Economie

Aéroport à l'Île-à-Vache......c'est malsain

Serait-il pratique de construire un aéroport international  sur cette petite ile de 10 miles de long par 2 miles de large en majorité marécageuse et montagneuse? 

Chère Emmanuelle,

 Si vous étiez en train de suivre les débats tout au début, vous auriez remarqué que les internautes qui ont présenté leurs opinions et les faits, comme ils les perçoivent sur ce sujet,  n'ont pas tout simplement critique. Ces différents intervenants ont, dans la vaste majorité, Ã©valué, critiqué,  et offert des propositions.

Ces débats qui semblent se centrer autour du projet touristique de l'Ile-a-Vache n'ont pas commencé par des discussions sur le tourisme, il ont débuté avec l'annonce par les chefs exécutifs du pays, président Michel Martelly, Premier Ministre Laurent Lamothe, la ministre du tourisme, Stéphanie Balmir, le député de l'Ile-a-Vache/Cayes, et d'autres officiels de haut niveau du gouvernement, de la Construction d'un aéroport international sur l'Ile-a-Vache, dans le contexte d'un projet touristique pour cette petite ile adjacente. Jusqu'ici, aucun intérêt privé, société publique, mixte ou privée n'est mentionné jusqu'ici. D'après les officiels du gouvernement, ce projet coutera 230 millions de dollars.

 Le projet touristique, n'a pas été directement critiqué en soi. Tout le monde semble être en accord que la réalisation d'un tel projet est intéressant. Cependant, l'annonce de la construction d'un aéroport international sur l'Ile-a-Vache, même dans le cadre de ce projet touristique, a soulevé bien des débats, dont voici les points saillants:

 1. D'où viendraient les fonds pour la construction de cet aéroport? Puisque le gouvernement a annoncé ce projet, il est équitable de lui en accorder la paternité et le financement. Nous savons déjà que plus de 200 millions de dollars ont été déboursé dans le cadre de cette aventure touristique dont 40 millions à Jacmel, 44 millions dans cette charade de tourisme culturel dont nous avions assisté une scène comique à la Citadelle, 88 millions pour le grands Nord...  D'où viendraient ces 230 millions de dollars pour l'Ile-a-Vache?

 2. Serait-il pratique de construire un aéroport international  sur cette petite ile de 10 miles de long par 2 miles de large en majorité marécageuse et montagneuse?

 3. Si l'état Haïtien veut financer la construction d'un nouveau aéroport, plutôt que de créer une caricature d'aéroport comme il en existe à Port-au-Prince, au Cap, au Cayes, a Jacmel, pourquoi ne pas utiliser l'argent pour totalement réaménager l'aéroport des cayes pour en faire un port aérien sérieux, non seulement desservant toute la région du Sud-ouest du pays, mais aussi offrant des aménités modernes?

 3. Si l'on crée un aéroport exclusivement pour un projet touristique à l'Ile-a-Vache, et que ce projet faillit, que deviendrait-il de cet aéroport? Ce serait certainement une catastrophe financière de premier ordre pour un pays aussi pauvre que le nôtre, car cet aéroport deviendrait totalement inutile et serait probablement abandonné.

 4. Un tourisme basé sur la ségrégation est socialement malsain,  politiquement dangereux, économiquement myope. Ainsi, certains internautes ont-ils présenté des propositions unificatrices: créer un aéroport de belle facture dans la ville des Cayes, et faire atterrir le touriste dans la métropole du Sud et le transporter par autobus et par bateau vers les stations balnéaires de l'Ile-a-Vache. Ainsi, la ville des Cayes en profiterait. Les mariniers de la région en profiteraient. La population générale en profiterait. Le touriste aurait l'occasion de se mêler à la population s'il le désire. Par ailleurs, un tourisme non cloitré ouvrirait également d'immenses possibilistes aux touristes locaux, Haïtiens du reste du pays et de la diaspora. Car lorsqu'un Haïtien voyage vers Haiti, il voudra profiter de l'occasion pour renouer avec son pays et son peuple, même quand sa destination serait une station balnéaire a l'Ile-a-Vache.

 4. Tout comme vous l'avez proposé ici, la transparence est le meilleur poids et contrepoids, ce que l'on appellerait "contrôle de qualité", "value engineering" des projets. A moins qu'il existe certains aspects inavouables dans ce projet. Malheureusement, c'est ce qui arrive souvent chez nous. Mais les éléments inavouables et inavoués des projets sont toujours le germe de douleur et même de destruction.

 Face à cette question de manque de transparence, nous avions essayé d'établir les relations entre certaines positions récentes de différents acteurs et nous avions lancé des hypothèses.

a. Les pressions exercées sur le gouvernement Haïtien par l'ACDI, l'agence Canadienne de Développement Internationale organe de gestion de l'aide à Haiti, qui, par le biais de son directeur, Julian Fantino, avait tenu des mots peu favorables envers Haiti a un moment ou ce n'était pas nécessaires. En fait, au moment où le Canada plaçait ses avertissements sur Haiti, le pays était relativement stable. Cela n'empêchait pas les financiers canadiens de remplir les vols vers Haiti. C'était un signe clair que des négociations vigoureuses sur un point crucial était a l'Å“uvre. En ce temps-là, on pensait qu'il s'agissait seulement de l'exploitation aurifère. Mais apparemment, une mainmise sur l'Ile-a-vache serait un enjeu majeur, car le Canada est un pays du Nord qui ne contrôle aucun territoire dans la zone tropicale. Peut-être qu'ils veulent commencer par l'Ile-a-Vache, une destination exclusive gardée par ces casernes maritimes qu’ils viennent de construire aux Cayes!

 b. Le fait que le gouvernement Haïtien au budget si restreint annonce un projet de 230 millions de dollars nous indique qu'il n'est pas seul dans cette aventure. Il n'y aurait aucun problème à inviter des investisseurs. Cependant, nous savons que des entités financières puissantes ont développé l'habitude d'inciter le gouvernement Haïtien de s'embarquer dans des projets mal dirigés sous prétexte qu'elles y investiront. Mais en fait, ces puissantes entités financières, supportées par des puissants gouvernements étrangers, n'investissent pas vraiment dans les affaires Haïtiennes. Ce qu'elles font, c'est d'y injecter des fonds sous formes d’EMPRUNTS GARANTIS PAR LE GOUVERNEMENT HAITIEN. Ces emprunts peuvent aller au-delà même du taux de 25%. C'est une façon à ces entités financières d'être gagnantes à tout prix. 

 Le peu de dividende que ces entreprises rapportent sont siphonnes par eux, faisant quelques riches individus parmi les élites Haïtiennes, et laissant le pays Haïtien exsangue. C'est le genre de triangle malsain qui existe entre la Banque Mondiale (par le biais de la SFI), les compagnies de génération électrique (comme la E-Power), et le peuple Haïtien (par le biais de l'EDH). Dans le cas de E-Power, de riches hommes d'affaires Haïtiens racontent comment ils ont vendu leurs maisons pour investir en Haiti, mais ils ne mentionnent pas que 75% des sommes investis dans cette entreprise sont des emprunts de la Banque mondiale garantis par l'Etat Haiti au taux de 22%. Donc, que E-Power perd ou gagne de l'argent, le gouvernement Haïtien paie la Banque Mondiale. C'est un modèle a éviter a tout prix. 

 c. Pas trop longtemps, les propagandistes du gouvernement saturaient l'espace virtuel en nous offrant des activités touristiques préventives  Forfait Air Transat liées au tourisme canadien en Haiti. Si le gouvernement entend faire d'Haiti une destination de tourisme sexuel, nous résistons à cette idée pour plusieurs raison.

 1. C'est immoral et une violation des règles d'éthique.

 2. Dans le contexte du tourisme sexuel, notre pays peuple de noir ne serait même pas un bordel, mais une place d'abus. Rien que les images du jeune homme de Port-Salut ou les mésaventures de nos enfants dans les orphelinats opérés par des étrangers nous donne une idée de ce qui pourrait arriver.

 3. Apres la SIDA (résultat du tourisme sexuel en catimini des années 1970's), le choléra, et d'autres afflictions que nous ne connaissons probablement pas ce qui incube chez nous. Nous n'avons besoin rien de plus.

 Nous ne pouvons pas assister sans dire mot à la création de ce genre d'enclave chez nous.

 Dans le cas particulier de cet aéroport sur l'Ile-a-Vache, les approches des internautes ont été rationnelles, à notre humble avis. En fait, la majorité des intervenants ont offerts des propositions rationnelles sur les forums, y compris ton appel à plus de transparence, Emmanuelle.

 L. Sept
5 September 2013

Source: Tout Haiti Forum,

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