourdes pour l'installation électrique. Ce montant couvre l'achat du compteur mais aussi un câble d'une longueur de 40 pieds. Mais les demandes ne sont pas honorées rapidement. Pour renverser la situation qui impacte sur les recettes de l'institution, Aristile réclame une subvention du prix de la demande.

Les conditions de travail

L'EDH compte plus de 2500 employés notamment des contractuels. Un ingénieur de troisième catégorie touche entre 25 et 30 mille gourdes. Dénonçant une bureaucratie irrationnelle datant de plus de cinq ans, Jean Nathan Aristile évoque une pratique de népotisme et de clientélisme sous l'ancienne administration. « Les salaires ne correspondent pas au niveau académique des cadres de l'institution. Il fallait une accointance politique pour bénéficier d'une couverture d'assurance ».

Avec Dukens Raphael, un syndicaliste, comme deuxième personnage de l'institution, cela facilite les discussions, reconnait le secrétaire général de la FESTRED dans cet entretien au Journal. Mais, pour Aristile, le combat n'est pas terminé. Evoquant la disparition récente du fonds de pension des employés, il appelle à lutter contre la corruption. N'ayant pas le montant exact des fonds, il déclare que plus de trois millions de gourdes et 500 mille dollars us auraient disparu. Alors qu'une seule personne est en détention pour le moment. « Où sont passés les éventuels complices », se demande-t-il.

Plan de redressement

Cet achat de production des compagnies privées ne peut pas résoudre le problème. Le syndicaliste plaide de préférence pour une réelle politique d'investissement dans le secteur. Montrant une bonne compréhension de la situation, l'ingénieur Aristile donne ces précisions. « Ces 200 millions pourraient servir à la réparation des centrales disponibles. Une autre partie servirait à la construction d'une centrale d'une capacité de 170 mégawats sur une année ».

Un tel investissement serait le début d'une grande amélioration dans la production électrique de la compagnie quadragénaire. Car à travers la mise en œuvre de son Plan d'Action 2012-2013, le syndicat a proposé une stratégie de redressement de l'institution sur 25 ans. L'implication des techniciens de l'ED'H dans toutes les décisions liant son avenir et un plus grand accès aux compteurs à la population.

La direction générale a défini ses priorités dans la même perspective. Cette démarche vise à mieux servir sa clientèle et rendre plus fiable le réseau. Depuis quelque temps une opération de réparation et de réhabilitation s'effectue sur le réseau de l'aire métropolitaine. Des équipes techniques sont remarquées un peu partout. Elles travaillent sur l'équilibrage des circuits pour les rendre plus performants.

Eddy-Jackson Alexis
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Source: Le Matin

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